Tunisie: Assemblée générale ordinaire de la FTF - Toujours debout, mais jusqu'à quand?

3 Septembre 2023

Le président de la fédération a profité de la réunion avec les associations membres pour faire une longue plaidoirie de son exercice et défendre son bilan. Vont-ils lui profiter pour sortir du fond de l'auberge ?

Il n'y avait pas urgence à tenir cette assemblée générale ordinaire qui s'est déroulée dans la soirée de vendredi, surtout que le championnat de la Ligue 1 a déjà démarré et il qu'il n'y avait pas de règlements sportifs impératifs à adopter par une assemblée générale souveraine avant son coup d'envoi. Mais Wadie Jary, qui sait que le temps joue contre lui, a toutes les raisons d'être un homme pressé. Pour faire cette démonstration de force dont on a parlé dans ces mêmes colonnes et desserrer l'étau qui commence à l'étouffer.

Et on peut dire que le coup a réussi. Le président de la fédération a retrouvé ce bain de foule avec les présidents ou vice-présidents des clubs qui l'ont salué de manière chaleureuse pour lui signifier qu'il jouit toujours de leur loyauté. Le premier objectif qui est le vote de confiance de cette assemblée a donc été atteint. Seul bémol : l'absence de l'Espérance qui était prévisible. Wadie Jary s'en est sorti avec l'une de ses pirouettes habiles habituelles : «Les absents n'ont pas toujours tort et un grand club comme l'Espérance a certainement ses raisons», a-t-il affirmé avant de préciser : «Pour moi, le terme de "guerre de communiqués" n'est pas approprié. Nous avons convenu d'une réunion commune pour mettre les points sur les "i" et tout rentrera dans l'ordre bientôt avec la fin du litige».

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Le point à l'ordre du jour qui a retenu plus l'attention dans cette assemblée de la fédération, c'est l'allocution de son président. Wadie Jary ne s'est pas retenu de faire « une guerre de comparaison» pour défendre ce professionnalisme sur lequel certains tirent à boulets rouges. Comparaison de la période d'avant 1994, date de son instauration et de celle d'après, jusqu'à 2023 : «Au niveau résultats de nos clubs d'élite et de nos équipes nationales, il n'y a pas photo entre les deux périodes», rétorque-t-il.

Avec sa mémoire d'éléphant, il a fait parler les chiffres en matière de titres remportés et de performances réalisées pour étayer sa longue plaidoirie. Et l'écart est apparu énorme. Mais on aurait pu mieux faire quand même. «Oui, concède-t-il, mais il faut regarder du côté des moyens et de l'infrastructure défaillants dont la Fédération n'est pas responsable». Et il cite à l'appui : «Un club comme Al-Ahly d'Egypte dont le budget colossal de 200 milliards dépasse celui de tous nos clubs pros et amateurs et de la fédération réunis».

De 8 milliards de déficit à 22 milliards de bénéfice !

Malgré ce lourd handicap financier, nos clubs d'élite sont restés deuxièmes au niveau sacres sur le plan africain et premiers au niveau arabe. Nos équipes nationales ont fait de meilleurs résultats dans la qualification aux grands tournois et phases finales même s'il reste cet amer goût d'inachevé qui est la montée sur le podium en détenteurs de trophée.

«On ne regarde que le résultat final et on ne s'attarde pas sur les points positifs et les zones de lumière d'un parcours bon dans l'ensemble», regrette-t-il. «Une victoire de notre équipe A sur la France, champion du monde et champion européen en phase finale de la Coupe du monde Qatar 2022, restera pour toujours dans les annales, mais elle n'est restée que très peu de temps dans les mémoires comme un exploit des plus élogieux de l'histoire de notre football».

«Le bilan sportif est donc globalement satisfaisant, malgré les lacunes et les imperfections, en comparaison des moyens disponibles. Le bilan financier, lui, est au-delà de toutes les espérances. De huit milliards de déficit depuis qu'il a pris la Fédération en main, Wadie Jary est passé en 2023 à 22 milliards de bénéfices, avec 11 milliards d'actifs en 2022. Personne ne peut dire mieux ni lui contester ce grand mérite. Même pas ses virulents détracteurs.

Plus d'un chantier ouvert est sur le point d'être achevé grâce au concours de la Fifa est une raison pour aller de l'avant et faire cap sur l'avenir. Les discussions avancent avec le ministère de l'Intérieur pour trouver un remède et un rempart à la violence dans les stades. «L'expérience des stadiers va être expérimentée lors du match Tunisie-Botswana et nous espérons qu'elle nous donnera les raisons de continuer cette marche vers l'éradication de la violence de nos stades».

Tout au long de cette assemblée, Wadie Jary a tenu à donner l'impression et les arguments qu'il est encore debout et bien en place. Reste à savoir jusqu'à quand ?

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