Sénégal: Magal - La grande mosquée de Touba, lieu de convergence des pèlerins

Touba — La grande mosquée de Touba est le lieu de convergence de milliers de pèlerins venus célébrer, ce lundi, le Magal, l'évènement religieux commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), fondateur de la confrérie mouride.

Tôt le matin, ces pèlerins ont pris d'assaut la grande mosquée, inaugurée le 7 juin 1963, ainsi que toutes les artères qui mènent à ce majestueux édifice religieux.

Tout le long des murs qui entourent la mosquée, des hommes et des femmes ont formé de longues files pour se recueillir à l'intérieur, en ce jour spécial. Certains parmi eux ont même dû patienter plusieurs minutes avant de franchir le portail principal.

»Il m'a fallu plus d'une heure et beaucoup d'efforts sous le soleil avant de faire ce pourquoi je suis venu ici à Touba, à savoir marquer ce jour par ma présence ici et formuler des prières de paix et de prospérité à toute la communauté musulmane », a déclaré Ahmed Niang, la soixantaine, à sa sortie de la mosquée.

Sur l'esplanade de l'édifice religieux, assis à même le sol, plusieurs pèlerins s'adonnent à la lecture du Coran et des quacaïds, tandis que des foules immenses sont constituées autour des mausolées de Serigne Moustapha, Serigne Fallou et Serigne Saliou, fils de Cheikh Ahmadou Bamba.

Le grand Magal de Touba, organisé sous sa forme actuelle depuis 1928, est un évènement religieux annuel commémorant le départ en exil au Gabon (1895-1902) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, l'une des principales confréries musulmanes du Sénégal.

Né vers 1854, Cheikh Ahmadou Bamba s'est attribué le titre de Khadimou Rassoul, « serviteur du prophète ».

Il est le fils de Mouhamad Ibn Abiballah, plus connu sous le nom de Mor Anta Saly, un serviteur de l'aristocratie princière, juriste-conseiller, un imam très respecté des musulmans et des rois. Sa mère, Mame Diarra Bousso, surnommée « Diarratoullahi », proche d'Allah, était reconnue pour sa piété.

Ahmadou Bamba qui préféra rester loin des palais dira: « si mon défaut est la renonciation aux vanités des princes, c'est là un précieux vice qui ne me déshonore point ».

Il assimila le Coran et certaines sciences religieuses telles que la théologie, la prière et le droit musulman etc. Jusqu'en 1882, Ahmadou Bamba s'occupa de l'enseignement de son père tout en écrivant des Ouvrages dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et le perfectionnement.

Après la mort de son père, Ahmadou Bamba devient un guide et fonda la voie mouride dans un contexte de domination coloniale française. Ce qui était d'ailleurs vu d'un très mauvais oeil par l'administration coloniale.

Le colon français, craignant que les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, résistant anticolonial, suscitent un soulèvement populaire, décide de l'exiler au Gabon entre 1895 et 1902.

"Le motif de mon départ en exil est la volonté que Dieu a eue d'élever mon rang jusqu'auprès de Lui, de faire de moi l'intercesseur des miens et le serviteur du Prophète Mohamed (PSL)", avait, selon la tradition, indiqué Cheikh Ahmadou Bamba.

Khadimou Rassoul (serviteur du prophète Mohamed) est resté sept ans au Gabon, sur l'île inhospitalière de Mayombé, bravant toute sorte de dangers.

Il y a supporté toutes sortes de brimades de la part du colonisateur français engagé plus dans une croisade contre l'islam, au Sénégal. Des années de surveillance, de privation, de solitude et de persécutions, lit-on dans la publication.

Ahmadou Bamba est mort en 1927 à Diourbel. Mais son héritage est perpétué depuis lors par ses fils : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927-1945), El Hadj Falilou Mbacké (1945-1968), Serigne Abdoul Lahat Mbacké (1968-1989), Serigne Abdou Khadr Mbacké (1989-1990), Serigne Saliou Mbacké (1990-2007).

La disparition en 2007 de Serigne Saliou Mbacké a ouvert l'accession des petits-fils au Khalifat : Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (2007-2010), Serigne Sidy Moctar Mbacké (2010-2018).

Serigne Mountakha Bassirou Mbacké est le Khalife général des mourides depuis 2018.

Le Magal, terme wolof voulant dire rendre hommage, célébrer, magnifier, est commémoré en souvenir de cet exil qui marque le début d'une somme d'épreuves supportées en conscience par le cheikh, suivant un pacte contracté avec son créateur.

Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins prennent d'assaut la ville de Touba pour se recueillir et prier à l'occasion du Magal, qui est également un moment de convivialité et d'hospitalité à travers les "berndés", ces copieux repas servis aux pèlerins.

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