Sénégal: Les entreprises victimes des émeutes de juin n'ont obtenu 'aucun dédommagement', selon Baïdy Agne

Dakar — Le président du Conseil national du patronat (CNP), Baïdy Agne, déplore que les entreprises victimes des émeutes de juin dernier au Sénégal n'aient obtenu "aucun dédommagement" de l'État.

"Le calme est revenu, y compris d'un point de vue financier pour les entreprises qui ont été touchées. Le seul problème pour ces entreprises, c'est qu'elles n'obtiennent aucun dédommagement, ni de l'État ni de la CEDEAO, [au moment où] ils appliquent des sanctions aux autres pays", a regretté M. Agne dans une interview accordée à Jeune Afrique et à RFI.

"Le sort des entrepreneurs n'est pas pris en compte" à la suite des émeutes consécutives à une condamnation judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko, en juin dernier, a soutenu le président du CNP.

Le Conseil national du patronat a déploré la perte de centaines de milliards de francs CFA dans de nombreux secteurs, après ces violentes manifestations.

"Des entreprises du secteur privé du pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique ont été brûlées, pillées et vandalisées. Il s'en est suivi un arrêt des activités économiques quasi généralisé pendant trois jours. Au total, des centaines de milliards de francs CA ont été perdus en investissements et en chiffres d'affaires", avait déclaré M. Agne, quelques jours après les émeutes.

Parlant à Jeune Afrique et à RFI, il a relevé l'incapacité du secteur privé sénégalais à absorber le nombre de personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. "Nous avons des populations jeunes. Au Sénégal, chaque année, à peu près 200.000 personnes arrivent dans le monde du travail. Or, la capacité du secteur privé aujourd'hui n'est pas suffisante pour les absorber", a souligné le président du CNP, l'une des plus grandes organisations patronales du pays.

"Pour le Sénégal, dans la relation d'État à État, on ne peut pas dire que le pays soit anti-France. Dans le secteur privé, nous n'avons pas de problèmes non plus parce que beaucoup d'entreprises françaises sont membres de notre organisation et nous avons les mêmes préoccupations dans l'environnement des affaires, dans nos discussions avec les administrations fiscales, douanières..." a répondu Baïdy Agne à une question relative au "sentiment anti-français" en Afrique.

"En revanche, a-t-il signalé, on peut lire une volonté claire des Africains à être un peu plus souverains, à avoir une plus grande maîtrise de leur économie, de leur pays et de ce qu'ils font."

Le président du CNP, président-directeur général, actionnaire ou investisseur de plusieurs entreprises plaide pour une plus grande implication du secteur privé local dans l'exécution des projets de l'État.

"Je pense que tout le monde est pour une préférence nationale. Sur les marchés, nous devons l'intégrer. Cela ne signifie pas donner carte blanche à la non-compétence, mais dans le contexte actuel, et, surtout dans des projets structurants, il faut que l'on puisse impliquer le secteur privé local", a dit M. Agne.

"Je suis favorable à cette solution", a-t-il insisté. "On peut s'attendre à terme à une préférence panafricaine, continentale. Ainsi, l'Afrique sera plus forte face aux investisseurs venus d'autres continents."

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