Des chercheurs ont pu établir un lien familial entre des crânes collectés pour des fins scientifiques, vers la fin du 19e et leurs descendants.
Le projet a commencé en 2017 quand l'équipe de chercheurs a pu avoir accès à une importante collection de restes humains (1.100 crânes) au Musée de l'histoire de médecine de la Charité à Berlin.
Nous avons pu récupérer des milliers de restes humains, explique Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine prussien qui a participé à ce projet.
Ensuite, il a été question de connaître la provenance de ces crânes dans le but de les rapatrier. Hermann Parzinger explique que les équipes ont travaillé sur des crânes en provenance du Rwanda, de Tanzanie et du Kenya.
"Ces crânes sont arrivés en Allemagne et plusieurs autres villes en Europe via les collections de restes humains issus d'études anthropologiques. Ces études, qui ont eu lieu vers la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, mesuraient les crânes un peu partout dans le monde. Pourquoi les crânes ? Parce qu'ils étaient la base pour ce type d'étude anthropologique qui se focalisait sur les mesures et surtout parce que les autres parties du squelette n'étaient pas vraiment importantes pour ce type de recherche. "
Prochaine étape ?
En plein débat sur la restitution des objets culturels, il y a lieu de se demander quelle sera la suite de ce projet. Quand ces restes humains seront ils rendus et qu'est-ce qui sera proposé aux familles ?
Pour Hermann Parzinger, il n'y a pas d'équivoque : ces restes humains doivent être retournés aux descendants vivants des familles concernées.
"Pour nous, il est clair que tous ces restes humains doivent être restitués parce qu'ils ont été pris illégalement. Mais aussi, parce que les Européens et les autres peuples se sont rendus illégalement dans des cimetières à la fin du 19e siècle et au début du 20e dans le but de mener des études anthropologiques. Pour nous, il est question d'une profanation de tombes. Bien entendu, quand cela est possible, via les études ADN, et cela fut notre cas, nous avons pu identifier les descendants des personnes qui ont été tuées ou qui sont mortes pendant la période coloniale. "
Une restitution de plus par l'Allemagne
Hermann Parzinger explique que maintenant que les recherches ont abouti et que les tests ADN ont permis d'identifier des descendants, l'équipe souhaite que ces restes soient remis à leur famille.
Mais l'opération de retour dépend encore d'un accord entre l'Allemagne et la Tanzanie.
En 2018, l'Allemagne avait déjà rendu les restes humains de 30 victimes Hereros et Namas, tuées sous le régime colonial. Cette restitution était la troisième, après celles de 2011 et 2014.
Par ailleurs, en France, l'Université de Strasbourg a annoncé, au mois de juin, avoir lancé un conseil scientifique chargé d'évaluer sa collection de restes humains africains après deux demandes d'inventaire et de restitution, dont l'une concerne le génocide des Héréros et des Namas par les troupes coloniales allemandes, en Namibie, entre 1904 et 1908.