Congo-Kinshasa: La colère ne retombe pas à Goma, 4 jours après la répression sanglante d'une manifestation

Dimanche, des jeunes se sont rassemblés devant le gouvernorat du Nord-Kivu pour protester contre les événements de mercredi, à Goma. Une quarantaine de personnes sont mortes lorsque les forces de l'ordre ont dispersé un rassemblement contre la force onusienne, la Monusco. Une délégation interministérielle, envoyée par le président Tshisekedi, est sur place pour enquêter sur les événements. L'équipe conduite par le ministre de l'Intérieur Peter Kazadi s'est rendue dimanche dans le quartier Katoyi, où a eu lieu le massacre. Une journée ville morte est annoncée ce lundi.

Aussitôt arrivée au lieu du drame à Nyabushongo dans le quartier Katoyi, la délégation gouvernementale est accueillie par une foule en colère. Des larmes dans les yeux, Linda Kaboyi, 26 ans, habite à côté de l'église mystico-religieuse incendiée, elle est impatiente.

« J'attends, dit-elle, que nos autorités fassent la lumière sur ce qui s'est passé chez nous. Lors des tirs, une femme s'est réfugiée dans une maison voisine ici. À l'intérieur, elle y a trouvé une femme enceinte en plein travail, précipité par la panique. Quand elle voulait l'aider à sortir de la maison pour une structure médicale proche, la femme enceinte a reçu une balle, elle est décédée. Un autre homme qui se réfugiait dans la même maison a reçu des balles. Tout le quartier est bouleversé, nos familles sont victimes ! »

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Faute de deuil national ou provincial, certains jeunes de Goma organisent des cérémonies de deuil collectif. Ecoutez ce reportage de notre correspondant.

William Basimike Sur les banderoles, il est mentionné que le deuil prendra fin le jour de l'inhumation des corps des victimes.Le porte-parole du gouvernement provincial du Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko, s'est montré rassurant : « Il est demandé aux familles ayant constaté la disparition d'un des leurs après lesdits incidents de passer dans les différents centres hospitaliers qui ont accueilli les victimes blessées ou décédées afin de les identifier et de prendre contact avec la commission qui siège au sein du gouvernorat de la province du Nord-Kivu. »

Tension encore forte à Goma dimanche soir

La délégation du gouvernement a reçu ce dimanche après-midi des responsables des différentes associations des jeunes et des motocyclistes. Faire baisser la tension qui était encore forte ce dimanche soir à Goma, c'était l'objectif.

Dimanche, la police a dispersé le deuil collectif organisé à l'esplanade du Stade de l'unité. Jacques Sinzahera est militant des mouvements citoyens. Pour lui, c'est le message qui compte : « Nous exigeons un enterrement digne des victimes, qu'il y ait réparation et nous demandons qu'il y ait justice parce qu'un massacre ne peut pas se passer en pleine ville par des forces loyalistes et que le monde entier reste calme ».

Malgré la présence de la délégation gouvernementale dans la ville, le comité laïc de coordination et les mouvements citoyens ont appelé à une journée ville morte ce lundi pour demander justice pour Goma. Le maire de la ville, commissaire supérieur principal Faustin Kapend Kamand a appelé ses administrés à vaquer librement à leurs activités. Il indique que les services d'ordre et de sécurité ont été chargés de prendre toutes les dispositions nécessaires.

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