Radio Oméga est de retour sur les ondes burkinabè, un mois après sa suspension, à la suite de la diffusion d'un entretien avec le porte-parole d'un mouvement favorable au rétablissement du président Bazoum, au Niger. Le directeur de l'ONG RSF pour l'Afrique de l'Ouest, Sadibou Marong, réagit au rétablissement de ce média.
Si le directeur de Reporters sans frontières pour l'Afrique de l'Ouest, Sadibou Marong, se félicite du rétablissement de Radio Omega, il estime cependant qu'elle « n'aurait jamais dû être suspendue, encore moins par le gouvernement ou son porte-parole qui n'en a pas le droit, car au Burkina il y a un Conseil supérieur de la communication qui, aux yeux de la loi, a la prérogative de mettre en demeure ou de sanctionner un média. »
« L'impression que l'on a, c'est que la radio est restée droite dans ses bottes du point de vue de la diversité et du pluralisme, et de l'indépendance de ses activités et de sa couverture de manière générale de tout ce qui se passe dans le pays. Et de ce point de vue, ça peut être une voie disons discordante qui gênerait fondamentalement les autorités militaires, d'où cette intention de la réduire au silence pendant un mois »,ajoute-t-il.
Pour attester du pluralisme de Radio Omega, Sadibou Marong rappelle qu'elle avait été la première à donner la parole au capitaine Traoré peu de temps après le putsch de septembre 2022.
Selon Sadibou Marong, la junte cherche à imposer un narratif qui lui est favorable, alors même que la population a besoin d'une information fiable, plurielle et indépendante. En octobre 2022, un chroniqueur de Radio Omega, Alain Traoré, avait déposé plainte contre X après avoir reçu des menaces de mort. La radio avait aussi été visée par des appels à incendier ses locaux.
Le Burkina Faso est doté d'un paysage médiatique très vivant et pluraliste, avec 80 journaux, 185 radios et une trentaine de chaînes de télévision.
« Le Burkina Faso a toujours été un pays de liberté de la presse. C'est le pays de Norbert Zongo, un journaliste d'investigation. C'est aussi le pays où il y a le Festival international de la liberté d'expression (Filep) qui est devenu une sorte d'institution dans la sous-région », tient-il à souligner.
Cependant, l'état de la liberté de la presse s'est dégradé à partir de 2022, avec l'arrivée des militaires au pouvoir. Le Burkina Faso a chuté au classement mondial de Reporters sans frontières, passant de la 41e place, en 2022, à la 58e en 2023.