Au Sénégal, le Grand Magal a pris fin mardi 5 septembre. Ce gigantesque événement religieux, qui a réuni plus de 5 millions de fidèles dans la ville de Touba, commémore le départ en exil au Gabon du fondateur du mouridisme, une confrérie soufie. Pour l'occasion, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, l'une des plus importantes figures religieuses du Sénégal, a prononcé un discours aux tonalités très politiques.
Pour le chercheur Cheikh Guèye, spécialiste du mouridisme, à six mois d'une présidentielle tendue, le khalife a envoyé des messages au pouvoir tout comme à l'opposition, aucun mot n'était innocent : « Ce n'est pas un hasard si d'abord le thème de cette allocution concerne la paix et la cohésion nationale. Et dans le discours, on a entendu un appel aux leaders. Je pense que c'est au président que ça s'adresse d'être un président plus empathique, plus généreux, plus tolérant, qui sait pardonner », dit-ilà RFI.
« Dans le pays, il y a également une sorte d'appel pressant pour que les religieux poussent l'État à diminuer la répression sur les actes de l'opposition, en l'occurrence Ousmane Sonko. On a également perçu dans le discours des références au fondateur de la confrérie des mourides qui était sous le joug de la colonisation, qui a souffert de l'exil, et qui a démontré une capacité de résilience... Le fait de le rappeler et de le donner comme exemple aux acteurs politiques, c'est une forme de message à l'opposition. C'est dans la souffrance, dans les épreuves qu'on s'élève et qu'on accède à la victoire ».