Sénégal: Des confidences de patients souffrant d'hypertension artérielle

Dakar — Se priver de dîner et de sel la nuit, faire un accident vasculaire cérébral, ou encore perdre un enfant lors d'un accouchement: Chez les personnes affectées par l'hypertension artérielle, difficile de s'en tirer à bon compte avec cette pathologie sournoise qui se manifeste parfois de façon soudaine.

L'hypertension artérielle (HTA) se définit par une élévation trop importante de la pression dans les artères, élévation qui persiste dans le temps. C'est la maladie chronique la plus fréquente dans le monde.

"Je ne dîne plus depuis presque 15 ans. Je suis hypertendue, toutes mes activités se résument à aller à l'hôpital suivre mes rendez-vous avec le cardiologue", confie Maïmouna Faye, la soixantaine.

A force de vivre avec cette pathologie, cette habitante de Guédiawaye a fini par en connaître un rayon. "Je peux écrire un livre sur cette maladie. Je suis tellement habituée aux affres de cette maladie", lâche-t-elle.

"Je ne mange plus comme je veux, la viande, j'y touche à peine. Le médecin me recommande de faire du sport, mais je suis d'un certain âge", ajoute-t-elle.

L'Organisation mondiale de la santé a identifié quatre groupes de maladies non transmissibles (MNT) majeures : le diabète, les maladies cardio-vasculaires dont l'hypertension artérielle, les cancers et les maladies respiratoires chroniques.

Le Sénégal a réalisé en 2015 la première enquête nationale utilisant l'approche STEPS wise, qui permet l'identification et la surveillance des facteurs de risque des MNT dans les pays en développement.

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Celle-ci révélait en 2016 que "la prévalence globale de l'hypertension artérielle dans notre population d'étude [était] de 24%". L'enquête avait montré que "les femmes sont plus touchées" et que la HTA "est plus fréquente en zone rurale (26, 2 %), contre 21,7 % en zone urbaine".

« A cause de l'hypertension, j'ai perdu mon enfant »

L'histoire de Ndèye Sow montre le caractère insidieux de cette pathologie, qui mérite donc bien son surnom de "tueur silencieux".

"Je me suis réveillée avec des jambes et une vision floue. J'étais déjà en congés de maternité. Je me suis dit que je vais aller vérifier à la pharmacie ma tension qui n'était pas stable durant toute ma grossesse", raconte-t-elle.

Elle déclare qu"'avant même d'arriver à la pharmacie", elle ne tenait plus debout, avec 20/8 de tension. Face à son état, le pharmacien lui avait vivement conseiller "d'aller vite à l'hôpital".

"Avant d'arriver à l'hôpital général de Grand Yoff, j'avais une hémorragie. On m'avait fait le même jour une césarienne, mon enfant [une fille] était décédé. C'était un mort-né", raconte-t-elle les yeux larmoyants.

Cet accouchement faisait suite à une première grossesse qui s'était bien terminée et au terme de laquelle sa tension était stable.

"J'avais fait une éclampsie à cause de l'hypertension", indique -t-elle, invitant les femmes à être "attentives lors de la grossesse ".

"Avant d'accoucher de façon prématurée, j'avais les pieds enflés, mais je l'avais minimisé. Tout cela, c'est à cause de l'hypertension", accuse-t-elle.

Si elle n'a pas perdu son enfant comme Ndèye Sow, Fatou Sall doit remercier le ciel d'être revenue de si loin, après avoir découvert qu'elle souffrait de l'hypertension artérielle. Chez cette employée de banque, la pathologie s'est manifestée brutalement un matin de septembre 2017, lorsqu'elle est tombée soudainement dans son bureau.

"Ce dont je me rappelle, c'est que j'étais dans une ambulance en direction de l'hôpital Principal de Dakar, déclare-t-elle. J'étais à six mois et demi de grossesse. Ma tension était à 23/ 7 d'après ce qu'on m'a racontée ».

Si elle a réussi à survivre à cette brutale et soudaine attaque, il lui a fallu cependant subir une césarienne, une opération au terme de laquelle elle a mis au monde un enfant prématuré. Celui-ci restera "sous couveuse pendant deux mois, au service de néonatologie de l'hôpital Principal".

"Pour moi, c'était une pré-éclampsie. Depuis lors, je suis hypertendue avec des rendez-vous réguliers" indique-t-elle.

Mais l'hypertension est loin d'être une pathologie ne touchant uniquement que les femmes enceintes. D'autres personnes de tous âges souffrent aussi au quotidien de cette affection et ont aussi comme ces femmes une histoire à raconter.

Facteur de risque d'AVC

Il en est ainsi d'Amadou Sarr, un septuagénaire qui a été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC), conséquence selon lui d'une hypertension artérielle instable.

"J'ai 72 ans. Depuis que je suis parti à la retraite, je suis devenu hypertendu. Peut-être que c'est à cause de la sédentarité", tente-t-il d'expliquer.

"A un moment donné, je ne suivais plus les recommandations du cardiologue. En 2019, j'ai fait un AVC. J'ai perdu l'usage de ma main et de mon pied gauche. Je dois rendre grâce à Dieu, si j'ai retrouvé la parole aujourd'hui", ajoute-t-il.

Après avoir survécu à son AVC, il a décidé de "créer un club sportif entre vieux retraités" dans son quartier "pour combattre la sédentarité". "On s'entraîne matin et soir", souligne-t-il.

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