La communauté mouride a célébré, ce lundi 4 septembre, la 129ème édition du grand Magal de Touba. Et à l'image des années précédentes, celle de 2023 n'a pas échappé à la règle de l'affluence. Les fidèles ont commémoré le départ en exil de leur guide. Ils ont formulé des prières, lu le coran et les "khassaides".
La forte chaleur, les embouteillages et les bousculades n'ont pas freiné la ferveur des fidèles mourides, ce lundi, à l'occasion de la commémoration du grand Magal de Touba. En franchissant l'une des quatre portes d'entrée, le pèlerin devra prendre son mal en patience pour entrer dans certains endroits dont l'accès relève d'un parcours du combattant. C'est à l'image du mausolée de Serigne Fallou (deuxième khalife général des mourides) et de Serigne Touba (fondateur du mouridisme) où les policiers veillent aux grains grâce à l'aide des barrières installées aux portes d'entrée et de sortie.
Les forces de l'ordre sont aidées dans cette tachée par des membres du Muxadimatul Xidma. Face à ces contraintes, Ngoné Sène préfère se recueillir à l'extérieur du mausolée de Serigne Fallou Mbacké. Restée au sol pendant une dizaine de minutes, la septuagénaire a effectué son ziar et prié pour que ses voeux soient exhaussés par le Seigneur par la grâce de son guide Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké (sixième khalife général des mourides).
L'intention de Ngoné Sène a été compromise par la présence d'une longue file d'attente, mais pour elle le plus important est de prier. « La prière, on peut la faire partout ou même chez soi. Pour la présence à l'intérieur des mausolées, c'est purement symbolique et malheureusement beaucoup fanatiques ne le savent pas. En ce qui me concerne, mon état de santé ne permet pas de rester pendant longtemps sous la chaleur », s'est-elle réjouie.
Cette situation vécue par cette vielle dame témoigne le difficile accès au mausolée de Serigne Fallou où se reposent aussi deux fils : Serigne Modou Bousso Dieng et Serigne Mouhamadou Lamine Barra Mbacké. La même affluence est notée aux mausolées de Serigne Touba et de Serigne Saliou.
La grande mosquée de Touba, abritant le mausolée de Cheikh Ahmadou Bamba et de ses fils (Mouhamadou Moustapha, Serigne Fallou, Serigne Abdou Khadre, Serigne Saliou et Serigne Mourtalla), est investie tôt le matin par des milliers de fidèles. Vers 12 heures, les nouveaux venus se sont ajoutés aux talibés qui ont passé la nuit sur place. L'accès à certains mausolées est devenu quasiment impossible pour certains. Mais les endurants ont résisté.
Les longues files d'attente, établies après la prière de l'aube, disparaissent momentanément avant d'être refaites par les policiers. La ferveur a été notée sur l'esplanade de la grande mosquée. Certains disciples, à même le sol, récitent des versets de coran ou des vers de Khassaides à hautes voix, alors que d'autres psalmodient tout en égrainant leurs chapelets. Chacun y va avec sa propre initiative. Les téléphones portables ont servi de repère à certains fidèles pour la lecture du coran ou des khassaides.
Outre la grande mosquée, des ziars sont effectués à Daaray Kamail (maison du coran) où repose Serigne Abdou Lahat, l'ancien cimetière situé à l'est de la grande mosquée et le nouveau cimetière de Bakhiya.
Le départ en exil de Serigne Touba a été également commémoré à Darou Minam (résidence de Serigne Moutakha), à la résidence Khadimou Rassoul, chez le quartier général du Dahira hizbou Tarkhiya, etc. Dans ces endroits, les fidèles ont prié pour que leurs voeux soient exhaussés. Ils ont lu le Coran, récité des vers de Khassaides (poèmes de Serigne Touba) et offert des "berndés" (repas copieux) à leurs condisciples.
Le grand Magal de Touba, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba à Libreville (Gabon) en 1895, rassemble près de 4 millions de pèlerins dans la ville sainte fondée par Khadim Rassoul, en 1888. Initialement, les mourides commémoraient ce jour spécial dans leur lieu de résidence mais à partir de 1947, le deuxième khalife général de Bamba, Serigne Fallou Mbacké, leur a demandé de le rejoindre dans la cité relieuse pour une célébration unique. Cette tradition a été perpétuée par tous ses successeurs : de Serigne Abdou Lahat à l'actuel khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké.