Dans sa livraison du mardi 29 août 2023, « Sud Quotidien » titre à sa une : « Gouvernance économique sur fond d'émergence,
Le Sénégal sous perfusion ». En sous-titre, sont rapportés les propos de Meïssa Babou, enseignant-chercheur à l'Ucad qui afirme que « pendant douze ans, aucun des leviers du PSE n'a été satisfait ». Dans l'introduction de son dossier de cinq pages, le journal dit interroger le référentiel en question, le PSE, « par certains de ses côtés » (sic). Les auteurs du dossier résument comme suit leur problématique : le sénégalais lambda a-t-il été en présence d'un réel plan de développement ou d'un gouffre financier ? Pour y répondre, « l'avis d'expert » de Meïssa Babou, et seulement lui, a été sollicité pour éclairer l'opinion publique sénégalaise sur un sujet qu'on pourrait résumer comme le bilan de la gestion des affaires publiques par le Président Macky Sall depuis son élection magistrature suprême en 2012.
Cette mise au point n'aurait pas eu lieu si la sortie de M. Babou avait été faite dans un canal autre que « Sud Quotidien » eu égard à la place qu'occupe cet organe dans le paysage médiatique, la marque laissée par ses fondateurs et son positionnement pour l'approfondissement de la démocratie. Donc nous ne commenterons pas le choix éditorial de ne solliciter qu'une seule personne ressource pour un sujet de cette importance, exception faite d'un micro-trottoir ayant relayé les propos d'un ancien étudiant reconverti en marchand ambulant, d'un chômeur, du gérant d'un multi-services et d'une dame dont le profil n'a pas été précisé. Pas plus que nous ne mettrons en cause l'option de présenter le débat sous forme de question rhétorique - « le sénégalais lambda a-t-il été en présence d'un réel plan de développement ou d'un gouffre financier ? -, technique bien connue consistant à formuler une interrogation dont la réponse est suggérée par la personne qui formule l'interrogation, pratique que réfutent systématiquement toutes les écoles de pensée, de surcroit celles qui encadrent l'analyse économique. Le terme rhétorique provient du latin rhetoricus dérivé du grec ancien rhêtorikos signifiant « oratoire ». En effet, à l'observation, il est plutôt question chez M. Babou d'imprécations oratoires et de fausses vérités que de réflexions soutenues par une argumentation cohérente et documentée et par la volonté d'éclairer les lecteurs.
Quand le Président Macky Sall lançait le PSE en 2012, de manière inclusive, les compétences les plus éprouvées en matière de politiques de développement, de stratégies de croissance et de prospectives ont été sollicitées, en particulier au sein de l'élite académique dans nos universités d'ici et de l'étranger. Leur expertise a été sollicitée et prise en compte pour la définition de ce qui est maintenant consacré comme la stratégie la plus pertinente à ce jour développée au Sénégal pour faire donner à notre pays des ambitions à hauteur de ses potentiels et de ses ressources. Naturellement, ce sont les économistes et les experts reconnus qui ont pris part à cette oeuvre de construction nationale.
Dans un contexte de surmédiatisation des affaires publiques - ce qui est une bonne dynamique pour notre processus démocratique qui exige la transparence-, des acteurs politiques ont pris le parti de se démultiplier dans la presse, en altérant systématiquement le bilan du gouvernement pour éventuellement l'inscrire dans un agenda politicien que tout le monde comprend par la relative proximité de la prochaine élection présidentielle. Les usages recommandent, devant une alternative intellectuelle, de choisir l'idée la plus généreuse. Il faut donc envisager que c'est sa mauvaise compréhension du débat dans lequel il s'engage que M. Babou a entrepris une longue diatribe ou la fausse information accompagne la volonté de nuire, et la carence académique, les énormités débitées, et que le devoir de responsabilité nous incombe de rectifier [...]
BUDGET
Sur deux points au moins, nous apportons des précisions profitables à la bonne compréhension de l'action gouvernementale, le cadre économique et le portefeuille de la dette, M. Babou ayant lui-même présenté les performances remarquables du Sénégal en matière d'infrastructures. Mais avant, il faut souligner les politiques sociales mises en oeuvre (revalorisation des salaires, baisses d'impôts, élaboration de filets sociaux, financement des projets de jeunes, inclusion financière des femmes...). Nous ne parlerons pas des performances du Sénégal en matière d'énergie et de gestion proactives des nouvelles ressources pétro-gazières, en agriculture, en industrie et en gestion des ressources minières.
Le Sénégal a connu indéniablement une hausse de sa croissance économique dans un contexte de maîtrise de l'inflation et de réduction constante du déficit budgétaire qui, de 6,7% en 2011, a été successivement ramené à 4,2% en 2016, 3,7% en 2017, 3,5% en 2018, puis à 3,9% en 2019.
En 2021, Le déficit budgétaire s'est situé à 6,3% du PIB. Son augmentation se justifie, - outre la lutte contre la troisième vague de la pandémie à Covid-19 et la volonté de favoriser plus d'inclusion sociale avec un passage de 26% du PAP1 à 30% au PAP2 A de l'axe « Capital humain, protection sociale et développement durable »- , par une plus grande priorité accordée à l'emploi et à l'employabilité des jeunes, pour la mise en oeuvre de l'important programme d'urgence pour l'insertion socio-économique et l'emploi des jeunes, sur une période de trois (3) ans 2021-2023, d'un coût de 450 milliards de FCFA, à raison de 150 milliards de FCFA/an ; le règlement du reliquat des obligations impayées de l'Etat dont le plan d'apurement a été adopté en 2019.
Le budget connaît une hausse continue. Il est passé de 2 452 milliards FCFA en 2012 à 5 556, 7 milliards de FCFA (Loi de finances rectificative 2022), soit plus qu'un doublement sur la période, une augmentation de 3 104,7 milliards de FCFA en valeur absolue et de 126,61% en valeur relative. Ce qui démontre à suffisance la performance de nos régies financières puisque les recettes fiscales de l'Etat ont augmenté annuellement d'au moins 10%. Les PTF accordent leur confiance aux politiques publiques du Sénégal à travers des financements de 14 261 milliards de FCFA sur les 10 ans du magistère du Président Macky Sall, soit 1 456,1 milliards de FCFA/an sur la période contre 3 789 milliards de FCFA sur les 12 ans du Président Wade, soit 316 milliards de FCFA/ an, soit quasiment plus qu'un quadruplement.
La structure du budget montre la prépondérance des ressources internes qui ont atteint 79% dans la loi de finances rectificative pour l'année 2022 tandis que les dépenses internes du budget (charges financières de la dette, masse salariale, dépenses de fonctionnement et dépenses d'investissements sur ressources internes) sont couvertes à 88% par les ressources internes. Voilà pour le cadre global.
ENDETTEMENT
Sujet favori de beaucoup d'acteurs politiques, le dossier de la dette appelle les réflexions suivantes. L'évolution de la dette publique du Sénégal peut être analysée autour de quatre dates ou périodes :
2000 : notre pays affichait un encours de dette équivalant à 78% du PIB (le plafond UEMOA est de 70%), ainsi qu'un service de la dette égal à 26.9% des recettes budgétaires (le seuil communautaire est de 22%).
2006 : le Sénégal obtenait des mesures fortes d'annulation de sa dette extérieure, à la faveur de son éligibilité aux initiatives de réduction de dettes PPTE et IADM. Aussi, son taux d'endettement avait-il drastiquement baissé pour se situer à 21% du PIB, tandis que son ratio service de la dette publique/ recettes budgétaires s'établissait à 20.9%.
2011 : le taux d'endettement public remontait jusqu'à 40%, soit 19 points d'augmentation en 5 ans, après que le Sénégal ait bénéficié des initiatives PPTE et IADM. La dette publique rapportée aux recettes budgétaires a ainsi grimpé jusqu'à 39.9%.
2012 à 2021 : le taux d'endettement est passé de 42.3% à 64,5%. L'encours de la dette publique à fin décembre 2021 est arrêté à 10 297,05 milliards FCFA dont 2 673,31 milliards FCFA de dette intérieure et 7 623,31 milliards FCFA de dette extérieure.
Comme on peut aisément l'imaginer, c'est surtout la dette extérieure qui mérite une surveillance vigilante, ne serait-ce qu'en raison de son poids dans l'encours total (soit 74,03%).
Mais lorsqu'on analyse la composition de la dette extérieure, on se rend compte qu'elle est constituée à 21% (plus du cinquième) de prêts contractés avant 2012. La gestion de la dette publique chevauche les régimes politiques, le principe de continuité de l'Etat imposant à un gouvernement de rembourser les emprunts de ses prédécesseurs, dont certains peuvent dater de 10, 20, voire 30 ans. Tous les seuils de viabilité correspondant à la catégorie de notre pays sont respectés. Le dernier eurobond émis par l'Etat du Sénégal, le mercredi 02 mars 2021, pour un montant équivalent de 775 millions d'euros, soit 508 milliards de FCFA, a été réalisé pour une maturité finale de 16 ans, à un taux de 5,375%. Les souscriptions ont atteint plus de 4,3 milliards d'euros, soit 2 821 milliards de FCFA avec près de 220 investisseurs internationaux de référence. C'est ainsi que le taux de sursouscription a atteint près de 6 fois le montant recherché mais le Sénégal s'est limité à ses besoins de financement arrêtés dans son programme économique et financier appuyé par l'Instrument de Coordination de la Politique Economique (ICPE).
PERSPECTIVES
L'axe 1 « transformation structurelle de l'économie et croissance » concentre plus de la moitié des investissements programmés sur la période avec 59%. Parmi les projets phares, on peut citer : l'amélioration de la productivité Agricole ; le programme de désenclavement des zones de production agricole, rizicole et minière et renforcement de la compétitivité des corridors ; le projet d'appui au Pastoralisme Phase II ; le Train Express Régional Phase II (Diamniadio-AIBD); le projet autoroute à Péage Mbour-Fatick-Kaolack ; le projet Autoroute du Nord (sections Tivaouane peuhl-Diamniadio-Mékhé, Mékhé-Ndande et Louga-Gandon) ; le projet de modernisation des marchés ; le projet de Rénovation des Aéroports phase II (Ziguinchor, Tambacounda et Kédougou) ; le projet d'appui à l'amélioration de l'accès à l'électricité ; le projet Agropole SUD.
L'axe 2 « capital humain, protection sociale et développement durable » qui englobe 30% des investissements publics sur la période, constitue le principal levier de prise en charge des questions de résilience, d'équité et d'accès à l'emploi et à un cadre de vie décent. Les investissements seront orientés vers les projets/programmes suivants : Projet de Construction et d'Equipement de la Polyclinique de l'Hôpital Principal de Dakar ; le Projet de réalisation d'une unité dessalement de l'eau de mer aux mamelles ; le Projet de remplacement des abris provisoires (lots 2 et 3); le Projet de Promotion et de la Gestion intégrée et de l'Economie des Déchets solides au Sénégal (PROMOGED) ; le Projet d'Appui au Développement des Compétences et de l'Entrepreneuriat des Jeunes dans les Secteurs porteurs (PDCEJ) ; le projet de construction du centre d'oncologie de Diamniadio ; le projet de réhabilitation du collecteur de Hann-Fann, de renouvellement de 100 km de réseau d'assainissement et d'acquisition d'équipements ; Le Projet Investir dans les premières années pour le Développement Humain au Sénégal (PIPADHS); le Projet de construction de 100 000 logements ; le Projet de Reconstruction de l'Hôpital Aristide Le Dantec ; le projet de Construction d'une Unité de Production de Vaccin Anti-Covid (MADIBA); le Projet de réalisation du centre d'entreprenariat et d'innovation de la Délégation à l'Entreprenariat rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) ;
L'axe 3 « gouvernance, institutions, paix et sécurité » qui reçoit 11% des prévisions d'investissement prend en compte les préoccupations relatives à la sécurité sous régionale, la lutte contre les spéculations foncières de même que les questions de gouvernance économique, financière et territoriale. L'investissement portera en priorité sur la mise en oeuvre des projets/programmes ci-après : le Programme de renforcement des moyens de la défense nationale (Gaïndé 1) ; le Plan d'Urgence de la Gendarmerie ; le Programme de Construction Prioritaire des Services du Ministère de l'Intérieur ; le projet d'Acquisition et Equipement Missions Diplomatiques et Consulaires ; le Programme de Modernisation des Infrastructures/ Ministère de la Justice ; le Projet de renforcement de la stratégie des recettes à moyen terme ; le Programme d'Appui à la Modernisation de l'Administration (PAMA) ; le Projet de mise en oeuvre du Plan national d'Aménagement et de développement territorial (PNADT) ; le PACASEN rural.
En définitive, le bilan des réalisations physiques et financières du Président de la République peut se résumer en un rattrapage infrastructurel, une autosuffisance alimentaire en marche, une équité territoriale en progression, les politiques de promotion de la jeunesse et une forte inclusion sociale (acquis sociaux significatifs à travers notamment un renforcement de l'accès à l'électricité et aux services sociaux de base « éducation, santé et protection sociale »).
MINISTÈRE DES FINANCES ET DU BUDGET
NDLR
La Rédaction de Sud Quotidien prend acte de ce droit de réponse. Elle se félicite aussi de rester conforme à l'héritage laissé par les fondateurs, en continuant de susciter le débat public contradictoire, s'il n'est pas de caniveau. En tout état de cause, le public dont le droit à l'information est au centre de notre crédo reste seul juge des lectures qui lui sont soumises.