Afrique: Des crânes des descendants du 19ème siècle identifiés

Meurtre. Génocide. Atrocités. Ovaherero. Nama. Réparations. Crânes (photo d'archives).
6 Septembre 2023

Des chercheurs ont pu établir un lien familial entre des crânes collectés à des fins scientifiques, vers la fin du 19ème siècle et leurs descendants encore vivants en Tanzanie.

Le projet a commencé en 2017 quand une équipe de chercheurs a eu accès à une importante collection de restes humains (1.100 crânes) au Musée de l'histoire de médecine de la Charité à Berlin.

"Nous avons pu récupérer des milliers de restes humains", a déclaré Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine prussien qui a participé à ce projet. Les scientifiques ont travaillé sur des crânes en provenance du Rwanda, de Tanzanie et du Kenya.

Ensuite, il a été question pour les chercheurs de connaître le pays de provenance de chacun des crânes dans le but de les rapatrier.

"Ces crânes sont arrivés en Allemagne et plusieurs autres villes en Europe via les collections de restes humains issus d'études anthropologiques. Ces études, qui ont eu lieu vers la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, mesuraient les crânes un peu partout dans le monde. Pourquoi les crânes ? Parce qu'ils étaient la base pour ce type d'étude anthropologique qui se focalisait sur les mesures et surtout parce que les autres parties du squelette n'étaient pas vraiment importantes pour le type de recherche", a expliqué Hermann Parzinger.

Une étape vers la restituion aux familles

En plein débat sur la restitution des objets culturels, cette découverte pourrait faciliter le processus pour que les objets ou les restes humains soient restitués aux ayants droit. Pour Hermann Parzinger, il n'y a pas d'équivoque : les crânes doivent être retournés aux descendants encore vivants dans les pays concernés.

"Pour nous, il est clair que tous ces restes humains doivent être restitués parce qu'ils ont été pris illégalement. Mais aussi, parce que les Européens et les autres peuples se sont rendus illégalement dans des cimetières à la fin du 19e siècle et au début du 20e dans le but de mener des études anthropologiques. Pour nous, il est question d'une profanation de tombes. Bien entendu, quand cela est possible, via les études ADN, et cela fut notre cas, nous avons pu identifier les descendants des personnes qui ont été tuées ou qui sont mortes pendant la période coloniale", a-t-il préconisé.

Mais l'opération de retour dépend encore d'un accord entre l'Allemagne et la Tanzanie.

En 2018, l'Allemagne avait déjà rendu les restes humains de 30 victimes Hereros et Namas, des personnes tuées sous le régime colonial à la Namibie. Cette restitution était la troisième, après celles de 2011 et 2014.

En France, l'Université de Strasbourg a annoncé, au mois de juin, avoir lancé un conseil scientifique chargé d'évaluer sa collection de restes humains africains après deux demandes d'inventaire et de restitution, dont l'une concerne le génocide des Héréros et des Namas par les troupes coloniales allemandes en Namibie entre 1904 et 1908.

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