Afrique Centrale: Les souvenirs de la musique congolaise - L'épopée de l'orchestre le Peuple du trio Cépakos

L'orchestre le Peuple naquit quelques mois après l'implosion de l'orchestre Bantous de la Capitale Ba Kolo Mboka le 6 novembre 1972. Le trio Kouka Célestin, Pamelo Mouka, Mountouari Corne Kosmos, autrement dit Cépakos, forma un ensemble musical dénommé orchestre le Peuple.

Aussitôt après avoir conclu leur alliance, le trio Cépakos entreprit des démarches, (plaidoyer mené auprès des autorités de la République, notamment la présidence, et les banques dans l'optique d'acquérir des instruments), démarches qui aboutirent par l'octroi d'un crédit auprès d'une banque de la place, et qui leur permit d'acheter des instruments flambant neufs de marque japonaise Yamaha.

Après plusieurs mois de maquis (dans le jargon des artistes, le maquis est une étape des préparatifs et répétitions prélude à une éventuelle sortie d'un orchestre). La sortie officielle de l'orchestre le Peuple eut lieu le 04 août 1973 au bar Lumi-Congo ex- Macédo à Bacongo.

Ainsi naquit l'orchestre le Peuple qui veut dire orchestre de tout le monde, dénomination attribuée par Kouka Célestin et qui fut composé de Célestin Kouka, Pamelo Mouka, Mountouari Corne Kosmos, Clotaire Kimbolo, (transfuge du groupe Ballet les Anges),(chanteurs) Louis Marie Awe, alias Mick Jagger (chanteur music pop), plus tard Moïse Malonga , Mvoungou Mav, Sam Zoubabela (chanteurs), Mahoungou Lucky (guitare solo), Michel Moumpala (guitare mi-solo), Mienanzambi alias Mimi mwana pose (guitare rythmique), Antoine Manana (guitare basse), Gabriel Nanitoumba (tumba), Ernest Massengo Bigs (drum), Samuel Malonga dit Samy trompette, Ndounga Batin (trompettistes), Sita Sito, Simon Dénis, Abel Malanda, Paul Mayitezo et plus tard, Ngouamissango Paul (saxo).

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A noter que sous la houlette de Charles Bouetoum, Kiyindou, conseiller artistique et chorégraphe amateur, créa un groupe de danseurs dénommé « les Pappiers Doudou » composé de Georges, Titine, Egeunie Zola qui agrémentaient les concerts de l'orchestre le Peuple à travers des danses rumba et salsa.

Au cours de sa sortie officielle qui fut un évènement d'une haute portée artistique en dominant l'actualité musicale à cette époque, le bar Lumi-Congo fut pris d'assaut par un public venu très nombreux, notamment les célébrités de la crème mondaine brazzavilloise sans oublier les Nguebos agglutinés tout autour du bar pour certains et pour d'autres accrochés sur les murs car les mélomanes et amoureux de la bonne musique voulaient assister au premier concert du nouveau-né de la musique congolaise. L'ambiance étant au rendez-vous, un répertoire composé des titres splendides tels qu'« Alléluia », « Kamuya », « Mes larmes », « Louisie » de Pamelo Mouka, « Lettre ouverte » de Kosmos, « Kouka Badia Nséké » de Célestin Nkouka, connurent un succès immense, chansons qui furent ponctuées par un cri de guerre « tchia tchi bi, tchia ya la ».

La mémorable sortie officielle de l'orchestre le Peuple dans le microcosme musical congolais fut relayée par les médias qui en firent un large écho, et alimentée par les commentaires de ses fans dans certains quartiers de Brazzaville, notamment à Bacongo fief de l'orchestre. Jouissant d'une grande popularité, l'orchestre le Peuple bénéficia du soutien d'un comité en l'occurrence messieurs Gérard Bitsindou, directeur général du travail de l'époque (1er président), Ollassa, proviseur du lycée Savorgnan-de-Brazza à l'époque (2e président), Jean Bernard Malonga Déberno (1er trésorier), Patrice Walembo Nkoumbou, alias Ndziaye (2e trésorier).

L'épopée de l'orchestre le Peuple fut marqué par des concerts dans les différents bars dancing de Brazzaville, Messe mixte de Garnison, Auberge la Jeunesse, etc. et lors des cérémonies de mariage et de retrait de deuil, l'on notera également ses prestations à Nkayi, Dolisie, Pointe-Noire et Franceville au Gabon. Le siège et le lieu de répétition de l'orchestre furent le bar Lumi-Congo ex-Macédo.

Il sied de noter qu'au cours de son évolution sur l'échiquier musical congolais, l'orchestre le Peuple se rendant à Kinkala (75 km au Sud de Brazzaville) pour livrer un concert à l'occasion de la fête de l'Union révolutionnaire des femmes du Congo fut victime d'un accident. Ce triste événement inspira Kosmos à travers une chanson intitulée « Accident ya peuple ».

Après une brillante et fastueuse épopée, l'orchestre le Peuple connut un déclin à la suite des contradictions et tensions en son sein, occasionnant la défection de Pamelo Mouka qui réintégra l'orchestre Bantous, désistement de Kosmos au cours de l'année 1979, ce dernier opta pour une carrière en solo et bénéficia des qualités artistiques du célèbre guitariste Samy Massamba pour produire un opus aux éditions Safari Ambiance dont l'un des titres « Tabali » connu un franc succès. Malgré l'arrivée des musiciens talentueux Ganga Edo et Ange Linaud (transfuges de l'orchestre les Nzoi) et autres en vue de sauver le navire le Peuple qui prenait de l'eau, celui-ci finit par couler sous les eaux et disparut dans le paysage musical congolais au cours de la décennie 1980 à la suite de la vente des instruments par Kouka Célestin.

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