Thiès — Les jeunes fidèles qui s'étaient rendus au Magal de Touba à bord de motos, alliant leur passion des deux-roues à leur allégeance confrérique, continuent à regagner la capitale sénégalaise par convois de dizaines, en faisant escale à Thiès.
Comme à l'aller, le vrombissement des motos de retour du Magal traversant la ville à toute allure, rythme l'ambiance de la cité du rail, deux jours après cette manifestation de l'une des deux principales confréries musulmanes au Sénégal.
Aux alentours de la station d'essence située près du Lycée Malick Sy au niveau du carrefour, les motards sont reconnaissables à leur accoutrement. Jacket en cuir, pull, casque, keffieh, lunettes et parfois genouillères pour se protéger des chocs ou du vent.
Autre signe distinctif des membres de ces convois, ce sont ces rameaux de « nguer », arbuste qui pousse en campagne, attachés derrière leurs motos de divers types. Cet acte de superstition attribuant des pouvoirs de protection contre les accidents est issu de croyances ancestrales, explique l'un d'eux.
Ils profitent de cette pause pour faire le plein de carburant, mais aussi prendre le petit déjeuner, où encore faire un peu d'entretien, avant de finir le reste du trajet.
C'est une aubaine pour les marchands installés dans les parages, qui peuvent facilement écouler leurs produits : café, eau, beignets, sandwichs, etc. Vu sa position, Thiès, est avec Bambey et Diourbel, l'une des principales escales des motards sur la route du Magal.
Gorgui Touré et Abdou Ndiaye ont pris le départ dimanche à 5 heures 30 du matin à bord d'un scooter, pour arriver à Touba à 10 heures 30, soit cinq heures de route. Ils ont fait deux escales à Thiès et Bambey. « J'ai choisi la moto comme moyen de transport parce que c'est ma passion depuis que je suis enfant », dit Gorgui.
Admettant l'existence de risques sur la route, où il a vu plusieurs accidents, il précise toutefois qu'en respectant le code de la route, l'on peut s'en sortir sans dommages. « Moi je roule de 90 à 100km/h, je ne le dépasse pas », relève le jeune motocycliste.
Depuis 2019, il se rend chaque année au Magal de Touba à moto, en compagnie de son ami, Abdou. « C'est un convoi et il y a un guide devant qui communique avec le langage des signes, pour signaler au reste du groupe la présence d'un danger, leur demander de ralentir ou leur indiquer que la voie est libre », explique-t-il.
Abdou, lui, va à moto depuis six ans à cet évènement religieux qui draine chaque année des milliers de personnes, avec le même convoi, composé d'amis d'enfance.
« C'est plus rapide, vu les embouteillages, où on peut passer toute une journée à la sortie du péage. Mais avec la moto, on peut arriver à Touba en moins de 4 heures. Quand on quitte à 6 heures, on arrive à 9 heures ou 10 heures » ou au plus tard à 11 heures, argue-t-il.
Les longs voyages ne sont pas un secret pour ce mécanicien de camion qui va souvent à Touba, Kaolack, Tamba, pour des dépannages.
Pour le retour, ils ont été laissés derrière par le convoi, qui est parti à 5 heures, alors qu'ils se sont réveillés tard, pour ne quitter la capitale du Mouridisme qu'à 8 heures.
En plus d'avoir joué ensemble, le groupe hétérogène composé, entre autres, de tailleurs, de soudeurs, partage la même flamme de la moto. Ils se sont mis d'accord pour voyager ensemble, la principale règle à respecter est de suivre les consignes du guide, sous peine d'être rayé de la liste la prochaine fois, explique Abdou.
Le duo Gorgui et Abdou, a choisi de faire escale à Thiès pour profiter de l'ambiance avec les autres convois de motards, boire du café et grignoter un peu.
Ce jeune homme venu de Pikine, qui se fait appeler Baboulaye, plaide pour l'éclairage de la route dont une bonne partie sombre dans le noir, la nuit, selon lui. « Cela dure depuis qu'il va au Magal », déplore-t-il, tout en invitant aussi les chauffeurs à la tolérance à l'endroit des motocyclistes.
Pour Omar Sarr, un conducteur de « tiak tiak », c'est tout naturellement qu'il est allé au Magal avec sa motocyclette qu'il utilise pour faire du transport et de la livraison dans la capitale.
Après avoir payé 5 000 FCFA en carburant à l'aller il estime, qu'il en sera de même au retour. Malgré les imprévus sur la route, comme cette crevaison qui l'a pris au piège dans les embouteillages à la sortie de Touba, il s'en remet à Dieu et espère arriver sain et sauf à la maison.
Nonobstant le plaisir qu'il leur procure le Magal à moto n'est pas de tout repos, reconnaît Gora Touré. « Là, il est presque midi et si j'arrive à Dakar, il faut que je me repose demain, pour pouvoir aller au travail vendredi », dit Gora, informaticien et par ailleurs relais communautaire au poste de santé de Médina Gounass à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise.