Gabon: Drôle d'Archange pour veiller sur la Transition

C'est un Archange qui a atterri le mardi 5 septembre 2023 à Libreville. Mandaté par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), le président centrafricain est venu prendre le pouls de la situation sociopolitique au Gabon, suite au coup d'Etat qui a renversé Ali Bongo Ondimba le 30 août dernier.

Sitôt le putsch consommé, l'organisation sous-régionale a suspendu le pays de ses instances et exigé le retour à une vie constitutionnelle normale dans un bref délai.

C'est pour s'assurer que son message a été bien entendu que son missus dominicus est arrivé dans la capitale gabonaise où il a notamment rencontré le chef de la Transition, le général Brice Oligui Nguéma, le président déchu, Ali Bongo, ainsi que l'opposant Albert Ondo Ossa qui revendique la victoire à la dernière présidentielle.

Le choix du médiateur interroge à plus d'un titre. Voici en effet un chef d'Etat qui est arrivé au pouvoir et s'est maintenu à l'issue d'élections problématiques en raison de la situation sécuritaire que traverse la Centrafrique depuis plus d'une décennie, qui est en train d'épuiser ses deux mandats et qui n'a pas trouvé mieux que de tripatouiller la Constitution pour jouer les prolongations.

La nouvelle loi fondamentale adoptée par référendum le 30 juillet 2023 ouvre la voie à un pouvoir ad vitam aeternam pour celui qui était censé venir consolider la démocratie, restaurer la paix, mais, qui pour tout programme de gouvernement, ne songe qu'à pousser des racines sur le fauteuil présidentiel avec le soutien des mercenaires russes de Wagner à qui il a pratiquement vendu tout le pays à coups de concessions minières et autres. Il règne ainsi pratiquement sur Bangui et ses environs sans prise avec l'ensemble du territoire. Et c'est ce drôle d'oiseau qu'on envoie pour veiller sur une Transition qui vient à la suite du règne interminable des Bongo père et fils.

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Quelle leçon de vertu démocratique peut-il enseigner aux Gabonais qui rêvent aujourd'hui d'un nouveau départ ? Autant dire que le casting de la CEEAC pose problème.

Le souci est que dans cette Afrique centrale, un oiseau rare qui serait un bon exemple est presque introuvable. Entre un Paul Biya qui compte 40 ans de règne, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo qui est au pouvoir depuis 1979, Denis Sassou-Nguesso qui a dirigé une première fois le Congo entre 1979 et 1992 et est de retour aux affaires depuis 1997, le Tchadien Mahamat Idriss Déby qui vient de succéder à son père Idriss Déby Itno dans la plus pure tradition monarchique et les « petits arrangements à l'africaine » qui ont conduit Félix Tshisekedi au pouvoir, personne ne peut faire la leçon à l'autre.

Pour ainsi dire, Faustin-Archange Touadéra est presque un pis-aller, c'est-à-dire une solution à laquelle on se résout faute de mieux.

Hélas pour la CEEAC, hélas pour le Gabon et les Gabonais qui devront eux-mêmes trouver les ressources nécessaires pour une véritable renaissance démocratique et pour une meilleure gouvernance.

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