Trois jours de deuil national. Le Maroc est sous le choc ! Hébété, abasourdi, tétanisé par l'horreur qui vient de frapper à sa porte. 2012 morts et 2059 blessés : c'est le dernier bilan provisoire du séisme de magnitude 6,8 qui a fortement secoué le pays dans la nuit de vendredi à samedi.
Un bilan qui pourrait malheureusement s'alourdir. L'épicentre de la secousse tellurique se situait dans les provinces d'Al Haouz (1293 morts) au Sud-Ouest de la ville touristique de Marrakech, et de Taroudant (452 morts). Outre Marrakech, le déchaînement de Dame nature a été ressenti à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira.
Devant pareil drame où, impuissant, l'on n'a que sa voix pour crier et ses yeux pour pleurer, tout ce qui reste à faire, c'est de s'engager dans une course contre-la-montre, l'enjeu étant de sauver, au plus vite, des vies encore coincées sous les décombres. C'est pourquoi, jusqu'au moment où nous tracions ces lignes, les secours, sans relâche, continuaient de s'activer et la solidarité, de s'organiser dans un environnement, hélas, très hostile. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les besoins d'aide sont immenses et la tâche à abattre, s'annonce titanesque.
Le Maroc n'est pas à son premier drame du genre
Mais, face aux énormes efforts déployés sur place, l'on peut s'exclamer : « quel peuple brave ! » Devant la terrible épreuve, il s'est mobilisé comme un seul homme pour porter secours et assistance aux nombreuses victimes, et cela, bien souvent, dans des zones d'accès difficile, du fait de la haute altitude. Mais évidemment, à cette mobilisation citoyenne marocaine, la solidarité agissante extérieure est toujours la bienvenue ; c'est du baume au coeur dont les effets réparateurs peuvent s'avérer précieux.
Et c'est pourquoi il faut se féliciter de l'élan de solidarité internationale manifesté à l'égard du royaume et singulièrement, de celui de l'Algérie voisine qui, malgré ses relations acrimonieuses avec le royaume chérifien, a fait preuve d'empathie en ouvrant aux transports acheminant des aides humanitaires et évacuant des blessés, son espace aérien fermé depuis septembre 2021. Cela dit, le Maroc n'est pas à son premier drame du genre, la particularité de celui-là résidant dans son ampleur. Car, pour rappel, il y eut les électrochocs de février 1960 (à Agadir) et de 2004 (à Al Hoceima, à 400 km au Nord-Est de Rabat).
Toutes choses qui témoignent, à suffisance, de l'activité sismique qui a toujours caractérisé ce pays. L'enseignant-chercheur de l'Université de Montpellier, Philippe Vernant, ne dit pas autre chose, lui dont les propos font froid dans le dos : « Le Maroc fait partie des régions où la question n'est pas de savoir s'il va y avoir un séisme, mais quand il aura lieu ». Alors, face à ces risques sismiques avérés, que faire ? Le royaume chérifien est-il en mesure de s'inspirer du modèle japonais à l'effet de prémunir ses populations, y compris des zones rurales, contre les affres d'un éventuel autre drame à venir ? C'est à voir.
On ose croise que ce pays saura se remettre de ce terrible choc et trouver les ressorts nécessaires pour rebondir
On sait qu'en ce qui le concerne, le pays du Soleil-levant a tant payé un lourd tribut à ce genre de catastrophe, qu'il s'est donné les moyens de construire des habitations pour répondre à des normes antisismiques rigoureuses fixées par la loi. Tant et si bien que 87% des bâtiments à Tokyo, seraient capables de résister aux tremblements de terre. Le Maroc, ce pays grand, aussi bien par son génie que par la qualité de ses Hommes, peut-il se fixer de telles ambitions ? C'est tout le mal qu'on puisse lui souhaiter. Toujours est-il qu'il y a nécessité de faire quelque chose, après cette tragédie.
On ose croise que ce pays saura se remettre de ce terrible choc et trouver les ressorts nécessaires pour rebondir. En attendant, le pays de Mohammed VI, à l'évidence, devra s'employer à panser ses plaies. Et sur plusieurs plans. Mais s'il y a un domaine où il risque de ne pas se remettre de sitôt, c'est bien celui du tourisme. Certes, à Marrakech, 13 personnes auraient trouvé la mort et 50 habitations se seraient effondrées, contrairement aux villages alentour durement touchés par le cataclysme.
Mais c'est bien « la ville rouge », pôle d'attraction de nombreux touristes, qui pourrait grandement pâtir économiquement de ces douloureux évènements. En l'espace de sept ans, cette ancienne cité impériale était devenue la principale porte d'entrée des touristes qui, eux, constituaient la principale source de revenus de la ville. Il faut craindre hélas, qu'après cette dernière catastrophe, les touristes ne se détournent du pays et a fortiori de la ville exotique aux féériques rues empruntées par des calèches.