Burkina Faso: Le silence du gouvernement après le refus de l'extradition de François Compaoré par la CEDH interroge

Au Burkina Faso, les organisations professionnelles de médias s'interrogent sur le silence du gouvernement suite à la décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) dans l'affaire d'extradition de François Compaoré, frère cadet de l'ex-président burkinabè poursuivi dans le cadre du dossier de Norbert Zongo, assassiné le 13 décembre 1998.

Pour justifier son refus, la Cour européenne des droits de l'homme a émis des doutes sur l'actuel gouvernement du Burkina Faso et sur les garanties de sécurité en cas d'extradition de François Compaoré.

Selon la CEDH, les garanties données par Ouagadougou à l'époque, quand la demande d'extradition a été faite, n'ont pas été renouvelées. Ainsi, si François Compaoré était extradé maintenant, sans réexamen de la situation, la Cour estime qu'il y a un risque de violation de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme de 1950, qui stipule que « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants ».

Pour les journalistes, il est important que le gouvernement de la transition apporte une réponse sur les raisons évoquées par la Cour de justice pour prendre sa décision. « Nous n'accusons pas le gouvernement pour l'instant. Je ne l'accuse de rien. Je ne sais pas ce qu'il a fait ou n'a pas fait. J'interpelle le gouvernement pour qu'il se prononce sur la déclaration de la Cour », a réagi Me Prosper Farama, l'un des avocats de la famille Zongo.

« Est-ce qu'il a été demandé au gouvernement des garanties qu'il n'a pas données ? S'il n'en a pas données, pourquoi ? Et s'il en a donné, qu'il explique ! », ajoute l'avocat.

Prosper Farama interpelle donc le gouvernement de la transition pour qu'il rassure les populations et rappelle qu'il n'a pas négligé le dossier pour lequel les défenseurs de droit de l'homme luttent depuis des décennies. « Des gens sont morts dans le cadre de la lutte pour ce dossier », rappelle M. Farama.

Selon lui, « la liberté dont on jouit aujourd'hui est liée à tout ce combat qui a été mené avant, pendant et après le décès de Norbert Zongo. Avant, personne n'aurait pu faire sortir quelqu'un dans la rue pour faire une manifestation, ou un coup d'État », tance-t-il. Le centre national de presse Norbert Zongo appelle le Burkinabè à se lever et à s'engager pour la justice pour le journaliste Norbert Zongo et tous les autres crimes de sang.

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