Quelle place pour les crédits carbone en Afrique dans le financement de la transition verte et du développement ? Le sommet africain sur le climat organisé à Nairobi jusqu'à mercredi semble encourager cette voie. L'Initiative pour les marchés carbone africains de la Fondation Rockfeller vient de bénéficier d'un engagement de 450 millions de dollars de la part d'un fonds émirati pour le climat. Mais on part de très loin.
Le Ghana aurait bien aimé disposer d'un marché carbone fonctionnel pour financer son interdiction des lampes à incandescence ou le remplacement de ses centrales au fuel par des centrales au gaz.
« Presque tout ce que nous avons fait n'a pas été reconnu. Nous estimons que c'est impératif pour un pays comme le Ghana de bénéficier des crédits carbone », estime Kwaku Afriyie, ministre ghanéen de l'Environnement.
Mais les crédits carbone africains, achetés par des entreprises ou des gouvernements étrangers, pèsent très peu : 120 millions de dollars quand le potentiel serait de 50 milliards. Il faut changer d'échelle, estime John Kerry, l'envoyé spécial des États-Unis pour le climat. « Nous pensons que l'Afrique en bénéficiera et les pays du Sud dans leur ensemble n'en bénéficieront qui si le marché carbone grandit. Et pour cela nous avons besoin de nous assurer de l'intégrité de ces marchés », souligne-t-il.
Un besoin de régulation
Les derniers rapports sur des crédits carbone africains surévalués ou ne contribuant pas à la baisse des émissions ont échaudé les acheteurs. Une régulation s'impose et le Rwanda montre la voie, selon sa ministre de l'Environnement Jeanne d'Arc Mujawamariya. « Le Rwanda a mis en place un registre strict de crédits carbone et un manuel de procédures », assure-t-elle.
La caution des bourses internationales pourrait aussi rassurer. L'Intercontinental Exchange est sur le point de proposer des enchères de crédits carbone africains.