Niger: La cheffe de la diplomatie justifie le maintien de l'ambassadeur de France

La France a de nouveau justifié, le 3 septembre, le maintien de son ambassadeur au Niger, dont elle s'assure de la sécurité face aux pressions, alors que le régime militaire arrivé au pouvoir fin juillet exige son départ.

« Il est notre représentant auprès des autorités légitimes du Niger (...), nous n'avons pas à nous ranger aux injonctions d'un ministre qui n'a aucune légitimité », affirme la patronne de la diplomatie française, Catherine Colonna, dans un entretien au journal Le Monde. « C'est ce qui explique le maintien de notre ambassadeur. Nous nous assurons qu'il puisse faire face en toute sécurité aux pressions des putschistes », ajoute-t-elle. Fin août, les militaires avaient donné 48 heures à l'ambassadeur français Sylvain Itté pour quitter le territoire, ce que Paris a refusé, arguant que ce gouvernement n'avait aucune autorité pour fonder une telle requête. La France continue donc de maintenir une position de fermeté envers le nouveau pouvoir militaire. Ce qui tend encore un peu plus les relations entre les deux pays. Le 25 août, les dirigeants avaient sommé l'ambassadeur de France au Niger de quitter le pays sous 48 heures, mais la France n'avait pas accédé à cette demande.

Mais le 31 août, les militaires sont allés encore un peu plus loin en ordonnant son expulsion et en lui retirant son immunité diplomatique. Car la France continue de soutenir le président déchu, Mohamed Bazoum, aujourd'hui assigné à résidence. Interviewé par France 24, son ancien ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou, a révélé qu'il restait « combatif ». Cependant, l'ancien gouvernement ne compte pas baisser les bras. Il a estimé qu'il n'y avait qu'une issue « réaliste » à ce conflit : une intervention militaire de la Cédéao. « Ils sont venus par la force, et le seul langage qu'ils comprennent, c'est celui de la force », a -t-il asséné au sujet des militaires qui ont pris le pouvoir le 26 juillet. Il a aussi qualifié les manifestants soutenant la junte de « jeunes désoeuvrés » qui sont « fanatisés ».

Des milliers de manifestants se sont rassemblés le 3 septembre pour le troisième jour consécutif aux abords d'une base militaire abritant des soldats français dans la capitale nigérienne Niamey pour réclamer leur départ, une demande du régime militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat fin juillet. Au total, depuis le 1er septembre, des dizaines de milliers de personnes se sont succédé au niveau du rond-point Escadrille, proche de la base nigérienne où se trouvent des soldats français. Le 2 septembre, des manifestants ont convergé vers ce lieu depuis différents quartiers de Niamey et certains sont restés toute la nuit pour un "sit-in". Les tensions diplomatiques sont à leur comble entre le régime militaire au pouvoir et la France qui ne reconnaît pas leur légitimité. Quelque 1.500 soldats français sont stationnés au Niger pour participer à la lutte anti jihadiste dans le cadre d'accords militaires bilatéraux.

Le 3 août, les généraux qui ont pris le pouvoir par un coup d'État avaient dénoncé plusieurs de ces accords. Ces textes contiennent tous différents préavis pour leur fin effective, dont l'un, relatif à un texte de 2012, était d'un mois, selon les militaires. Fin août, lors d'un meeting à Niamey, le colonel Ibro Amadou, membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie avait déclaré que "le combat ne s'arrêtera que le jour où il n'y aura plus aucun militaire français au Niger".

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