Burkina Faso: Procès Adja la guérisseuse - Le parquet requiert 24 mois dont 12 ferme

7 Septembre 2023

Poursuivis pour incitation à la séquestration et coups et blessures sur Hamidou Kanazoé, Larissa Nikiéma, plus connue sous le sobriquet « Adja la guérisseuse » et ses huit co-prévenus ont comparu devant les juges du Tribunal de grande instance Ouaga II, le mercredi 6 septembre 2023. Dans sa réquisition le parquet a demandé 24 mois de prison dont 12 ferme et une amende de trois millions F CFA à la guérisseuse.

Précédemment renvoyé au 6 septembre, le procès de la guérisseuse de Komsilga, Adja Larissa Nikiéma poursuivie pour complicité de « séquestration, coups et blessures volontaires, incitation à la violence sur la personne d'autrui» et huit de ses ex-agents de sécurité s'est effectivement tenu, le mercredi devant le Tribunal de grande instance Ouaga II.

Le parquet a demandé au Tribunal de reconnaitre les auteurs coupables des faits à eux reprochés et de condamner la principale accusée, Larissa Nikiéma à 24 mois de prison dont 12 mois ferme, assortie d'une amende de 3 millions F CFA. Les autres prévenus eux, doivent écoper selon le ministère public de 24 mois ferme chacun et une amende ferme de 500 000 F CFA.

Une réquisition justifiée à travers la plaidoirie du parquet dans laquelle le procureur n'a pas manqué de démontrer de façon chronologique comment les faits sont parlants quant à la complicité « bien établie » de la guérisseuse. Le procureur a d'ailleurs fait savoir qu'une autre plainte d'une patiente de dame Nikiéma est introduite au parquet pour les mêmes infractions pénales à savoir séquestration et coups et blessures volontaires infligés sur le site de la guérisseuse.

A l'entame du procès les huit prévenus ont purement et simplement reconnu les faits à eux reprochés et ont publiquement demandé pardon à la cours. Seule l'accusée principale n'a pas reconnu les faits et a plaidé non coupable. En effet, dans la narration des faits, dame Larissa Nikiéma qui s'est présentée à la barre voilée et avec un léger sourire aux lèvres, a indiqué avoir ordonné à ses agents de garder la victime Hamidou Kanazoé en lieu sûr. « Jamais je n'ai donné instruction de porter des coups ni de le ligoter comme ils l'ont fait.

Mais étant leur patronne, j'assume l'entière responsabilité comme je l'ai dit dans l'enquête préliminaire et les autres instructions du dossier qui s'en sont suivis », a-t-elle fait savoir à la barre. Dans la foulée la guérisseuse a demandé pardon pour les manquements en indiquant que son site est connu pour être un lieu où les populations viennent chercher la paix et la santé, mais jamais un lieu où on pourrait perdre ces valeurs. A la barre, la victime Hamidou Kanazoé a donné sa version des faits.

Selon lui, il a été séquestré et bastonné de plusieurs coups de fouet, de cordelette, et de fils électriques, le 24 juillet 2023 sur le site de la guérisseuse. Or explique-t-il, il s'y était rendu en vue de solliciter des soins. « Je suis allé à Komsilga, dans l'optique de trouver une solution à mon problème de santé. C'était ma première fois d'aller sur le site. Je me suis rendu dans un marigot reconnu sacré pour ceux qui fréquentent les lieux. C'est là que j'ai été arrêté et emmené devant la guérisseuse», a-t-il relaté.

Après sa déposition, M. Kanazoé dit avoir pardonné à ceux qui l'ont bastonné ainsi qu'à dame Larissa Nikiéma, car dit-il, il a profané un site sacré. «Et je reconnais, ce que j'ai fait n'est pas bien », a conclu celui qu'on a présenté à l'ouverture du procès comme un déséquilibré mental. Les avocats du conseil de la guérisseuse, au nombre de six ont, dans leurs plaidoiries fait des pieds et des mains pour démontrer à quel point leur cliente n'a ni ordonné ni instruit ses agents de bastonner la victime. Ils ont demandé au président du Tribunal de ne pas suivre le parquet dans ses réquisitions et de relaxer purement et simplement leur cliente.

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