Dakar — Une mission technique de la Banque mondiale a séjourné de lundi à vendredi à Dakar, en vue de l'amélioration de la formation des professionnels de la comptabilité et la validation d'un programme de formation débouchant sur l'obtention du certificat comptable et financier, a constaté l'APS.
Les exports de l'institution financière internationale sont venus soutenir "une nouvelle approche pédagogique qui privilégie la formation financière et vise à augmenter le nombre de techniciens comptables qualifiés et opérationnels [...] pour servir les secteurs public et privé", explique l'Ordre national des experts comptables et des comptables agréés du Sénégal (ONECCA).
L'ONECCA et le Programme d'amélioration des compétences fondamentales en comptabilité et en gestion financière (FASE), une initiative de la Banque mondiale, ont tenu un atelier de validation des modules de formation en comptabilité et finance, à la fin du séjour au Sénégal de la mission de l'institution financière.
Ce programme, au financement duquel contribue le gouvernement autrichien, concerne cinq pays d'Afrique : le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie.
Son but est d"'augmenter le nombre de techniciens comptables qualifiés en Afrique pour servir dans les secteurs privé et public", affirme l'ONECCA dans un document dont l'APS a obtenu une copie.
"Beaucoup de certificats comptables et financiers sont délivrés au Sénégal, mais l'originalité du certificat décerné dans le cadre du programme FASE a son caractère pratique. Nous formons des comptables déjà insérés dans la vie professionnelle, mais aussi des étudiants diplômés..." a souligné Amadou Arame Diagne, un membre de l'ONECCA et du comité directeur du FASE.
Une formation d'une durée de neuf mois - trois mois consacrés à des modules théoriques et six mois pour des modules pratiques - est dispensée au Sénégal, dans le cadre de la collaboration de l'ONECCA avec la Banque mondiale.
Le but de cette formation est de "rendre les bénéficiaires directement opérationnels" et d'améliorer les contenus enseignés.
"Nous avons constaté un déphasage entre la théorie et la pratique. Chaque fois que nous recevons des stagiaires dans nos cabinets, nous nous rendons compte qu'il y a un gap entre ce qu'on leur apprend dans les écoles et la pratique du métier de comptable", a constaté M. Diagne.
Edouard Al-Dahdah, économiste en chef pour la Banque mondiale en Afrique de l'Ouest, a insisté sur l'importance du programme d'amélioration des compétences - celui dont bénéficient cinq pays africains - en termes d'employabilité pour les jeunes diplômés. "Je voudrais surtout insister sur l'aspect [...] économique de ce programme pour le Sénégal, non seulement en termes d'emploi pour les jeunes diplômés, mais aussi pour les petites et moyennes entreprises, qui représentent 97 % de l'économie", a-t-il souligné.
Selon le fonctionnaire de la Banque mondiale, les PME n'ont accès qu'à 9 % des emprunts bancaires, parce que la plupart d'entre elles ne tiennent pas de livre de comptabilité, un outil indispensable pour les prêts bancaires.
La collaboration de l'institution financière internationale avec l'ONECCA est d'autant plus importante que "la profession comptable est confrontée à d'énormes mutations liées à la digitalisation et aux enjeux de l'Internet", soulignent l'ordre des experts comptables.