- La tradition dit que les premiers disciples mourides ont fait allégeance à Serigne Touba (1853-1927), à Mbacké Kadior, village fondé par Mame Mor Anta Saly, son père, dans la région de Louga (nord-ouest). Il va donc de soi que cette cité puisse occuper une place privilégiée dans l'histoire du Mouridisme et dans le coeur des fidèles.
Il se dit précisément que les 40 premiers disciples mourides ont fait allégeance au cheikh dans cette localité située dans l'arrondissement de Darou Mousty (département de Kébémer).
Dans le lot de ces nouveaux fidèles, on cite Mame Cheikh Ibra Fall, le plus célèbre, Serigne Ndame Abdourahmane Lô, Serigne Massamba Diop Sam et Serigne Ibrahima Sarr Ndiagne.
Il y a aussi Serigne Adama Guèye, présenté comme le premier disciple du cheikh, soit autant de références morales et spirituelles solides qui confortent la renommée de Mbacké Kadior dans le coeur des mourides.
L'électrification du village et des zones environnantes apporte une certaine modernité au site dénommé « Guiguiss Bamba ». Devenu un lieu de pèlerinage, Cheikh Ahmadou Bamba, appelé également Cheikhoul Khadim ou Serigne Touba, y avait édifié son premier centre d'éducation spirituelle.
Il s'agit précisément du lieu où Cheikh Ibrahima Fall lui avait prêté allégeance, selon Mame Mor Sylla, maire de Mbacké Kadior.
Les Sylla, habitants originels de Mbacké Kadior
Ce lieu symbolique, situé à environ un kilomètre de la commune de Mbacké Kadior, devrait être bientôt doté d'une résidence, d'une mosquée et d'autres édifices. Comme on pouvait s'y attendre, les Baye Fall, qui se rattachent justement au cheikh par l'entremise de Cheikh Ibra Fall, sont les maîtres d'oeuvre de ce chantier.
A l'origine les Sylla étaient les premiers occupants de ce site. Cette famille avait cédé une partie de ses terres à Mame Mor Anta Saly lorsque le père de Serigne Touba décida de fonder son propre village.
Selon l'imam El Hadj Cheikh Kajor Mbacké, Serigne Touba vécut quatre ans à Mbacké Kadior dont la création relève, dit-il, d'une certaine cohérence familiale, faite de quête spirituelle.
Après Mbacké Baol, village fondé par Mame Maharam, dans le Baol, Mbacké Kadior a été fondé par Mame Mor Anta Saly.
Aussi, après sa conversion à l'islam, lorsque Lat Dior Ngoné Latyr Diop (1842-1886) a voulu en connaître davantage sur cette religion qu'il venait d'embrasser, le choix de ce résistant à la colonisation française s'était porté sur Mame Mor Anta Saly.
Serigne Touba, dont la quête de spiritualité était à son apogée, était resté au total quatre ans à Mbacké Kadior, où son père n'a vécu que trois ans, de 1880 à 1883, date de sa disparition.
Le fils continua à s'occuper des écoles coraniques créées par son père après son rappel à Dieu, jusqu'à ce qu'il reçût la révélation du prophète Mohamad (PSL) l'enjoignant, selon la tradition, de faire le « djihad pacifique » pour trouver la voie du salut.
Naissance du « Diébelou » ou acte d'allégeance
La voie de la « Mouridiyya » semblait toute tracée. Le cheikh informa les disciples de la recommandation du prophète Mohamad (PSL) portant sur une nouvelle méthode d'éducation, de formation et d'élévation spirituelle à partir de l'allégeance, explique Cheikh Mbacké Kadior. Une démarche dont l'ambition est de contribuer à revivifier la voie tracée par le prophète Mohamad (PSL).
Les premiers disciples, parmi lesquelles Serigne Adama Guèye, Serigne Massamba Diop Sam, Serigne Abdourahmane Lô et Serigne Ibrahima Sarr, firent immédiatement allégeance.
Cheikh Ibrahima Fall, le 40e disciple selon la tradition, arriva alors à la rencontre du cheikh à Mbacké Kadior, où il lui fait allégeance. Un jour symbolique correspondant au 20e du mois de ramadan, date encore fêtée par les Baye Fall, communauté regroupant tous ceux qui se réclament de ce disciple exceptionnel de Serigne Touba.
Il est prévu de construire une mosquée à l'emplacement des deux arbres sous lesquels Cheikh Ibra Fall a prêté allégeance à Serigne Touba. Le chantier est presque achevé.
Mbacké Kadior est un « symbole du Mouridisme » dans la mesure où c'est dans cette localité que « tous les grands hommes qui ont marqué le Mouridisme ont été formés », d'après l'édile de la localité, Mame Mor Sylla.
« Tous les interdits observés à Touba sont également respectés ici. Il peut y avoir des résistances mais ils demeurent néanmoins des interdits », ajoute-t-il.