Cote d'Ivoire: Bingerville - Motos tricycles, nouveau mode de transport en commun

6 Septembre 2023

Il est 9 h ce mardi 5 septembre à la gare du quartier Nouvelle gare, à quelques encablures du nouveau marché de Bingerville. Le temps est clément et la gare grouille de monde. Transporteurs, commerçants, mendiants, chauffeurs, apprentis-chauffeurs, petits vendeurs et autres badauds s'y trouvent et vaquent les uns et les autres à leurs occupations. C'est dans ce désordre que sont stationnées plus d'une trentaine de motos tricycles qui attendent naturellement les clients en vue de les transporter vers différentes destinations.

De couleur jaune noir pour la plupart, ces motos tricycles de quatre places conduites par des adolescents, qui n'ont cure du port de casques, se sont invités dans le transport des populations de Bingerville, ces dernières années.

Commerçants, vendeuses, vendeurs, élèves, fonctionnaires les empruntent pour se rendre dans les quartiers tels que Adjamé-Bingerville, Ital Construction, Korobougou, Machoux, Impôts Gbagba. "La commune a enregistré, ces dernières années, l'arrivée de ce nouveau moyen de transport. Auparavant, seuls les taxis communaux desservaient la ville. Avec les nouveaux quartiers créés du fait de l'urbanisation galopante de la commune, ce moyen de transport constitue désormais un véritable soulagement pour les quartiers », s'est réjouie Dame Kanga Jacqueline, résidente au quartier Machoux.

Pour Laure Dean, cela fait deux ans que son mari et elle ont déménagé au quartier Impôt. « Notre quartier est très éloigné du marché de Bingerville. Il est parfois difficile d'avoir des taxis communaux. Ce qui m'oblige à emprunter ces engins pour mes courses au marché de Bingerville ».

Selon Karim Konaté, un des conducteurs, le coût du transport varie d'une destination à une autre. « De la gare routière à Gbagba, nous prenons 500 Fcfa parfois aux clients et 200 FCFA à ceux qui se rendent à Adjamé-Bingerville », précise-t-il. Et d'ajouter qu'ils ne sont que des employés au compte naturellement des propriétaires. Parmi eux, à l'en croire, y en a qui font des jobs de vacances. « Cette activité nourrit son homme », a-t-il laissé entendre avec sourire mais sans révéler sa recette journalière. Par ailleurs, il affirme que des propriétaires ont commencé avec une seule moto tricycle pour se retrouver, aujourd'hui, avec une dizaine d'engins. Les nombreux jeunes de la commune qu'ils emploient parviennent à subvenir à leurs besoins vitaux.

L'inquiétude des clients

A la gare routière des motos tricycles, la plupart des conducteurs sont des adolescents de 14 à 21 ans. Cette jeunesse d'âge n'inspire pas confiance à bien des passagers qui estiment qu'ils ne sont pas expérimentés. « Au départ, c'était dangereux de prendre ces engins. Il y a quatre places et un apprenti qui s'assoit à côté du chauffeur. Cela ne rassure pas du tout les passagers qui craignent que ces jeunes ne prennent de la drogue pour tenir la longue journée », déplore Florence Aka, vendeuse au marché de Bingerville et qui emprunte régulièrement ces engins. Quant à Kouassi Emmanuel, il dit se tenir loin de ces engins. « Je ne les emprunte pas à cause des accidents. Les chauffeurs sont indisciplinés et n'hésitent pas à conduire sur la grande voie », a-t-il dénoncé

Konan Thibaut Valère, secrétaire général du Collectif des transporteurs de Bingerville, partage cette inquiétude des passagers. « Nous reconnaissons que c'est une activité menée par des adolescents. Nous avons interdit aux mineurs de conduire. En accord avec la mairie, nous sensibilisons les conducteurs à ne pas utiliser les grandes voies, à porter des casques et surtout respecter le code de la route. Beaucoup de ces motos tricycles n'ont pas d'assurance », a rassuré Konan Thibaut Valère.

Les motos tricycles sont de plus en plus prisées par les populations de Bingerville. Photo: Veronique Dadié

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