Dakar — Seuls 28,4% des personnes hypertendues vivant au Sénégal connaissent leur statut et parmi elles seules 17% sont sous traitement, a révélé le chef de la division des maladies non transmissibles, Dr Malick Hann, selon qui cette pathologie touche un adulte sur trois dans le pays.
« Au Sénégal, la prévalence de l'hypertension artérielle (HTA) est estimée à 29,8% chez les personnes de 18 à 69 ans, selon l'enquête STEPS réalisée en 2015. Les femmes (34,7%) sont plus touchées que les hommes (24,5%) », déclare-t-il dans un entretien avec l'APS.
Selon le médecin spécialiste en santé publique, « la prévalence de l'hypertension artérielle augmente avec l'âge : de 11% chez les femmes de 18 à 29 ans, la prévalence s'élève à 57% chez les femmes de 60 à 69 ans. Parmi tous ces patients hypertendus au Sénégal, seuls 28,4% connaissent leur statut, 17% sont sous traitement et seulement 8% sont bien contrôlés ».
L'hypertension artérielle est, selon le Dr Hann, « une élévation anormale et durable de la pression artérielle avec une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mm Hg et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mm Hg, lorsque les conditions de mesure requises sont respectées chez l'adulte de plus de 18 ans ».
Le spécialiste de santé publique affirme que « l'hypertension artérielle est le facteur de risque cardiovasculaire le plus répandu dans le monde ». Il indique qu'elle augmente considérablement le risque de survenue des accidents cardiovasculaires via l'atteinte des organes cibles bien définis.
10,51 millions de décès annuels dans le monde
L'hypertension multiplie par 7 à 9 le risque d'AVC, par 5 le risque d'insuffisance cardiaque, par 3 celui de coronarographie, a poursuivi Dr Hann, rappelant que cette pathologie est responsable de « 10,51 millions de décès annuels dans le monde ».
Le spécialiste a évoqué des facteurs de risque modifiables et des facteurs de risque non modifiables.
« Il s'agit pour les facteurs de risque cardiovasculaire non modifiables de l'âge (plus de 55 ans chez l'homme et plus de 65 ans chez la femme), de la prédominance masculine avant 60 ans, des antécédents familiaux précoces (hérédité et génétique) et des antécédents familiaux précoces : événements cardiovasculaires graves (infarctus du myocarde, AVC...) survenant chez un parent de premier degré », a-t-il dit.
Il y a également, selon le chef de la division des maladies non transmissibles, les facteurs de risque cardiovasculaire modifiables, comme le diabète, le tabagisme et la dyslipidémie (un taux de cholestérol élevé), l'obésité, l'excès d'alcool, la sédentarité, le stress, entre autres.
Au Sénégal, a rappelé le Dr Hann, « depuis l'enquête STEPS 2015, beaucoup de choses ont été faites pour renforcer la prise en charge de l'hypertension artérielle ».
« Un plan intégré de lutte contre les maladies non transmissibles a été mis en place pour la période 2017-2020 de même qu'un plan opérationnel de lutte contre les maladies cardio-vasculaires et métaboliques 2017- 2019 », a-t-il indiqué.
« Ils sont suivis, pour la période 2022/2023, d'un plan d'accélération de la lutte contre les maladies non transmissibles avec l'élaboration de documents sur les normes et protocoles de prise en charge de l'hypertension artérielle et du diabète », a-t-il assuré.
Les cas de Saint-Louis et Guéoul
Dans certaines zones, la prévalence est d'un niveau très élevé chez certaines catégories de la population. « Dans la population générale la prévalence de l'HTA à Saint-Louis (nord) en 2010 chez les sujets âgés de plus de 18 ans était de 46%, et 49% à Guéoul en 2012, chez les sujets âgés », a relevé Dr Malick Hann. En ce qui concerne le dépistage, il signale qu il est « particulièrement important chez les personnes âgées de 18 ans et plus, qui ont déjà eu un infarctus du myocarde ou un AVC, un diabète, une maladie rénale chronique, sont obèses, consomment du tabac, ont des antécédents familiaux d'infarctus du myocarde ou d'AVC et sont porteuses d'une grossesse ».
Pour la prévention de l'hypertension artérielle, il y a selon le médecin des « mesures individuelles de prévention ».
« Ces mesures permettront d'éviter la sédentarité en pratiquant une activité physique régulière d'au moins 30 à 45 minutes, au minimum trois fois chaque semaine, éviter l'excès de sel, du gras et du sucre dans l'alimentation, lutter contre le surpoids et l'obésité et avoir une alimentation équilibrée, sans excès de graisses saturées », a déclaré Dr Hann.
Il a énuméré d'autres mesures communautaires de prévention à travers différentes stratégies comme la pratique de l'activité physique dès le bas âge au niveau des écoles et des quartiers.
La sensibilisation des populations à de bonnes pratiques culinaires, à travers la communication de masse (médias audiovisuels, affiches publiques,...) ou la communication interpersonnelle (causeries, visites à domicile ou VAD), figure aussi dans les mesures préventives de lutte contre l'hypertension.