Près de 8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce samedi en Côte d'Ivoire pour les élections municipales et régionales. Les élections concernent 31 régions et 201 communes. Au total, la commission électorale indépendante a enregistré 749 listes de candidatures pour les élections municipales et 93 listes de candidatures pour les élections régionales.
Existe-t-il encore des bastions politiques ? Le RHDH va-t-il maintenir sa suprématie territoriale ? Pour les partis politiques, ces scrutins permettront de jauger leur poids dans chaque localité. En ce sens, ces élections font figure de test pour les partis afin de préparer la présidentielle de 2025.
Au RHDP, le parti au pouvoir, plusieurs ministres sont en lice pour tenter de conserver leurs mairies. Ainsi, dans la commune d'Abobo, la ministre des Affaires étrangères, Kandia Camara brigue un autre mandat. Tout comme Amadou Koné, le ministre des Transports et maire sortant de Bouaké.
Pour le PDCI, l'enjeu est de motiver les électeurs malgré la disparition de son leader historique, Henri Konan Bédié et les divisions au sein du parti. En témoigne cette floraison de candidatures indépendantes, notamment à Cocody, Port-Bouët et au Plateau.
De leur côté, les militants de l'ex-président Laurent Gbagbo tenteront de reconquérir leurs bastions perdus après plusieurs années d'appel au boycott.
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Reconfiguration politique
Le scrutin est présenté comme le plus ouvert depuis la fin des crises politiques qui ont secoué le pays entre 2002 et 2011. Toutes les sensibilités politiques seront représentés dans un paysage politique ivoirien qui s'est transformé. Et pour les candidats indépendants, ces élections permettront aussi d'appréhender le poids des candidats indépendants, désireux de sortir d'une forme de tripartisme qui a marqué l'histoire politique des trois dernières décennies
Car si en 2018, lors du précédent scrutin régional, la frange pro-Gbagbo du FPI avait décidé de boycotter les élections alors que le PDCI était allié au RHDP, le parti au pouvoir. Depuis, la Côte d'Ivoire a connu une importante reconfiguration politique. Laurent Gbagbo, de retour sur sa terre natale, a créé un nouveau parti, le PPA-CI, et a noué un accord électoral avec le PDCI.
« Pour les populations ivoiriennes, il n'y plus d'enjeu »
L'enjeu est aussi de mobiliser les électeurs à retourner aux urnes. En 2018, la participation s'élevait à 35,78 % pour le scrutin municipal et à 36,20 % pour les régionales. Et de nombreuses tensions et accusations de fraudes avaient ponctué le scrutin. Vendredi soir, le président de la Commission électorale indépendante a invité les candidats et les électeurs à faire preuve de discipline et à user des voies légales en cas de contestation.
Le vote des jeunes né au début des années 2000 sera cette année particulièrement scruté car ces nouveaux électeurs auront un poids significatif pour l'élection de présidentielle de 2025. « Qui sont-ils ? Quelle est leur culture politique ? Vont-ils voter ? », se demande le sociologue Severin Kouamé.
Car la question de la participation est sur toutes les lèvres. Ces élections vont-elles susciter un engouement particulier ? Severin Kouamé est sceptique. « Le scrutin présente un enjeu pour les partis politiques, mais pour les populations ivoiriennes, il n'y plus d'enjeu », analyse-t-il, décrivant des électeurs désabusés par les dérives d'un système démocratique à bout de souffle, basé davantage sur les appareils politiques que sur les besoins des populations.
Les duels à surveiller
Au total, il y a plus de 30 400 candidats aux municipales et plus de 5 200 pour les régionales.
Samedi, plusieurs localités seront à surveiller. Ll y a la région du Cavally, dans l'ouest, où la ministre de la Fonction publique, Anne Ouloto, brigue un second mandat à la tête du conseil régional. Elle a en face d'elle Hubert Oulaye, le secrétaire exécutif du PPA-CI, qui est en alliance avec le parti de feu Henri Konan Bédié.
Un autre duel intéressant aura lieu dans la région du Haut-Sassandra entre le président du conseil sortant, Alphonse Djédjé Mady, et le ministre de la Jeunesse, Mamadou Touré, qui défend les couleurs du RHDP.
Pour les municipales, il faudra garder un oeil sur la commune de Yopougon, où l'opposition part divisée face à Adama Bictogo, le président de l'Assemblée nationale.
L'élection à la mairie du Plateau sonne, elle, comme un match retour entre Jacques Ehouo, le maire sortant, et Fabrice Sawegnon, le candidat du parti au pouvoir.
Et dans la commune de Cocody, le PDCI est divisé entre Jean-Marc Yacé, le maire sortant, et la députée Yasmina Ouégnin.
B.D.