Afrique: Musique - « Faites du bruit » !

La guerre des égo est depuis longtemps déclarée dans le game où on ne recule devant aucun sacrifice pour s'accaparer la lumière ; une lumière aveuglante qui nous empêche de distinguer les contours de la culture à proprement parler.

Le game est brutal nous préviennent les artistes de la musique urbaine congolaise. Matraquages, règlements de compte, rebondissements, suspense, rien ne nous est épargné et ça buzz de partout. Cela a beau être aussi instructif qu'une mauvaise série de Novelas, les internautes suivent les affaires avec le plus grand sérieux et nous voilà plongés au cœur des plus grands succès d'un surprenant box office. Et pour plonger, on plonge.

On touche même le fond ! Bon, faisons le point : on connaissait la culture, ça c'est ok. On connaissait aussi hélas la sous-culture et on s'en prend du reste plein les yeux et les oreilles à peu près chaque jour. Allez, pas si grave. Mais là, on commence à se gratter la tête en se demandant : « En dessous de la sous-culture, c'est quoi ? » Et personne pour nous répondre. Je le disais, on touche le fond ! Est-ce la loi du système et la soif inaltérable de reconnaissance qui prévalent sur tout le reste ? Bon, admettons. Et puis il est bon parfois de se distraire d'une presque cour de maternelle. Sans cela, et quitte à les pointer insidieusement du doigt (ils se reconnaîtront), certains passeraient sous silence, d'autres ne seraient pas à la hauteur et nos jours seraient ennuyeux.

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« Oui mais », me direz-vous. Faut-il s'attrister que les chiffres, que l'on truque à loisir et sans vergogne, viennent à remplacer les notes de musique pour valider un possible statut de pseudo-star incontournable ? Tout dépend du plaisir que l'on cherche en surfant non pas sur la vague mais dans les profondeurs. En surface, on aligne les chiffres à la face du monde, million de vues, dizaine de milliers de followers, peu importe, tous les moyens sont bons pour qu'ils gonflent sous nos yeux incrédules, jusqu'à se poser la question de savoir si demain ces artistes populaires ou populistes (à vous de choisir) ne se mueront pas en expert-comptable.

Il faut savoir en sourire. Le game est devenu une compétition infernale qui s'attache à toujours vouloir faire plus sans s'embarrasser à vouloir faire mieux. Entre un tutoriel sur l'intelligence artificielle et le dernier commérage « people », du même ressort artificiel mais avec l'intelligence en moins, s'étalant à la une des médias en ligne, chacun reste malgré tout libre de faire son choix.

Par chance, il arrive parfois que les compteurs explosent à raison et, n'en soyez pas surpris, sur Tik Tok où la bêtise règne pourtant trop souvent en maîtresse absolue. Dans un cas particulier, comme précisément celui de « Make noise » et avec tout le respect que l'on doit à un chef d'état destitué et à la constitution d'une nation, avouons que le buzz s'avère être un subtil mélange d'opportunité saisie au regard de l'actualité, de réactivité et de créativité, d'humour bon enfant et même de musicalité.

A faire du bruit, et pas qu'un peu sur la grande toile, « Make noise » répond par ailleurs de façon détournée à la volonté de son « interprète », ex-chanteur funky sous le nom d'Alain Bongo en 1977, qui avait interpellé le monde entier en ce mois d'août pour qu'il vienne à son secours. Notons au passage que « I wanna stay with you », extrait de son album « A brand new man » se classe désormais au rang d'un souhait et d'une prémonition avant l'heure. Alors, allez-y faites du bruit mais sans vous prendre trop au sérieux.

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