Afrique: Mali - «Ben le Cerveau», chef du mouvement Yerewolo, sera jugé pour «atteinte au crédit de l'État»

Au Mali, il était surtout connu pour son soutien à la junte. Ben le cerveau a été inculpé ce mardi et incarcéré pour « atteinte au crédit de l'État », il sera jugé dès vendredi. Adama Ben Diarra, de son vrai nom, est membre du Conseil national de transition (CNT), l'organe législatif de la transition, il est également à la tête du mouvement Yerewolo-Debout sur les remparts.

Son inculpation fait suite à des propos critiques tenus dimanche dernier sur une radio malienne. Ben le Cerveau avait notamment critiqué la gestion du pays, estimé que la révolution attendue était avancée de seulement 15%, et demandé aux autorités de transition de respecter le calendrier prévu, avec une présidentielle programmée en février 2024 qui doit marquer le retour à l'ordre constitutionnel au Mali.

Ce qui peut surprendre avec cette procédure, c'est qu'Adama Ben Diarra est depuis le début de la transition un soutien farouche des militaires qui ont pris le pouvoir, et tout particulièrement du président de transition, le colonel Assimi Goïta. Ben le Cerveau a toujours défendu les choix d'Assimi Goïta, à commencer par le recours au groupe Wagner, dont il est même le premier à s'être félicité de l'arrivée dans le pays.

Des propos critiques contre le CNT déjà tenus en novembre

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Ce n'est pourtant pas la première fois qu'Adama Ben Diarra élève la voix contre la Transition. En novembre 2022, des propos critiques sur l'ajout de nouveaux sièges au Conseil national de la transition (CNT) et sur l'augmentation du budget de la présidence avaient déjà fait quelques vagues, mais depuis le « commandant en chef » de Yerewolo, selon la terminologie officielle du mouvement, avait continué de soutenir la marche de la transition. « C'est toujours le cas aujourd'hui », confie un cadre de Yerewolo, qui juge que rappeler les autorités à leurs engagements ne porte en rien atteinte au crédit de l'État.

Cette même source assure que Ben le Cerveau et Yerewolo demeurent des soutiens indéfectibles des autorités de transition. Le mouvement appelle ses partisans à la retenue et affiche sa confiance dans l' « impartialité » et à l' « indépendance » de la justice malienne.

Sollicité sur cette procédure, le procureur du tribunal de la Commune VI de Bamako n'a pas donné suite. De source judiciaire, Ben le cerveau sera jugé dès vendredi. Le Parquet livrera sans doute ses précisions durant la séance.

« Nous pensons que c'est purement politique »

Depuis le début de la transition, Ben le Cerveau et son mouvement Yerewolo sont des soutiens de premier plan des militaires au pouvoir. C'est ce que tient à rappeler le coordinateur de Yerewolo, Mohamed « Bill » Traoré. « Nous ne pensons pas qu'il a porté atteinte au crédit l'État [...]. Nous restons toujours dubitatifs par rapport à ce que le procureur a dit. Quelle partie de son propos a porté atteinte au crédit de l'État ? », s'interroge Mohamed « Bill » Traoré. Et lorsque Ben le Cerveau prend position contre une prolongation de la transition et qu'il demande aux autorités de respecter le calendrier électoral prévu ? « Non, ça n'est pas un problème. Au Mali, tous les jours, les gens disent ça. Nous ne pensons pas que ce soit un problème. Nous pensons que c'est purement politique. Parce que personne ne peut ignorer l'engagement du mouvement Yerewolo-Debout sur les remparts à l'égard des autorités de la Transition. Et même les autorités de la transition sont reconnaissantes par rapport à ça. Maintenant, puisque c'est le procureur qui s'est autosaisi de ce dossier, nous attendons d'avoir les résultats de ça. Nous ne pouvons que demander le calme et la retenue - c'est tout ce que nous avons dit. Et nous portons notre entière confiance à notre justice. »

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