Niger: Tensions entre Paris et Niamey - Vers la goutte de sang qui fera déborder le vase ?

De plus en plus, de sombres nuages lourds et menaçants s'amoncellent dans le ciel franco-nigérien.

Plus rien ne va entre Niamey et Paris. Beaucoup d'électricité dans l'air et on n'attend plus que l'orage... Dès le coup d'Etat annoncé, Paris a refusé de reconnaître les nouveaux maîtres du pays et a réitéré son soutien et sa confiance au président déchu, Mohamed Bazoum, dont le retour au pouvoir est non négociable. Ont suivi, des manifestations organisées à travers le pays et exigeant, entre autres, le départ de l'armée française et celui de l'ambassadeur, Sylvain Itté, déclaré personae non grata et sommé de décamper sous 72 heures. Mais plus d'une semaine après, l'indésirable Itté est toujours sur les bords du fleuve Niger, Emmanuel Macron ne reconnaissant pas une décision prise par des autorités qu'il ne reconnaît pas.

De ce point de vue, il faut reconnaître la logique de l'affaire même si on ne sait pas sur quoi elle va déboucher. Sauf à attendre la remise en selle du président déchu Mohamed Bazoum après l'intervention projetée de la CEDEAO, on se demande à quoi va servir un ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire non reconnu par les autorités de fait et obligé de se bunkeriser dans un camp militaire (Barkhane), nouvelle cible des croquants. Samedi dernier, plusieurs milliers de personnes, en plus hostiles, se sont de nouveau rassemblées à Niamey et à Ouallam, dans le sud-ouest du pays, pour réclamer le départ des forces françaises du Niger. Dans la capitale, c'est devant la base militaire où seraient stationnés 1 500 soldats français.

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Quant à Ouallam, dans le sud-ouest du pays, la manifestation a eu lieu devant le QG de l'opération anti-djihadiste Almahaou, où cohabitent des soldats nigériens et français.

En vérité, si le pouvoir du général Abdourahmane Tchiani devait s'enraciner, on peut être sûr que les jours des militaires français sont comptés au pays d'Hamani Diori. L'ange-gardien qui a retourné son fusil contre son maître ne marche-t-il pas sur les pas du colonel Assimi Goïta et du capitaine Ibrahim Traoré ? Ce devrait donc être une simple question de temps. Mais si la manifestation monstre de samedi devait se multiplier dans l'emprise de Barkhane, il faut surtout craindre que la tension ne monte chaque fois un peu plus, et que l'irréparable finisse par se produire.

Imaginez les soldats français tirant sur les manifestants nigériens. On peut être sûr que ce sera la goutte d'eau qui fera déborder le vase. Et si ça se trouve, c'est peut-être même cyniquement le souhait des nouveaux maîtres du pays qui organisent, alimentent et financent le French Bashing. Pousser donc Barkhane à la faute à moins que, cynisme pour cynisme, ce soit aussi le voeu de Jupiter qui trouverait ici une raison personnelle d'en découdre avec les usurpateurs de Niamey. Le président français n'a-t-il pas dernièrement annoncé qu'il ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts au Niger et que Paris répliquera de manière immédiate et intraitable ? Visiblement donc, il suffit d'une étincelle pour mettre le feu aux poudres d'une situation déjà bien explosive.

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