Le sommet du G20 qui s'est tenu à New Delhhi en Inde, les 9 et 10 septembre 2023, a vu l'agrandissement de cette organisation qui regroupe les Etats les plus puissants de la planète, notamment les Etats-Unis d'Amérique, la Russie, la Chine, l'Allemagne, pour ne citer que ceux-là.
En effet, l'Union Africaine (UA) a été accueillie comme nouveau membre permanent du G20. Un véritable ouf de soulagement pour l'Afrique dont l'intégration à l'organisation aura été un combat de longue haleine. C'est pourquoi il convient de féliciter l'Inde, notamment son Premier ministre, Narendra Modi, qui a porté l'initiative, mais aussi l'ancien président de l'UA, le président sénégalais, Macky Sall, ainsi que tous les chefs d'Etat africains qui ont soutenu et défendu l'initiative.
Il faut aussi féliciter les membres du G20, pour avoir ouvert leurs bras à l'UA même si l'on sait qu'ils ne l'ont pas fait pour les beaux yeux des Africains. En vérité, c'est une grosse prise que le G20 vient de réaliser en intégrant l'UA dans ses rangs. C'est d'autant plus vrai que cette organisation compte 55 membres dont six suspendus. Et ce n'est pas tout, le continent noir est un vaste marché qui représente plus de trois milliards de consommateurs.
L'acceptation de l'UA par le G20, montre, à n'en point douter, que le groupe rassemblant les plus grandes économies et celles émergentes du monde, est conscient du poids économique et politique du continent africain. Cela dit, cette adhésion de l'UA au G20 est une avancée en ce sens que ce nouveau statut offre une tribune à l'UA pour défendre les intérêts du continent.
Le tout n'est pas d'intégrer le G20, mais le plus important, c'est d'en tirer le meilleur profit
Mais l'Afrique saura-t-elle saisir cette opportunité? Rien n'est moins sûr. En effet, le gigantisme de l'UA suscite des craintes quant à sa capacité à pouvoir parler d'une seule voix face à un bloc comme l'Union européenne. Aussi, l'Afrique est loin d'être un bloc monolithique en termes de pratiques démocratiques. Pendant que certains pays tirent la démocratie vers le haut, d'autres la tirent vers le bas.
A preuve, on assiste à une recrudescence des coups d'Etat sur le continent. Peut-on, dans ces conditions, s'entendre et dégager des projets communs et les défendre convenablement comme le font les Occidentaux? On peut en douter. C'est dire si le tout n'est pas d'intégrer le G20, mais le plus important, c'est d'en tirer le meilleur profit. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en intégrant le G20, l'UA se donne des défis à relever. Le premier, c'est de pouvoir saisir les immenses opportunités qu'offre ce groupe au profit des populations africaines prises à la gorge par la pauvreté grandissante à laquelle vient se greffer le terrorisme, notamment en Afrique de l'Ouest.
Le second et pas des moindres, c'est le respect des critères de convergence de l'organisation. Si l'intégration de l'UA au G20 a pris un temps fou, c'est sans doute que sa candidature ne remplissait pas toutes les conditions. On peut même se risquer à dire que si le G20 a accepté cette fois-ci d'accueillir à bras ouverts l'UA, c'est qu'il a été plus ou moins contraint par les mutations géopolitiques en cours. On le sait, le G20 est concurrencé par les BRICS + qui viennent d'enregistrer six nouveaux membres dont deux de l'Afrique, au dernier sommet tenu à Johannesburg en Afrique du Sud, seul pays africain jusque-là membre du G20. C'est pourquoi l'Afrique ne devrait pas se réjouir trop tôt. Car, ce qui est présenté comme opportunités, pourrait lui filer entre les doigts.
On est d'autant plus fondé à le penser que cette intégration de l'UA au G20, ressemble, à bien des égards, à une décision politique plutôt qu'à une décision fondée sur le respect de critères de convergence. En tout cas, ce serait faire preuve de naïveté que de croire que cette intégration de l'UA au G20 mettra fin à la pauvreté qui règne en maîtresse en Afrique.