Tunisie: Dégagement de la chaussée et des trottoirs - C'est bien, mais pas assez !

7 Septembre 2023

On a pris la décision, semble-t-il, de rendre les trottoirs aux piétons et de permettre aux conducteurs de tous les genres de véhicules de rouler sur une chaussée dégagée, sans rencontrer d'obstacles. Sage décision, mais combien de fois a-t-on appliqué ce genre de bonnes dispositions et combien de temps cela a duré ? Le temps que durent les roses !

Le spectacle qui s'offre aussi bien aux habitants de la capitale qu'à ceux des proches banlieues, et les choses ne sont pas aussi brillantes ailleurs, est innommable : des marchands de n'importe quoi, surtout de fanfreluches, venues de Chine ou de Turquie, des fruits immangeables, des légumes souillées et posées à même le sol. Tout ce qui est propice pour que les maladies et les intoxications alimentaires se propagent sans aucun problème.

Nous avions rendu compte, il y a quelques jours, du visage que présente la «Ville des Roses», l'Ariana, avec ce centre-ville dégagé, ces rues devenues passantes, ces traçages clairs et nets, cet air non vicié que nous respirons, depuis que les étalages installés autour du marché ont été dégagés.

Ce coup de rein des autorités municipales a enfin servi à quelque chose. Les Arianais ont tout simplement commenté cette nouvelle situation en quelques mots «nous avons retrouvé notre ville !».

Des explications malvenues

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Et ils avaient raison. A longueur de journée et de nuit, les rues entourant le marché municipal devenu inutile, vide, maussade faisaient pitié.

On a pourtant dépensé énormément pour le mettre à niveau avec caméras de surveillance, remise en état des toitures (pas encore terminée), délimitation des stands, etc. L'on avait redonné un visage accueillant à ces lieux désertés au profit des étalages sauvages installés dans un partage rigoureux des espaces. De «grosses voix» régnaient en maîtres et imposaient leur volonté à ceux qui en représentaient les deux tiers des locataires du marché municipal qui, perdant leurs clientèle au profit des vendeurs à la sauvette, se rabattaient sur des «sous-traitants» choisis parmi des jeunes désœuvrés et à la mine peu recommandable.

Combien de disputes avec blessures graves, des vols à la tire, des bousculades sauvages ont eu lieu dans ces rues hantées par la violence ? Et cela a duré un bon bout de temps. Les explications venaient de temps à autre mettre à nu cette léthargie des autorités municipales : pour cause de Covid (il regagne du terrain !), pour ne pas provoquer de remous avant les élections, pour permettre à ces désœuvrés de gagner leur vie. Tout y passait. La vérité est ailleurs.

Le fait d'installer ces vendeurs illégaux à quelques centaines de mètres plus loin est un moyen de gagner décemment sa vie.

Ces jeunes et moins jeunes refusent d'y aller et préfèrent s'arcbouter à ces étalages anarchiques, encouragés par ceux qui ont intérêt que le désordre continue à être le maître de la situation. La vérité, c'est que la vente de produits, fruits et légumes qui ne passent pas par les marchés de gros était plus facile dans les lieux ouverts aux quatre vents. En zone fermée, on pouvait les contrôler. Et appliquer la loi.

Une situation créée artificiellement

D'ailleurs, la noria de camionnettes chargées à ras bords de marchandises qui ne sont jamais passées par les marchés de gros continue. Et c'est la raison pour laquelle les prix des fruits et accessoirement des légumes n'ont pas baissé. Les prix venant de ces marchés de référence découlent d'une situation créée artificiellement en limitant l'offre pour faire monter les prix.

Si on veut faire baisser les prix, il faut avant tout interdire l'entrée de marchandises qui n'ont pas suivi le chemin régulier les amenant des marchés de gros aux marchés municipaux. Mais... qui pourra se charger de ce contrôle ? Les responsables de ces marchés ou d'autres contrôleurs ?

Toujours est-il que les procès-verbaux sanctionnant les hausses de prix pourraient doubler ou tripler, en cas de contrôle réel et interdiction de faire aboutir sur les étalages des produits parachutés par les spéculateurs de tout bord.

C'est dans ce sens qu'il faudrait agir si l'on veut faire oeuvre utile. Il ne s'agit pas de contrôler, mais bien de mettre un terme à des agissements qui mettent à mal des dispositions pourtant utiles, mais annihilées par des mains qui agissent dans l'ombre et qui semblent bénéficier de l'impunité totale. Il n'y a pas d'autre solution que de les priver de ces espaces qu'ils comptent s'accaparer pour étendre leurs tentacules.

Une indiscipline criarde et insupportable

Pour éviter de voir revenir ces étalages anarchiques, il nous semble donc que les traçages de lieux de stationnement devraient être suivis par la mise en place de parc mètres, avec un arrangement pour les commerçants riverains, qui pourraient louer leur place pour la réserver à l'année. Cela permettra d'occuper ces espaces et empêchera le retour de l'anarchie et du désordre qui régnaient, tout en permettant aux municipalités de faire rentrer de l'argent dans ses caisses et pour l'entretien de ses machines pour parcmètres.

Il ne sert à rien, en effet, de faire des dépenses pour acquérir ces engins si on est incapable de les entretenir et de les préserver contre les prédateurs. Les squelettes de parcmètres jalonnent les centres-villes et il vaudrait mieux les enlever que de les laisser représenter l'incapacité de les entretenir pour redevenir sources de revenus.

Les camions qui surveillent et posent des sabots pour ceux qui stationnent n'importe où devraient aussi empêcher les commerçants de poser ces obstacles qu'ils utilisent pour empêcher le parking face à leurs commerces. Quelle différence y a-t-il entre une place occupée par des caisses, des briques, une carcasse de frigo (!), une échelle ou des traverses de trains cimentés sur la chaussée (voir du côté de l'Avenue H. Chaker), ou encore des piquets plantés sur le trottoir ?

Ceux qui usent de ce genre de comportement devraient être sanctionnés. La chaussée est réservée aux véhicules, les trottoirs aux piétons. Le reste relève de la propriété publique et l'on doit imposer la discipline et le respect. A-t-on jamais vu ce genre d'appropriation dans n'importe quelle ville dans le monde ? Cela est aussi valable pour notre capitale que pour le reste des chefs lieux où l'indiscipline est criarde, insupportable et choquante.

Pour conclure, ce début de reprise en main est salutaire, en attendant de mettre de l'ordre dans le déversement des ordures ménagères n'importe où. Le manque de bennes est criard pour des zones en surpopulation.

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