Tunisie: Au Palais du Bardo - Le pouvoir législatif est-il déjà dans la tourmente ?

3 Septembre 2023

Par les nouvelles prises de position, les parlementaires veulent-ils marquer leur territoire, avant l'avènement de la deuxième Chambre, le Conseil national des régions et des districts ?

Le communiqué devient encore plus virulent lorsqu'il dénonce un ensemble de procédures qualifiées d'illégales et attentatoires aux dispositions de la Constitution de 2022 et du règlement intérieur de l'Assemblée. Tout en appelant la présidence de l'Assemblée à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation qui découle de cette procédure abusive engagée contre leur collègue, Sami Ben Abdelaali.

Qu'est-ce qui se passe au Palais du Bardo ? Les présidents de différents blocs parlementaires ont rendu public un communiqué, vendredi 1er septembre, qui détaille les activités de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), en lançant, dans la foulée, un appel pour accélérer la révision d'un certain nombre de lois dont, notamment celles relatives à l'investissement, au Code des changes et au Code des eaux.

Jusque-là, rien de surprenant, ils sont dans leur rôle. Or, et dans la même publication, les élus fustigent « la détérioration du pouvoir d'achat, les déséquilibres financiers de l'État, et la médiocrité du rendement du gouvernement... »

Dans le même ordre d'idées, ils ont mis l'accent sur la nécessité de réexaminer les lois qui freinent la réalisation des objectifs du processus du 25 juillet, tout en se plaignant des « blocages subis par certains députés dans les régions, appelant à repenser les moyens de communication afin de les rendre plus efficaces ».

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Le même communiqué devient encore plus virulent lorsqu'il « dénonce un ensemble de procédures qualifiées d'illégales et attentatoires aux dispositions de la Constitution de 2022 et du règlement intérieur de l'Assemblée ». Tout en appelant la présidence de l'Assemblée à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation qui découle de cette procédure « abusive » engagée contre leur collègue, Sami Ben Abdelaali.

Le silence étrange

Les mêmes parlementaires concluent leur communiqué par un appel à une réunion du Bureau du parlement, la semaine prochaine, pour examiner l'ensemble des points mentionnés et organiser une réunion des présidents des blocs parlementaires en vue de débattre des priorités législatives.

Les députés, auteurs du communiqué, étaient-ils sortis du cadre de leurs attributions, qui devraient porter sur les aspects législatifs, pour « flirter » avec des aspects à caractère politico-politique.

Une attitude qui avait valu les pires critiques à l'ancienne ARP qui était dominée par le parti Ennahdha et était totalement sous emprise. Les scènes encore vivaces, drôles lorsqu'elles n'étaient pas violentes, empêchaient alors les séances plénières de se dérouler dans la sérénité. Une législature plus tard. Changement de temps et d'ambiance. Mais les tentations sont grandes pour tomber, semble-t-il, dans les mêmes travers.

S'il est vrai que les conditions de mise à l'écart de Sami Abdelaali manquent de clarté, les députés auraient pu réagir autrement pour réclamer des précisions quant au déroulement de la procédure de la levée d'immunité. Le silence étrange dans lequel s'est drapée la présidence de l'ARP constitue un autre point qui soulève d'autres interrogations.

La présidence totalement muette, alors que depuis plus d'une semaine, les communiqués des députés mécontents et solidaires avec Abdelaali animent le paysage politico-médiatique.

Marquer le territoire

Outre leur ire, donc, les élus ont enchaîné avec un communiqué qui fait part de leur insatisfaction quant à l'efficacité de l'action gouvernementale. Or, et selon les dispositions de la Constitution de 2022, les élus sont appelés à légiférer, en votant les projets de loi qui leur sont soumis par le Président de la République, le Gouvernement ou par un groupe de députés dont le nombre est égal ou supérieur à dix.

Les députés sont habilités, également, à tenir des séances de dialogue avec des membres du gouvernement, comme cela a été le cas à la fin du mois de juillet dernier. Des séances publiques qui étaient d'ailleurs fort instructives.

Comment l'interpréter ? Certains expliquent les nouvelles prises de position des parlementaires par une volonté de marquer «leur territoire », avant l'avènement de la deuxième Chambre, le Conseil national des régions et des districts.

C'est de bonne guerre. Mais tout en défendant leur terrain et leurs prérogatives, les députés sont appelés à éviter de céder aux facilités qui avaient «coulé» l'ancienne ARP.

En tout état de cause, les députés sont appelés à revoir leurs priorités.

L'objectif final étant de mener à bon port leur mission en évitant de céder aux polémiques et aux tentations claniques.

»Lire aussi: Activités au palais du Bardo : Les parlementaires européens invités à soutenir la Tunisie

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