Dakar — La forte affluence des Dakarois vers Touba (centre) pour le pèlerinage annuel de la communauté mouride a ralenti l'activité économique dakaroise, dans les surfaces d'approvisionnement en denrées alimentaires de Tilène et de Gueule-Tapée, par exemple.
Le marché au poisson de Soumbédioune s'est vidé de plusieurs vendeurs de fruits de mer et d'une grande partie de la clientèle de ces derniers. Au quai de pêche de Soumbédioune, des jeunes assis derrière des étals sont à l'affût des clients, qui se font désirer.
Modou Ndiaye, un poissonnier, fixe des parasols pour protéger ses étals du soleil et de la pluie. De fines gouttes de pluie tombent du ciel. Le vendeur de fruits de mer dépose devant lui une bassine à moitié remplie de gros poissons coupés en morceaux. "C'est du poisson frais. Le Magal n'a pas empêché les pêcheurs d'aller à la pêche", assure Modou Ndiaye.
Les poissonneries de Soumbédioune sont grouillantes de monde pendant les après-midis, ce qui n'est pas le cas le matin ou en milieu de journée, explique M. Ndiaye, faisant remarquer que "beaucoup de pêcheurs ne viennent pas travailler aujourd'hui".
Babacar Diankha, un vendeur de poisson, discute avec la journaliste de l'APS en même temps qu'il lave de gros poissons avec une éponge, un jeune homme s'empressant de venir l'aider. Il doit livrer une commande au gérant d'un restaurant. "Pourtant, il y a du poisson aujourd'hui, mais les clients sont absents. Je pense qu'ils vont venir d'un moment à l'autre", espère M. Diankha, rappelant qu'ils sont venus en nombre le jour du Magal, lundi.
"Hier, à pareille heure, beaucoup de gens étaient là pour acheter du poisson", témoigne le vendeur de fruits de mer, disant n'avoir reçu que quelques commandes.
Plus près de l'océan, des pirogues sont arrimées à perte de vue. Deux hommes assis sur des nattes discutent tranquillement. Ce sont des pêcheurs. "Aujourd'hui, seules une dizaine de pirogues sont parties à la pêche. La plupart des pêcheurs sont allés au Magal. Et ceux qui sont restés à Dakar, dont moi-même, se reposent", explique Ameth Ndiaye.
Cet ancien pêcheur reconverti en contrôleur des activités de pêche de ses enfants espère que le marché au poisson de Soumbédioune reprendra ses couleurs dans les prochains jours.
Le marché Tilène, où de nombreux clients viennent souvent s'approvisionner en poisson et d'autres denrées alimentaires, s'est presque vidé de son monde. Les vendeurs aussi se font désirer.
Oumou Sow, une vendeuse de légumes assise aux côtés de sa fille venue l'assister, range des dizaines de gombos sur un étal en bois recouvert d'une toile bleue. Elle prétend que tout est cher. "Et ce n'est pas à cause du Magal. Les prix sont partis à la hausse depuis longtemps", grogne-t-elle, avant de renchérir : "Les gens n'ont pas le choix. Il faut manger pour rester en vie, mais tout est cher."
"Tout est cher [...] Et les gens sont sans le sou"
L'une de ses voisines du marché vend des bottes de feuilles de menthe. "Il y a plus de clients aujourd'hui qu'on en voyait hier", raconte-t-elle.
"Hier, le marché était presque vide. Seuls les clients ne pouvant pas acheter des denrées en grande quantité et les garder au frais viennent faire leurs courses", explique Abibatou.
Mariétou Touré vend des tomates et du piment vert. Une cliente choisit un tas de piment et veut l'acheter à 100 francs CFA. L'épicière s'énerve, jugeant modique le prix proposé par la cliente. "J'ai acheté le kilo de piment à 5.000 francs. Et celle-là veut que je lui vende ce tas à 100 francs. C'est juste impossible", s'écrie Mariétou Touré en montrant du doigt ses piments.
Selon elle, les prix des denrées alimentaires ont augmenté en raison de l'absence de nombreux vendeurs partis à Touba, où se sont retrouvés 5.875.536 personnes, environ un tiers de la population sénégalaise, selon une étude menée par des spécialistes, à la demande du comité d'organisation du Magal.
Chaque fête est une occasion pour les grossistes d'augmenter les prix, selon Mme Touré.
Le marché Gueule-Tapée, en revanche, grouille de monde. Les étals sont bien garnis. "Aujourd'hui, je ne suis pas allée au marché Castor. J'ai préféré y aller hier pour faire mes provisions et venir les revendre au détail", dit Fatoumata Diarra Diallo, une vendeuse de légumes, s'inquiétant : "Tout est cher [...] Et les gens sont sans le sou."