Ce procès, qui intervient après plus de dix ans d'enquête, devrait être le plus long de l'histoire de la Suède puisque les plaidoiries finales sont prévues pour février 2026.
La comparution de deux anciens dirigeants d'une compagnie pétrolière suédoise a débuté ce mardi devant un tribunal de Stockholm. Les deux hommes sont accusés de complicité de crimes de guerre avec le régime soudanais d'Omar el-Béchir entre 1999 et 2003.
Les faits remontent à la fin des années 1990. Le sud du pays s'oppose alors au gouvernement d'Omar el-Béchir et obtiendra finalement l'indépendance en 2011.
En pleine guerre civile, l'entreprise pétrolière suédoise Lundin, via une filiale locale, conclut un accord avec le gouvernement central soudanais pour exploiter un gisement de pétrole dans le sud du pays. En échange, la compagnie s'engage à partager une partie des bénéfices avec l'État soudanais.
Des milliers de morts
Le parquet suédois soupçonne aujourd'hui l'ancien président et l'ancien directeur de l'entreprise, un Suisse et un Suédois, de complicité de crimes de guerre. Car entre 1999 et 2003, pour créer les conditions nécessaires à l'exploitation du pétrole, l'armée soudanaise et des milices qui étaient alliées avec elle ont mené des attaques systématiques contre des civils, soutient le procureur suédois en charge de l'affaire.
Les assaillants « ont recouru à des tactiques et des armes que ne permettaient pas de distinguer les civils des combattants ni les cibles militaires des biens des civils », a estimé le procureur, Henrik Attorps. Des milliers de personnes ont ainsi été tuées dans ces combats, d'après des estimations de l'ONG indépendante European coalition on oil in Sudan.
Les accusés et l'entreprise rejettent ces accusations et assurent que les témoins ne sont pas indépendants ou encore que le dossier ne contient pas de preuves objectives. « Nous sommes impatients de pouvoir nous défendre devant un tribunal. Ces accusations sont fausses, complètement fausses et très vagues », a dit Ian Lundin, 62 ans, en strict costume gris, aux journalistes. Le procès doit durer jusqu'en 2026.