Afrique: L'Europe au défi d'elle-même

Nous l'avons écrit ici même à maintes reprises ces dernières années mais nous n'hésitons pas le répéter aujourd'hui au risque d'agacer quelque peu la sphère diplomatique et de nous attirer des remarques désagréables: l'Europe, la vieille Europe doit impérativement resserrer ses rangs si elle veut, du moins, continuer de figurer en bonne place dans la sphère des grandes puissances de ce temps. Classée parmi les groupes de nations les plus riches de la planète elle voit, en effet, son influence se réduire dangereusement sur la scène mondiale faute de savoir parler d'une seule et même voix dans les débats stratégiques qui marquent le début de ce vingt-et-unième siècle.

Soyons plus clair sur ce sujet : ayant compris, au sortir des deux guerres mondiales qui avaient marqué d'un sceau sanglant le siècle précédent, que seule la mise en place d'une communauté régionale unie, organisée, riche et puissante ferait de l'Europe un acteur majeur de la scène internationale, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas auxquels se sont joints, plus tard, le Royaume-Uni, l'Espagne, le Portugal et d'autres pays, soit au total vingt-huit nations qui ont bâti progressivement la communauté puissante et structurée dont le siège se trouve à Bruxelles. Mais qui n'ont pas su tirer de ce rapprochement les conclusions que les autres grandes puissances - la Chine, les Etats-Unis, la Russie, l'Inde - avaient elles-mêmes réussi à concrétiser : c'est-à-dire mettre en place des institutions qui leur permettraient de parler d'une seule et même voix à l'échelle mondiale. Avec de multiples conséquences parmi lesquelles figurent en bonne place le fait que l'Union européenne n'a toujours pas de siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies et que le Royaume-Uni s'est purement et simplement séparé d'elle à la suite du Brexit provoqué par ses dirigeants qui doutaient de son avenir.

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Même si cela n'est pas encore très visible, des questions essentielles commencent à diviser ses membres : le manque de rigueur financière et le surendettement de certaines nations, la montée anarchique de l'immigration venue du grand Sud, l'incapacité de créer un système de défense collectif, la non coordination des diplomaties sur les problèmes essentiels dont ce qui se passe aujourd'hui sur toute l'étendue de l'immense région du Sahel donne une image précise. Si elles n'ont pas eu et n'auront peut-être pas d'effets destructeurs sur la communauté du Vieux continent, ces questions lui posent une série de problèmes au sein de sa gouvernance collective qui pourrait elle-même finir par mettre en péril son unité.

D'où cette idée, qui tôt ou tard s'imposera aux vingt-sept, selon laquelle le temps est venu de revoir les règles et les procédures en place afin de faire de l'Union une véritable grande puissance. Soit dit ceci en guise de conclusion provisoire de cette réflexion : les nations africaines attendent avec impatience, et elles ne sont pas les seules, un renforcement de la vieille Europe qui permette de mieux équilibrer leurs propres relations avec les « Grands » qui ont fait de ce continent l'un des enjeux majeurs des décennies à venir.

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