Afrique: La 'trentennale' rebelle

éditorial

1990 : trente années après les indépendances dans la décennie 60, l'Afrique est secouée par une vague de démocratisation portée par la convocation expresse des conférences nationales souveraines dans plusieurs pays. Moment d'incertitudes pour les régimes mono-partisans en place sommés de passer la main, ces grand-messes s'imposent à ceux qui leur succèdent comme le seul recours vers la prospérité réclamée trois décennies durant par des populations qui s'estiment flouées par leurs dirigeants.

2020 : trente années d'expérimentation de la démocratie pluraliste à partir de 89-90 dans la presque totalité des pays du continent toujours en cours tandis que des remises en cause du système prennent corps par le biais de coups d'Etat militaires. Ces effervescences témoignent-elles des échecs accumulés sur le chemin de la nouvelle orientation politique prise par l'Afrique ? Trois décennies sont-elles le seuil au-delà duquel la patience des citoyens attendant en vain des changements dans leur vie quotidienne ne fonctionne plus ?

Une chose est certaine, aujourd'hui comme hier, les réclamations émanant du peuple profond restent les mêmes. Les populations veulent plus de proximité de la part de leurs dirigeants, plus d'attention à leurs problèmes, moins d'exhibition des réussites personnelles engrangées en un temps record par des hommes et des femmes promus avec le ticket de les représenter dans les institutions électives, ou avec celui de les servir dans les institutions nominatives.

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Il n'est pas lieu, à l'heure qu'il est, de considérer que le ton est donné pour des subrogations à la chaîne dans la cinquantaine de pays composant l'Afrique. Le spectacle livré par les militaires sortis de leurs casernes pour réparer les torts supposés ne survivra pas à la demande du citoyen lambda qui en a sur une liste extensible. Ce n'est pas seulement le bien-être qu'il veut, c'est en même temps de la liberté tant qu'elle permet à chacun d'aller et venir, d'entreprendre dans le domaine de sa compétence, de ne pas être confronté à l'injustice, de bénéficier de la protection de l'Etat quand il est face à des difficultés.

Les régimes qui se mettent en place aujourd'hui par le biais de transitions prolongées ou non devront prendre en compte ces aspirations. Sauf s'ils s'installent pour le seul profit de ceux qui les commandent. Mais agissent pour l'intérêt général comme ils le proclament haut et fort, ils peuvent être certains du seuil de la prochaine « Trentennale » revêche en 2050, pour être précis. L'Afrique pèsera plus de 2 milliards d'âmes et multipliera ses besoins par X. Elle devra assumer l'entière responsabilité de sa souveraineté en songeant au modèle politique qui sied à sa culture sans se refermer sur elle-même.

Très souvent, quand il est question de cette « fameuse » culture, la notion de solidarité se classe en tête des invocations. A l'évidence, l'entraide est indispensable à la construction du vivre-ensemble, mais pour fonctionner longtemps elle devra être adossée au travail, seul moyen, il faut l'avouer, de ne pas dépendre de la volonté de donateurs dont la bonne volonté rime parfois avec condescendance. Rendez-vous est pris !

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