Gabon: Coup d'État - Les victimes de la crise post-électorale de 2016 espèrent vérité et justice

Le changement de régime à Libreville laisse espérer aux familles des victimes de la crise post-électorale de 2016 une évolution de leur situation. Aucun bilan définitif et fiable n'a jamais été arrêté, mais au moins plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées après l'annonce rocambolesque de la réélection d'Ali Bongo contre Jean Ping. Depuis sept ans, aucune justice n'a été rendue et de nombreuses familles n'ont même jamais retrouvé les corps des victimes.

La photo d'Ulrich, dit « snoop », est toujours accrochée dans le salon de la famille d'Eliott. Le 2 septembre 2016, son petit frère part acheter du pain. Ulrich meurt d'une balle en pleine tête, tirée par des hommes encagoulés et habillés de noir.

Après ces années de douleur, Eliott croit en la promesse du général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a pris le pouvoir suit à un coup d'État le 30 août 2023, d'un Gabon refondé. « On croit en lui, lance-t-il. Nous espérons qu'il puisse prendre les choses en main afin que toutes ces familles puissent recevoir la justice. C'est tout ce qu'on demande ».

« Je me suis dit : "Enfin, on a des gens qui vont essayer !" »

Un avis partagé par Saint-Cyr. Le corps de son fils Michel n'avait été retrouvé que onze jours après son arrestation au quartier général de Jean Ping. « Je pense que c'est le moment où jamais, si on veut avancer, de mettre ce dossier sur la table, estime-t-il. Nous gardons espoir. Et d'ailleurs, c'est l'une des premières choses à laquelle j'ai pensé lorsque j'ai appris que le pouvoir avait été renversé. Je me dis : "Enfin, on a des gens qui vont essayer !" ».

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La chape de plomb pesant sur le pays semble levée depuis le coup d'État. Jeanne Clarisse Dilaba du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, déclare : « Cette justice doit pouvoir démanteler les acteurs. On doit pouvoir reconnaître qui sont les auteurs. Et pour le président Bongo, qu'il aille à l'étranger pour se faire soigner, c'est bien beau, mais justice doit être faite, il doit être poursuivi. »

Les familles pensent relancer un collectif pour saisir le président de la transition. Elles espèrent que celles que la peur avait réduites au silence oseront réclamer la vérité.

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