Afrique: Tremblement de terre au Maroc - La géopolitique des secours

Soixante-douze heures après le séisme qui a touché le Maroc, le bilan, hélas, ne fait que s'alourdir de jour en jour, voire, d'heure en heure.

Derniers chiffres au moment où nous bouclions la présente édition : près de 2 500 morts et autant de blessés. Décompte macabre auquel s'ajoutent les énormes dégâts matériels, ces villages rayés de la carte offrant ainsi aux Marocains et au monde entier un décor apocalyptique.

C'est dans ce contexte de scène d'horreur que s'organisent les opérations de sauvetage d'autant difficiles que de nombreuses routes sont devenues impraticables.

Plus le temps passe, plus les chances de retrouver des personnes vivantes piégées sous les décombres s'amenuisent. Une course contre la montre qui a déclenché un formidable élan de solidarité d'abord, national et rarement enregistré dans le royaume chérifien, ensuite international, comme on le constate souvent en cas de catastrophe naturelle.

Un adage africain dit que quand une case brûle, on ne se préoccupe pas de la qualité de l'eau pour éteindre le feu.

Mais ce n'est pas toujours le cas à l'échelle des nations, tant les relations politiques et la géopolitique constituent autant de donnes qui entrent en ligne de compte. Et le Maroc n'y fait pas exception, lui qui actuellement examine les propositions d'aide humanitaire à l'aune de sa diplomatie.

En effet, de toutes les voix qui se sont élevées pour prêter main-forte aux autorités du royaume en ces temps difficiles, jusque-là, seule une poignée d'entre elles ont été entendues, en l'occurrence le voisin espagnol, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis, autorisés à apporter leurs précieux soutiens et leurs expertises aux populations sinistrées. Les autres bonnes volontés attendent encore le feu vert de Sa Majesté Mohamed VI qui entend gérer avec souveraineté le drame qui vient d'affecter son peuple.

C'est le cas notamment de la France, d'où le roi a dû écourter son séjour pour venir apporter assistance à ses sujets.

Malgré l'annonce faite par le président Emmanuel Macron en personne de la disponibilité de son pays à déployer des équipes de sauveteurs, le OK de Rabat se fait toujours attendre.

Rien d'étonnant pour qui connaît le coup de froid qui affecte présentement les relations franco-marocaines.

En cause, d'abord la question du Sahara occidental dont la souveraineté a toujours été revendiquée par le Maroc qui accuse l'Hexagone de ménager l'Algérie, soutien de longue date des indépendantistes sahraouis.

En signe de protestation de cette politique conciliante envers « son frère ennemi », le royaume chérifien a rappelé son ambassadeur de Paris depuis janvier.

A cela, s'ajoute l'affaire des visas français dont le nombre accordé annuellement aux Marocains a connu une diminution drastique.

Quid de ce casus belli lié au logiciel espion Pegasus dont se seraient servis les fins limiers de Sa Majesté, comme ceux d'autres pays, pour écouter des personnalités aussi bien locales qu'étrangères ?

Autant de griefs qui nourrissent à Rabat un sentiment de désamour à l'égard de la France de Macron.

Mais il n'y a pas que le Maroc qui, en pareilles circonstances, soumette les offres d'aides au tamis de sa diplomatie.

On se rappelle que suite au tremblement de terre qui avait touché la Turquie en 2011, le président Recep Tayyip Erdogan avait, dans un premier temps, refusé l'aide internationale avant de se rétracter sous la pression de ses compatriotes.

Même attitude de la Chine lors d'un séisme qui avait ravagé l'une de ses provinces.

Géopolitique, quand tu tiens les Etats !

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