Dakar — Les performances économiques du Sénégal au cours des dix dernières années démontrent clairement que le Plan Sénégal émergent (PSE) a connu la réussite, déclare le directeur général du Bureau opérationnel de suivi (BOS) du PSE, Ousseyni Kane, évoquant les "défis importants" restant à relever par le pays pour nourrir et loger "une population en expansion et en urbanisation rapide".
"Cette première décennie a démontré clairement que le PSE est une réussite. Dix ans après [son lancement], il est incontestable que la photographie du Sénégal en 2014 est différente de celle de 2023. Le PSE est une réussite à plusieurs égards", soutient M. Kane dans une tribune parvenue mercredi à l'APS.
Il estime que "le bilan est largement positif et la dynamique sera poursuivie pour porter notre pays sur les rampes de l'émergence".
"Il est toutefois évident que dans les décennies à venir, le Sénégal devra relever des défis importants pour assurer sa sécurité alimentaire et améliorer le revenu de sa population en expansion et en urbanisation rapide", prévient Ousseyni Kane.
Relever ce défi va consister, précise-t-il, à "non seulement produire plus, mais [à] produire mieux, tout en ménageant les ressources naturelles".
"Consolider les acquis" du PSE
M. Kane affirme que l'économie sénégalaise a enregistré au cours de la période 2014-2023 une croissance moyenne de 6,5 %, contre une moyenne de 3 % entre 2005 et 2013.
L'objectif du Sénégal était d'atteindre une croissance moyenne de 7 % ou 8 % en 2023, selon le directeur général du BOS du Plan Sénégal émergent.
Ces résultats étant atteints, "il nous faudra dans les dix années à venir, d'ici à 2035, consolider les acquis, atteindre la vitesse de croisière" du PSE, recommande-t-il.
M. Kane a rappelé les performances économiques réalisées par les Sénégal avant le Plan Sénégal émergent. "Pendant plus de cinq décennies, avant le PSE, le Sénégal a connu des taux de croissance économique [qui] n'ont pas permis une réduction durable de la pauvreté", signale-t-il.
À son avis, la faiblesse de la croissance du produit intérieur brut du pays au cours des décennies antérieures à la mise en oeuvre de son plan de développement actuel s'explique en partie par des niveaux insuffisants de productivité, des difficultés d'accès aux facteurs de production, la vulnérabilité de l'agriculture face aux aléas climatiques, la faible structuration des chaînes de valeur agropastorales, les difficultés d'accès à la terre et à des financements adaptés, et les problèmes de gouvernance.
La "morosité" de l'économie sénégalaise avant le PSE est également une conséquence des retards de la mise en oeuvre des réformes dans les secteurs de l'énergie et de l'environnement des affaires, de l'insuffisante capacité d'impulsion de l'État, des "problèmes d'efficacité" de la dépense publique et de la résistance de certains acteurs au changement, analyse le directeur général du BOS du Plan Sénégal émergent.
Une "transformation structurelle de notre économie et une croissance partagée"
"C'est dans ce contexte que le Plan Sénégal émergent a été élaboré et lancé. Le [PSE] est une stratégie sur la période 2014-2035, adossée à une vision, celle d'un Sénégal émergent à l'horizon 2035, à travers trois axes stratégiques : la transformation structurelle de l'économie et de la croissance, le capital humain, la protection sociale et le développement durable, et la gouvernance (institutions, paix et sécurité)", rappelle-t-il.
Ce plan est mis en oeuvre pour accélérer durablement la croissance, favoriser la croissance inclusive et renforcer la résilience de l'économie sénégalaise en combinant plusieurs moteurs de croissance pérennes, ajoute Ousseyni Kane.
Le PSE mise sur le rééquilibrage de la balance commerciale, l'amélioration du "niveau de rétention" des richesses créées sur le territoire national, la création d'emplois stables et formels, et une croissance garantissant un levier de développement social et humain, selon M. Kane.
Le PSE est bâti autour de secteurs prioritaires permettant d'asseoir une "transformation structurelle de notre économie et une croissance partagée", souligne-t-il. Il s'agit, selon lui, de développer le secteur agricole, l'élevage et les produits de la mer, de rendre performant le secteur minier, de promouvoir l'habitat social, de moderniser l'économie sociale et solidaire, de faire du Sénégal un hub logistique et industriel, et de rendre dynamiques les services (tourisme, économie numérique, santé, éducation...).
Le directeur général du BOS du Plan Sénégal émergent rappelle que quatre nouveaux secteurs doivent émerger pour l'atteinte des objectifs du PSE : l'agriculture et l'agro-alimentaire, l'habitat, les mines et le tourisme.
"Un cycle de croissance fort et soutenu"
Tripler les exportations, créer 350.000 emplois formels, augmenter de 3 millions le nombre de personnes bénéficiant d'un "revenu discrétionnaire" et multiplier par 1,5 le produit intérieur brut par habitant font partie des objectifs du plan de développement national.
Après avoir fixé ces objectifs et lancé le PSE, "notre pays a connu un cycle de croissance fort et soutenu, jamais réalisé depuis notre indépendance", soutient Ousseyni Kane.
À preuve, argue-t-il, "le classement de World Economics, qui fait autorité en matière de données statistiques, reconnaît [...] le Sénégal comme le pays à la croissance la plus régulière de la décennie 2011-2021".
"Cette croissance projetée à 8 % pour la première décennie de mise en oeuvre du PSE a atteint une moyenne de 6,6 % [...] et n'a été ralenti que par la pandémie de Covid-19", souligne M. Kane.
Il pense que "la résilience de notre pays face à cette crise sanitaire, sociale et économique sans précédent, avec un taux de croissance positive en 2020, alors que toutes les économies du monde étaient en récession, témoigne de la solidité et de la viabilité du modèle économique" du pays.
"Pour l'année 2022, notre taux de croissance s'est établi à 4,8 % et devrait atteindre un niveau sans précédent de près de 10 % en 2023, avec le début d'exploitation de nos ressources pétrolières et gazières", écrit le directeur général du Bureau opérationnel de suivi du PSE.
Le PSE "a changé le visage du Sénégal"
"Plusieurs indicateurs pertinents démontrent à quel point le PSE a changé le visage du Sénégal et transformé le pays, l'a projeté dans une autre dimension et a autorisé de nouvelles ambitions et perspectives", fait-il observer.
M. Kane énumère le taux de croissance projeté à 10,6 % en 2024 par le Fonds monétaire international, pour le Sénégal, un budget national passé de 2.586 milliards de francs CFA en 2012 à 6.411,5 milliards en 2023 et un taux de mortalité infantile de 3 %, contre 6 % en Afrique de l'Ouest et 4,5 en Afrique.
"Notre PIB était de 27,63 milliard de dollars américains en 2021, contre 15,46 milliards de dollars américains en 2012. L'inflation moyenne sur la période de 2012 à 2021 est de 1,5 % par an, contre une moyenne de 2,7 % sur la décennie d'avant PSE (2002- 2011", fait-il valoir.
Le taux de couverture des dépenses publiques internes par les recettes internes est de 85 % en 2022, contre 61 % en 2011, signale Ousseyni Kane.
Le produit intérieur brut par habitant a augmenté de 1.609 dollars américains en 2021, contre une moyenne de 1.790 dollars américains en Afrique subsaharienne, écrit M. Kane.
"Le taux de pauvreté a baissé de 5 %"
"Notre taux d'espérance de vie est de 67,9 %, contre 57,3 % en Afrique de l'Ouest et 60,2 % en Afrique subsaharienne", ajoute-t-il, soulignant que, grâce au PSE, la prévalence de la sous-alimentation est de 7,5 %, contre 19,1 % en Afrique subsaharienne.
"Le taux de pauvreté a baissé de 5 % et est le plus bas de l'Afrique de l'Ouest", fait valoir le directeur général du BOS du Plan Sénégal émergent.
Se basant sur des données de la Banque mondiale, il affirme que le PSE a permis au Sénégal d'avoir un taux d'accès à l'électricité de 68 %, soit quatre points de plus que la moyenne de l'Afrique subsaharienne.
"Il peut paraître assez réducteur, en évoquant les investissements sur les infrastructures, de [ne parler que du] TER (Train express régional), de l'autoroute Ila Touba et du BRT (une infrastructure de transport de masse en construction à Dakar)", commente M. Kane, estimant que "la pertinence de ces projets ne fait l'ombre d'aucun doute".
"En parlant des infrastructures, poursuit-il, il faudra évoquer celles de l'énergie, qui ont permis à notre pays de passer d'une puissance installée de 570 mégawatts en 2012 à plus de 1.787 mégawatts en fin 2022, avec le développement des centrales électriques de grande capacité de Mboro, de Saint-Louis, du Cap des Biches, de Malicounda..."
Le directeur général du Bureau opérationnel de suivi du PSE ajoute à ces réalisations le nouveau programme d'installation de 250.000 lampadaires solaires et l'électrification de plus de 5.000 villages, de 2012 à nos jours.
"En parlant d'infrastructures, il faudra aussi évoquer celles de désenclavement et de connectivité favorisant une équité territoriale indispensable à un développement harmonieux de notre pays", souligne-t-il.
Dans ce domaine, Ousseyni Kane évoque le pont de la Sénégambie, le pont Nelson-Mandela de Foundiougne (ouest) et ceux de Marsassoum (sud) et de Rosso (nord).
Une baisse de 3 % de la pêche en 2021
S'agissant encore des infrastructures, M. Kane rappelle la construction des ports de Ziguinchor (sud) et de Foundiougne, ainsi que de cinq aéroports régionaux.
"Tout cela est loin d'être exhaustif pour démontrer que la vision du PSE [...] s'inscrit dans une cohérence globale, celle de doter notre pays de toutes les infrastructures indispensables à son décollage économique", écrit-il.
Les productions agricoles sont estimées en 2022 à près de trois milliards 663 millions 690 tonnes, soit une hausse de 5 % par rapport à la campagne agricole précédente, et de 23 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon le maître d'oeuvre du Plan Sénégal émergent.
"La valeur ajoutée du secteur agricole est passée de 780,4 milliards de francs CFA en 2019 à 1.574,7 milliards en 2022, soit une croissance de 101,8 %. Elle a augmenté globalement de plus de 400 % par rapport à 2012", affirme-t-il en attribuant ces résultats au PSE.
Grâce à ce plan de développement, "la valeur ajoutée du secteur de l'élevage a enregistré une hausse de 2,4 % en passant de 469,7 milliards de francs CFA en 2020 à 481,1 milliards en 2021. En effet, la production nationale de viande et d'abats a atteint un volume de 297.521 tonnes en 2021, soit une augmentation de 12.565 tonnes par rapport à 2020, et un taux de réalisation de 97 % de la cible", poursuit Ousseyni Kane.
La production nationale de lait a enregistré une augmentation de 4,8 % entre 2020 et 2021, pour se situer à 280,6 millions de litres, selon lui.
La production aquacole nationale était de 1.374 tonnes en 2021, contre 1.100 tonnes en 2020, soit une augmentation de 24,9 %. "Ce bon résultat s'explique par la création de 43 nouvelles fermes, l'acquisition de géniteurs et le renforcement de l'encadrement des infrastructures aquacoles."
M. Kane signale en revanche que la valeur ajoutée du sous-secteur de la pêche, un secteur clé de l'économie sénégalaise, a enregistré une baisse de 3 % en passant de 139,6 milliards de francs CFA en 2020 à 135,5 milliards en 2021.