Cette deuxième semaine des Jeux des îles se résume, pour notre pays, à une moisson de médailles d'or, qui donne aux dirigeants l'impression d'avoir atteint l'objectif fixé. La tragédie qui a endeuillé la cérémonie d'ouverture semble avoir été oubliée et c'est maintenant la joie de voir la domination de nos athlètes dans de nombreuses disciplines qui l'emporte. Madagascar continue sa course en tête dans ces jeux et on devine quel bénéfice en tirera le pouvoir à l'approche des élections.
Cela n'empêche cependant pas les hommes politiques de rester toujours aussi actifs. De nombreux candidats à l'élection présidentielle se sont déjà déclarés et ont déposé leur dossier à la HCC. Ils continuent leurs interpellations à l'encontre du pouvoir. Un certain nombre d'entre eux ont signé un communiqué où ils disent être contre la candidature du chef de l'État actuel. Le problème de sa naturalisation reste toujours le point d'achoppement évoqué par eux. L'arrêt de la HCC n'a pas mis fin aux contestations.
La ministre de la justice a décidé d'intervenir longuement à la télévision nationale pour apporter des explications sur le code de la nationalité. L'opposante Fanirisoa Erinaivo n'entend pas en rester là et attend de voir quel sort sera réservé à la convocation du président de la république à la TPI, le 6 septembre prochain. Le FFKM, conscient de la tension régnant actuellement, a organisé sa réunion nationale pour aplanir les nombreuses difficultés entachant la préparation des élections. Tous les partis politiques y étaient représentés et la démarche d'apaisement des chefs religieux a été saluée. Ils ont affirmé que tous les efforts devaient être déployés pour éviter les affrontements.
Sur le plan international, ce sont les coups d'État ayant eu lieu au Niger et au Gabon qui retiennent l'attention des différents médias. La junte, qui a pris le pouvoir au Niger, est en train d'affermir son pouvoir dans le pays. Elle a la France dans son collimateur. Elle lui a demandé de rappeler son ambassadeur et a lancé un ultimatum dans ce sens. Le président Emmanuel Macron l'a considéré comme nul et non avenu car n'émanant pas d'une autorité légitime. L'ambassadeur est donc consigné dans les locaux de son ambassade. Nul ne sait quelle sera l'issue de ce bras de fer. Les autorités en place menacent d'utiliser la force pour expulser le diplomate.
Au Gabon, l'annulation des élections par les militaires a surpris tout le monde. Les résultats du scrutin de l'élection présidentielle donnaient le président Ali Bongo largement vainqueur et l'intervention télévisée des représentants de l'armée a mis fin à ce que l'opposition appelait un simulacre d'élection. Son représentant avait affirmé qu'il était le grand gagnant du scrutin et était prêt à contester le processus électoral. La population est descendue dans la rue pour montrer sa joie d'être libérée du joug de la dynastie Bongo ayant accaparé le pouvoir durant 55 ans.
Le comité national de redressement et de préservation des institutions a déclaré que le président était mis à la retraite et se préparait à installer une transition. Comme ce fut le cas pour le Niger, l'Union africaine a condamné le coup d'État et a suspendu la participation du pays à l'organisation. L'Union Européenne a, elle aussi, manifesté sa désapprobation et s'en remettait à la décision des organisations régionales du continent. La France, quant à elle, est restée relativement prudente et attend de voir l'évolution de la situation.
Les responsables de l'organisation des jeux des îles ne cachent pas leur satisfaction. La mission qui leur est assignée est remplie. Le pouvoir espère en tirer profit dans l'optique de l'élection présidentielle qui va avoir lieu dans deux mois. L'échéance se rapproche très vite et nul ne sait comment va évoluer la situation politique. L'apaisement et la sérénité sont espérés par tout le monde, mais la tension qui règne ne présage rien de bon.