Afrique: Sommet régional sur le Bassin du Congo - Un appel à placer les communautés locales au centre des priorités

4 Septembre 2023

Le sommet régional sur le Bassin du Congo, organisé par l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) et ses partenaires, sous le thème : « Réconcilier la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l'urgence climatique dans le Bassin du Congo », a refermé ses portes le 31 août 2023, dans la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), par la « Déclaration de Kinshasa ».

Réunis autour du thème : « Réconcilier la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l'urgence climatique dans le Bassin du Congo », les 200 participants au sommet régional sur le Bassin du Congo, organisé par l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) et ses partenaires ont mis fin à leurs trois jours de travaux le 31 août 2023, dans la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), par la « Déclaration de Kinshasa ».

Reconnaissant l'importance inégalée du Bassin du Congo comme deuxième plus grande forêt tropicale du monde jouant un rôle déterminant dans l'atténuation du changement climatique et constituant une source de vie pour environ 60 millions d'habitants , ainsi que les menaces immédiates qui pèsent sur ce patrimoine forestier inestimable, à travers cette déclaration, les participants ont appelé à une transition agroécologique comme solution fondamentale pour établir des systèmes alimentaires résistants/résilients au climat.

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Au regard de cette importance, le sommet a mis l'accent sur le rôle central des communautés locales et des peuples autochtones dans la conservation de ce massif forestier, tout en insistant que cela passe par un partage équitable des bénéfices.

La déclaration de Kinshasa a également mis en évidence les principaux défis auxquels la région est confrontée, à savoir les mécanismes de financement insuffisants, les lacunes dans les connaissances sur les pratiques agroécologiques et dans la mise en oeuvre des politiques et accords existants, les insuffisances en matière d'infrastructures et les questions pressantes de la gestion des terres et des ressources naturelles.

Le sommet a pris la résolution de donner la priorité aux droits fonciers des populations autochtones, à la lutte contre l'accaparement des terres et à la reconnaissance des terres communales, de renforcer le rôle des femmes dans les pratiques de conservation et d'agroécologie et garantir leur participation active aux processus décisionnels, de plaider en faveur de solutions durables axées sur les communautés. Cette rencontre a aussi été une tribune d'appel à l'action.

Des recommandations issues des communautés

Ainsi, recommandation a été faite aux gouvernements des six pays du Bassin du Congo à, entre autres, réviser et renforcer les politiques publiques et accords relatifs à la conservation, au changement climatique et au développement durable, donner la priorité à un cadre législatif reconnaissant et protégeant les droits fonciers des peuples autochtones et des communautés locales, intégrer le genre dans toutes les initiatives et programmes de conservation et d'agroécologie.

Ils sont également invités à investir dans des programmes d'éducation et de formation pour combler les lacunes en matière de connaissances sur les pratiques agroécologiques, à soutenir la recherche et les plateformes de partage des connaissances et d'expériences permettant aux communautés locales d'adopter des méthodes agricoles durables, à affecter des ressources à l'amélioration des infrastructures telles routes et l'accès aux marchés.

Quant aux donateurs et partenaires au développement, ils ont été appelés à mettre en place des mécanismes de financement qui soutiennent les initiatives de développement durable, de conservation et d'agroécologie et qui soient accessibles aux communautés locales et aux parties prenantes.

Aux organisations de la société civile, il leur a été recommandé de travailler en étroite collaboration avec les communautés locales, les sensibiliser sur les pratiques agricoles durables et de la conservation, défendre leurs droits, de promouvoir l'égalité des sexes.

Le coordonnateur général de AFSA, Dr Million Belay, s'est dit satisfait des résultats du Sommet. « Ce qui est important et satisfaisant à noter est que les différentes recommandations viennent des communautés qui se sont d'ailleurs engagés à s'impliquer activement dans leur mise en oeuvre sur le terrain », s'est-il réjoui.

Pour la 2e vice-présidente des femmes rurales d'Afrique centrale, Dolorès Hortense Kindodila Tombo, les thématiques abordées sont très pertinentes, surtout pour les femmes qui jouent un rôle important dans la production alimentaire et la conservation de la biodiversité. Les femmes de la région attendent jouer pleinement leur rôle dans la conservation du Bassin du Congo qui est leur offre des moyens de subsistance, a-t-elle confié. Mais pour se faire, elles ont besoin de financements conséquents, de renforcement de leurs capacités mais aussi de faire valoir leurs savoirs endogènes, a-t-elle souligné.

Sauver le Bassin du Congo, sauver l'humanité

La jeunesse s'est également engagée à jouer sa partition. « Pour nous, les objectifs du sommet sont atteints, même s'il reste la question de la mise en oeuvre sur le terrain. Nous demandons aux gouvernements de nous faciliter l'accès à la terre afin que nous puissions produire localement et cesser de dépendre des importations », a affirmé la représentante de la jeunesse d'Afrique centrale, Edwina Lokaso Koloando.

La société civile congolaise a également exprimé sa satisfaction à l'issue du sommet. « Pour la RDC, le bilan est très positif. Le neuf thématiques retenues, à savoir l'entrepreneuriat agroécologique, le renforcement des capacités en matière de pratiques agroécologiques, l'autonomisation des femmes par la transition vers l'agroécologie, le renforcement des capacités des peuples autochtones des communautés en matière d'agroécologie, la recherche et la documentation sur l'agroécologie, la restauration des écosystèmes et de la biodiversité, la promotion de la consommation de produits locaux, le plaidoyer en faveur de politiques et de cadres propices à la souveraineté alimentaire et à l'agroécologie et le renforcement des mouvements de jeunesse, vont contribuer à la sauvegarde du Bassin du Congo », a confié le coordonnateur de l'organisation de ce sommet, Josué Aruna. Et sauver le Bassin du Congo, c'est sauver toute l'humanité, car il regorge d'immenses ressources forestières, de la biodiversité, des tourbières qui contribuent énormément à la séquestration du carbone, et partant à l'équilibre planétaire, a-t-il ajouté.

Pour y arriver, il faut relever le défi du financement du plan d'actions et de la synergie d'actions entre gouvernement, partenaires techniques et financiers et acteurs de la société civile. Et c'est de cette façon que l'on pourra sauver Bassin du Congo et assurer la stabilité de l'humanité, a insisté M. Aruna.

Le secrétaire général du ministère de l'environnement de la RDC, Benjamin Toirambe, a félicité les participants à ce sommet pour la qualité de leurs travaux et des conclusions produites. « Vos travaux resteront inoubliables, car de ce grand sommet sortiront des projets qui viabiliseront les systèmes alimentaires dans le Bassin du Congo, tout en privilégiant les atouts liés à la lutte contre le changement climatique, et cela, au profit de nos communautés et de toute l'humanité », a-t-il indiqué, tout en souhaitant une mise en oeuvre réussie des conclusions de ce sommet.

(Depuis Kinshasa, RDC)

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