À Madagascar, voilà presque trois mois que les enseignants-chercheurs de l'université d'Antananarivo sont en grève.
Depuis lundi, ils manifestent pacifiquement sur leur lieu de travail pour dénoncer l'inaction des pouvoirs publics face à leurs revendications vieilles de plus de cinq ans : non-paiement de certaines indemnités, manque de moyens, infrastructures délabrées, le syndicat des enseignants chercheurs de la section d'Antananarivo a promis ce mardi de durcir encore son mouvement.
On les accuse d'être séditieux, de laisser tomber leurs étudiants et de pousser l'université d'Akantso, à Antananarivo, à déclarer l'année 2023, année blanche, à cause de leurs grèves répétées et très suivies. Des accusations dont les enseignants se défendent.
« Nous ne faisons que réclamer notre dû », expose Graziella Masindrazana, enseignante-chercheuse et secrétaire générale du Syndicat des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants (Seces), à Antananarivo. « Cela fait cinq ans que l'État n'a pas payé nos heures complémentaires, dit-elle. C'est assez pénible de se heurter aux murs gouvernementaux. Nous avons déposé des demandes d'audience pour rencontrer monsieur le président, mais jusqu'à maintenant, nous n'avons reçu aucun écho favorable. Si les lois qui ont été votées l'année dernière étaient appliquées, la majorité de nos revendications seraient satisfaites parce qu'il y aurait beaucoup plus d'autonomisation de l'université », dit-elle.
Des enseignants-chercheurs qui se sentent abandonnés par l'État
Seulement, après des mois d'attente, la loi a été jugée non conforme en juin dernier par la Haute cour constitutionnelle. Un ultime revers pour les enseignants-chercheurs qui se sentent une nouvelle fois abandonnés par l'État : « Il n'y a pas de développement possible sans un enseignement supérieur fort. C'est exactement pour cela que nous nous battons ».
Aujourd'hui, les fonds alloués à la recherche scientifique représentent moins de 0,1% du budget de l'État. Si le syndicat assure garder la porte ouverte pour les négociations, il projette néanmoins de poursuivre ses actions « université et centre de recherche morts ».