Gabon: Prestation de serment général Nguema - Un autre putschiste à la recherche d'une légitimité constitutionnelle

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Que le professeur Albert Ondo Ossa, le challenger d'Ali Bongo Ondimba, ses partisans ainsi que les militants de la plateforme Alternance 2023 se le tiennent pour dit : il n'y aura pas de reprise du processus électoral, il n'y aura pas d'organisation de nouvelles élections.

En tout cas, ce ne sera pas tout de suite. Encore moins une reconnaissance de celui qui estime avoir gagné le scrutin du 26 août 2023. « Pour nous, l'élection est dissoute. Elle est dissoute parce qu'elle était pipée », a en effet déclaré devant la presse le samedi 2 septembre dernier, le général Brice Clotaire Oligui Nguema qui a renversé le 30 août, le président Ali Bongo à l'issue d'un scrutin litigieux comme c'est souvent le cas au Gabon. Et pour mieux faire comprendre qu'il va garder sa chose, le chef de la junte va prêter serment ce matin même à Libreville devant la Cour constitutionnelle dont le rétablissement temporaire a été annoncé par les militaires. Cette même Cour constitutionnelle qui aurait dû recevoir le serment du nouveau président élu.

Que ce soit aujourd'hui au Gabon, hier au Mali, au Burkina Faso ou en Guinée et peut-être sans doute demain au Niger, ça fait toujours bizarre de voir des putschistes se faire adouber président par les « Grands juges » alors même qu'ils viennent de commettre un acte incontestablement anticonstitutionnel, puisqu'aucune loi fondamentale digne de ce nom ne prescrit la dévolution du pouvoir par les armes.

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Mais à défaut de passer par les urnes, comme il faut bien se donner l'illusion de la légitimité pour gouverner, on recourt à ce genre d'artifices légaux pour les besoins de la cause. Des africaneries qui sont bien à la mode ces derniers temps comme si les soldats ne veulent pas être à la hauteur de leur péché.

Aujourd'hui donc, les Gabonais auront eux aussi leur putschiste, paré de (presque) tous les attributs de la légalité républicaine.

En attendant, il rassure sur ses bonnes intentions notamment vis-à-vis des hommes de médias qu'il a rencontrés dans le cadre de la poursuite de sa série de prises de contact. Pour cette première rencontre avec la presse, le général Nguema s'est dit prêt à faciliter le travail des pisse-copies, parfois difficile sous la gouvernance Bongo. « N'ayez pas peur », a-t-il notamment lancé dans une posture papale aux confrères gabonais, même si le conférencier du jour est loin d'être un saint. Ne faisait-il pas partie de Bongo père à Bongo fils du premier carré du pouvoir ? N'a-t-il pas de ce fait contribué à malmener la confrérie des journalistes dans un pays où la liberté de presse était corsetée ?

Autant dire qu'il faut attendre véritablement de le voir à l'oeuvre pour juger sa véritable volonté de changement, non seulement à l'égard des médias, mais d'une manière générale de tout ce qui touche à la gouvernance politique, économique et sociale dans un pays qui est depuis 56 ans un patrimoine personnel des Bongo, amis et alliés.

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