Congo-Kinshasa: John Mbombo Mitangu - 'L'ADP est prête à affronter les urnes'

interview

Cadre formé à l'ombre de son mentor, Christophe Lutundula, dont il a hérité le tact et le flair politique, Me John Mbombo Mitangu passe aujourd'hui pour l'homme providentiel au sein de l'Alliance des démocrates pour le progrès (ADP). En tant que secrétaire général, il se dévoue corps et âme pour crédibiliser le parti et en faire un véritable pilier au sein de la majorité.

Le Courrier de Kinshasa: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

John Mbombo Mitangu: Je suis avocat de profession. J'évolue sous plusieurs casquettes dont celle de la politique. Je suis secrétaire général de l'ADP, le parti cher à l'honorable Christophe Lutundula Apala Pen'Apala, actuel vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et Francophonie dont je suis, par ailleurs, conseiller politique chargé des questions de paix et de sécurité.

L.C.K: Comment l'ADP est-elle structurée ?

J.M.M: C'est depuis 1998 que l'ADP a vu le jour sous le label MSDD (Mouvement de solidarité pour le développement et la démocratie). C'est en 2015 que le parti a pris sa dénomination actuelle à la suite de la session du Conseil national de la refondation tenue à Kinshasa. Le parti a un président national secondé par un vice-président. Il y a un comité exécutif et des fédérations dans chaque province. Nous avons créé une confédération, ou mieux, une interfédération, une sorte de méga structure regroupant plusieurs fédérations structurées suivant le découpage administratif des provinces. À la base, nous avons des sections et des cellules. Le défi actuel est d'ouvrir davantage le parti à l'extérieur à travers des représentations, notamment à Paris, Bruxelles, Londres, Afrique du Sud, etc.

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L.C.K: Est-ce à dire que l'ADP est un parti des masses ?

J.M.M: Nous pensons qu'il vaut mieux avoir un parti des cadres que des masses. Le parti des masses, c'est juste pour déterminer l'encrage sociologique que l'on revendique. D'où ma mission de faire de l'ADP un parti à vocation nationale, c'est-à-dire implanté sur toute l'étendue du pays en concours avec les autres.

L. C.K: S'il vous étiez demandé de faire un pré bilan de votre action à la tête de l'exécutif de l'ADP, que diriez-vous ?

J.M.M: J'ai pris le parti à un moment critique de son histoire. Au sortir des scrutins de 2018, plusieurs partis politiques dont l'ADP ont été plongés dans l'inertie. Bien des ambitions ont été déçues. Certains cadres de l'ADP ont préféré aller lorgner ailleurs. La léthargie s'est installée. C'est sur ces entrefaites que j'ai commencé, en tant que président de l'inter fédéral du Kasaï oriental, à reconstituer le parti. Dans la foulée, il a plu à l'autorité de référence, Christophe Lutundula, de jeter son dévolu sur ma modeste personne en me nommant secrétaire général.

L.C.K: Quelles ont été vos premières actions ?

J.M.M: J'ai vu que mes prédécesseurs avaient déjà posé les jalons. J'ai, dans un premier temps, surfé sur la visibilité du parti. Aujourd'hui, grâce aux initiatives prises, on sait désormais nous identifier. Il y a aussi des descentes effectuées sur le terrain pour redynamiser les structures du parti, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le plus important est que nous avons engagé l'ADP sur la voie des échéances électorales.

L.C.K: Mais l'ADP n'est pas aussi connue comme l'est son géniteur. Comment expliquez-vous cela ?

J.M.M: À l'époque, j'avais animé une matinée politique à la Fikin sur le thème " Élevons l'ADP à la taille de son leader". Il nous faut, plus que jamais, remblayer le vide existant entre le parti et son leader de sorte que les deux puissent évoluer sur un même piédestal en termes de notoriété et d'efficacité. Tel est notre idéal. Christophe Lutundula est notre pylône, c'est une personnalité marquante dont l'intelligence fait l'unanimité au sein de toute la classe politique congolaise. Mais il lui faut un socle pour continuer à exister politiquement et, ce socle, c'est son parti politique.

L.C.K: L'ADP est-elle prête à aller aux élections ? Si oui, à quel niveau de scrutin entendez-vous postuler ?

J.M.M: (Rires) Oui, l'ADP est prête. Nous avons des candidats à tous les niveaux à commencer par la Présidence de la République. Notre candidat est Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Nous allons aussi aligner des candidats à la députation nationale, à la députation provinciale, aux municipales et locales.

L.C.K: Parlez-nous un peu de votre projet social.

J.M.M: L'ADP est porteuse d'un projet de société contenu dans son manifeste. Ce document contient nos différents projets sur le plan de la gestion de la res publica et de la démocratie. On y retrouve également nos idées forces sur l'État, sa refondation, son rôle, sa forme, etc. Nous veillons à ce que ces idées soient matérialisées. Nous sommes des démocrates et, en tant que tel, nous nous attelons à l'exterioriser via les actes que nous posons au quotidien.

L.C.K: Êtes-vous sûrs de la tenue effective des élections d'ici décembre 2023 ?

J.M.M: L'organisation des élections est tirée de la volonté politique des dirigeants. Le président Félix Tshisekedi n'a cessé de marteler sur le respect du délai constitutionnel. La Céni a été mise en place et investie. Elle a publié son calendrier électoral. Le processus électoral a débuté avec l'enrôlement, l'identification des électeurs et la révision du fichier électoral. On a récemment ouvert les BRTC pour réceptionner les candidatures à la députation nationale puis provinciale. Les listes provisoires ont été publiées. Maintenant, c'est au tour des municipales. Donc, on a ouvert le ban. Tout porte à croire qu'il y aura bel et bien élections le 20 décembre prochain.

L.C.K: Entre-temps, l'idée du dialogue fait son chemin.

J.M.M: Le dialogue signifie le recul. Au lieu d'évoluer, nous reculons, c'est-à-dire on fait table rase des acquis déjà engagés au nom du partage et de la congestion du pays. On aura ainsi perdu du temps inutilement.

L.C.K: L'opposition y tient mordicus.

J.M.M: L'impréparation est à la base de cette fixation. Certains ont battu en retraite, d'autres comme le PPRD ne sont pas prêts. Ils ont peur du vote-sanction de la population. Ils veulent utiliser le dialogue comme une voile pudique pour cacher leur opprobre.

L.C.K: Mais le fichier électoral continue de poser problème.

J.M.M: Le fichier n'a-t-il pas été audité ? Est-ce que la loi électorale prévoit un audit externe ? C'est par élégance politique qu'on a procédé à l'audit pour mettre tout le monde d'accord. Cela a été fait. Moi, j'estime que c'est un faux-fuyant. Allons seulement aux élections. S'ils se sont déjà déclarés non partants, qu'ils se taisent et laissent ceux qui sont en lice de pouvoir parler. Le bateau va bientôt accoster. Que chacun se prépare.

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