Madagascar: La chute du royaume de l'Andrantsay

L'Andrantsay forme, vers la fin du XVIIIe, un noyau de peuplement assez important par rapport aux régions voisines de la plaine de l'Onive et celle d'Antsirabe, encore désertes.

Et comme peuplement et prospérité vont de pair, le voyageur français Mayeur qui visite la contrée en 1777, écrit : « ... Le pays abonde en mines de fer que les habitants exploitent... Le coton et l'indigo croissent à Andrantsay... » Aussi n'est-il pas étonnant que des échanges commerciaux aient accompagné des mouvements de population entre l'Andrantsay et les pays voisins, en particulier Isandra et Manandriana.

Le géographe Jean-Yves Marchal mentionne à ce sujet « la présence de nombreux tombeaux et de parcs à boeufs qui, par l'originalité de leur construction, se rapprochent de ce que l'on peut observer en pays betsileo ». Autre indice, le qualificatif donné au fameux roi Andriamanalinarivo-Betsileo, alors qu'il n'a aucun lien de parenté avec une quelconque famille du Betsileo.

Le chercheur de l'Orstom suggère que les traditions merina ont colporté cette erreur, pensant que « des alliances entre l'Isandra et l'Andrantsay étaient assez fortes pour que les Merina y aient vu une alliance entre deux souverains betsileo »... Ce qui expliquerait les confusions rencontrées entre les deux rois contemporains, « Andriamanalinarivo-Betsileo d'Andrantsay et Andriamanalimbetany, roi betsileo de l'Isandra ».

En revanche, l'Andrantsay semble être l'allié des Sakalava du Betsiriry, à l'Ouest. Ces derniers lui envoient les premiers fusils et la poudre de provenance arabe et européenne. Quand en 1777, Mayeur atteint la région centrale, la renommée de l'Andrantsay est assez forte pour qu'il se rende dans ce royaume avant de visiter l'Ankova.

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Près de Soavina, au nom de Louis XVI, il contracte avec le souverain- « sans doute Andrianoninasandratra qui règne avant Andriamanalinarivo »- un serment d'alliance, d'amitié et de fidélité. « Serment verbal, certes, mais qui prouvait l'ampleur prise par le royaume à la fin du XVIIIe siècle ». Ainsi, la renommée du royaume de l'Andrantsay comme ses alliances ne peuvent qu'inquiéter les peuples voisins qui ambitionnent d'étendre leur autorité sur la partie centrale de l'ile.

C'est le cas des Merina. Andrianampoinimerina (1787-1810), après avoir réunifié et pacifié son royaume, se tourne vers ses voisins qui constituent jusqu'alors des dangers perpétuels d'invasion. Ces derniers, une fois soumis et que toute menace est écartée aux frontières, le souverain s'intéresse aux royaumes plus éloignés, tels ceux des Betsileo qu'il considère comme « des prolongements naturels de son royaume ». C'est ainsi qu'après la soumission du Vakinisisaony au Sud d'Antananarivo, et celle du Vonizongo à l'Ouest, Andrianampoinimerina envoie ses émissaires chez les Andrantsay pour que leur roi se reconnaisse « Fils du Merina».

Il semble alors qu'il n'est pas question « d'établir une hégémonie de domination, mais simplement de tenter une union territoriale» (Histoire politique et religieuse des Malgaches, Dama-Ntsoha, 1955). Après plusieurs voyages des messagers, Andriamanalinarivo d'Andrantsay accepte leur proposition, mais il demeure maître en ses États. Assuré de cette soumission verbale, Andrianampoinimerina poursuit l'extension de son royaume.

C'est alors que les Manisotra sont vaincus en Imerina. Leurs chefs nobles demandent asile à celui qui, selon eux, paraît le seul à pouvoir affronter le roi de l'Imerina. Ainsi, non contents d'être accueillis par Andriamanalinarivo, ils l'exhortent à ne plus reconnaître l'autorité du conquérant. Le roi de l'Andrantsay hésite longtemps, spécifie la tradition.

Mais comme il est malade et âgé, ses neveux décident d'agir à sa place. Les envoyés merina son chassés et menacés de mort. La réaction du souverain de l'Imerina ne se fait pas attendre, et ce sera la conquête armée. Après la résistance de Fandanana, à l'ouest de Soavina durant la première année du conflit, le royaume de l'Andrantsay finit par se soumettre définitivement l'année suivante. Andriamanalinarivo, réfugié à Fiva, décède vers 1807.

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