Niger: La France annonce la fin de ses opérations militaires

"Les troupes françaises déployées au Niger ne peuvent plus continuer de remplir leurs fonctions en matière de lutte antiterroriste et de formation de militaires locaux », a indiqué la cheffe de la diplomatie française dans une interview au journal Le Monde. Le Premier ministre nigérien a affirmé que les échanges sont en cours avec la France.

C'est désormais officiel, la France annonce la fin de ses opérations militaires au Niger. Dans une interview, Catherine Colonna a souligné que les troupes françaises étaient présentes au Niger à la demande des autorités nigériennes pour soutenir la lutte contre les groupes armés terroristes et pour fournir une assistance en matière de formation. "Aujourd'hui, cette mission ne peut plus être assurée, puisque nous n'avons plus, de facto, d'opérations menées conjointement avec les forces armées nigériennes », a déclaré la ministre. Cependant, en raison de l'absence de coopération opérationnelle avec les forces armées nigériennes, ces missions ne peuvent plus être menées à bien.

Plus tôt, vendredi, le chef d'État français, Emmanuel Macron, avait martelé que la France ne prendra de décision sur le Niger qu'après des consultations avec le président élu Mohamed Bazoum. « Les décisions que nous prendrons, nous les prendrons sur la base d'échanges avec le président Bazoum, quelles qu'elles soient », avait-il déclaré. Le président français avait également réitéré son soutien aux « décisions courageuses et claires prises » par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest « qui a décidé de condamner ce putsch, qui a pris des sanctions économiques et financières lourdes, et qui souhaite maintenant » une restauration de « l'ordre constitutionnel ».

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Le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, a affirmé le 4 septembre que « des échanges » étaient « en cours » pour que les forces françaises basées dans le pays se retirent « rapidement », tout en espérant « maintenir une coopération » avec la France. Le gouvernement nigérien a dénoncé des accords militaires avec Paris. Ali Mahaman Lamine Zeine a affirmé que les forces françaises « sont dans une position d'illégalité » et estimé que « les échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement que ces forces se retirent ». « Ce qui nous intéresse c'est, si possible, de maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses », a-t-il ajouté.

Les tensions diplomatiques sont à leur comble entre le régime militaire au pouvoir depuis le coup d'Etat du 26 juillet et la France qui ne reconnaît pas leur légitimité. Quelque 1.500 soldats français sont stationnés au Niger pour participer à la lutte anti-jihadiste dans le cadre d'accords militaires bilatéraux. Le 3 août, les généraux qui ont pris le pouvoir par un coup d'État avaient dénoncé plusieurs de ces accords. L'un de ces textes contenait un préavis d'un mois, selon les militaires. Le Niger a, par ailleurs, retiré l'immunité et le visa diplomatiques de l'ambassadeur de France, Sylvain Itté, et exigé son expulsion.

La pression des manifestants

La déclaration de la cheffe de la diplomatie française intervient alors que, depuis vendredi, les participants à une manifestation devant l'ambassade de France au Niger avaient menacé de prendre d'assaut le bâtiment si l'ambassadeur Sylvain Itté ne quittait pas le pays dans les prochaines heures. Toujours dans son entretien au journal Le Monde, la ministre dit être sûre que l'ambassadeur français à Niamey Sylvain Itté peut poursuivre tranquillement son travail au Niger, bien que les autorités nigériennes exigent son départ du pays.

« Il est notre représentant auprès des autorités légitimes du Niger, accrédité comme tel, et nous n'avons pas à nous ranger aux injonctions d'un ministre qui n'a aucune légitimité, ni pour les pays de la sous-région, ni pour l'Union africaine, ni pour les Nations unies, ni pour la France. C'est ce qui explique le maintien de notre ambassadeur », a-t-elle indiqué. « Nous nous assurons qu'il puisse faire face en toute sécurité aux pressions des putschistes », a-t-elle ajouté.

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