Au cours de son histoire, le Maroc a connu un nombre important de tremblements de terre causant parfois des dégâts importants. Certains de ses séismes provenaient de zones sismogènes situées off-shore, tandis que d'autres ont eu lieu localement, sur la terre sèche.
Période antérieure à 1900
Plusieurs tremblements de terre et crises sismiques au Maroc sont raportés dans les manuscrits et documents historiques. Une période de retour approximative de 100 ans peut être déduite pour la région située entre Badis et Mellilia au Nord du Maroc. Ces périodes plus courtes que celles observées dans les autres régions du Royaume font du domaine rifain le siège de la plus importante activité sismique sur le territoire marocain.
Les archives les plus anciennes remontent au XIème siècle. On trouvera dans les études de sismicité historique une compilation des différents témoignages concernant les séismes historiques ressentis. Le séisme de 1755, appelé séisme de Lisbonne, qui a provoqué des dégâts énormes sur les deux continents africain et européen et du fait de sa magnitude, (M>9), a détruit plusieurs villes au Portugal, au Maroc ainsi qu'en Espagne et a également déclenché un raz-de-marée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur qui a déferlé à l'intérieur des continents.
Le bassin du Rharb au Maroc a en particulier été submergé sur plusieurs kilomètres à partir de l'embouchure d'Oued Sebou.
D'autres séismes provenant de l'océan Atlantique sont fortement ressentis dans les régions centrales du Royaumes mais et moins ressentis dans le Rif à cause de l'effet d'atténuation des structures géologiques sous l'arc rifain.
Des tremblements de terre tsunamigéniques ont également été rapportés par les documents historiques sur la côte marocaine de la Méditerranée comme le séisme de 1522, situé en Mer d'Alboran, qui a fait beaucoup de victimes dans les anciennes villes, Tétouan, Badis, Fès, Meknès, et causé des dégâts importants.
Période postérieure à 1900
La sismicité du Maroc et des régions limitrophes, qualifiée de diffuse par de nombreux auteurs, suit les grands traits structuraux qui constituent la jonction entre les plaques lithosphériques africaine et eurasienne. En effet, le Rif forme avec l'Alboran une région tampon entre deux domaines caractérisés par des compressions pures, à savoir les hauts fonds atlantiques à l'ouest et le Tel algérien à l'est. Cette fonction de relais tectonique lui a été attribuée à cause de la dominance du style décrochant dans les déformations que subit actuellement cette région. La présence d'autres styles de mouvements normaux ou inverses de failles de faible intensité sont simplement des réajustements de blocs de moindre importance.
La sismicité observée au Maroc tend à s'homogénéiser avec celle observée en Espagne. Les contours des zones sismogènes sont clairement dégagés. La carte de sismicité montre également les pouvoirs de détectabilité et de détermination des foyers sismiques des réseaux de surveillance sismique.
Sur le tronçon Zerhoun-Kénitra et son prolongement en océan Atlantique, de faibles foyers sismiques sont signalés, tandis que sur celui de Zerhoun Larache, nous observons un nombre plus important de séismes et aussi des magnitudes relativement élevées.
La région rifaine s'exprime sismiquement de façon très différente au contact de la meseta occidentale et du Moyen Atlas, ce qui montre des différences rhéologiques très nettes. Cette différence est moins prononcée à l'est du domaine rifain.
Les foyers sismiques sont généralement superficiels, rares sont les hypocentres qui dépassent 35 km de profondeur. Néanmoins, quelques séismes atteignent parfois des profondeurs intermédiaires notamment dans les régions de l'Alboran-Rif et du Haut-Atlas.
La sismicité au Maroc se manifeste soit par des crises sismiques après un choc sismique principal, de magnitude relativement forte, soit par des essaims sismiques, soit comme dans la plupart des cas, par des évènements sismiques isolés dans le temps et dans l'espace.
Aux côtés des tremblements de terre naturels, les stations sismiques enregistrent des évènements sismiques artificiels comme les explosions chimiques ou nucléaires dont les sources sont souvent connues, (carrières, mines, etc). On parle alors de sismicité induite.
Les séismes les plus dévastateurs
Lisbonne (1er novembre 1755)
Ce tremblement de terre est considéré comme l'évènement le plus important de toute l'histoire sismique du Maroc. Il a été ressenti sur une grande partie de l'Afrique du Nord et de l'Europe occidentale. Son intensité maximale (MSK) a été estimée à X selon le rapport des dégâts occasionnés à Lisbonne.
Les dégâts au Maroc ont été considérables : plusieurs milliers de morts et de nombreuses localités ont été largement détruites dont la ville de Meknès. Toutes les localités de la côte atlantique, de Tanger à Agadir, ont été sévèrement touchées par les effets conjugués du séisme et du tsunami. Les violentes répliques du 18 et 19 novembre ont contribué à accentuer les dégâts, particulièrement à Meknès et Fès.
L'épicentre du séisme serait localisé au sud-ouest du Cap Saint Vincent par 37.0°N et 10.0°W. L'intensité due aux effets des ondes sismiques de la secousse principale sur la côte atlantique marocaine a été évaluée entre VII et VIII MSK et vraisemblablement, plus près de VII MSK entre Safi et Agadir.
Agadir (29 février 1960)
A 23h 40mn, un terrible tremblement de terre a ravagé la ville d'Agadir et sa région, le bilan des dégâts a été catastrophique : plus de 12.000 victimes, plusieurs milliers de blessés et plus de 75% des constructions ont été détruites. Des quartiers comme Yachech, Kasba, Adouar, Founti et Talborjt ont été détruits à plus de 90%.
Malgré sa magnitude modérée (M=5.9), l'ampleur des dégâts ne peut être expliquée que par la mauvaise qualité des constructions, la faible profondeur du foyer (3km) et sa proximité de la ville. L'intensité du séisme a été évaluée à X sur l'échelle MSK.
Al Hoceima (24 février 2004)
Un terrible tremblement de terre a frappé la province d'Al Hoceima, les dégâts étaient considérables : 629 morts, 926 blessés, 15.230 sans-abri et 2.539 maisons effondrées, en particulier le bâti traditionnel qui a montré une fois de plus sa faible résistance face aux secousses telluriques.
La magnitude du séisme a été de M=6.3 et son intensité maximale évaluée à IX sur l'échelle MSK. L'épicentre a été localisé à proximité de la commune d'Aït Kamra.