Niger: Paris dément préparer une intervention militaire avec la Cédéao

Site de l'Elysée
Emmanuel Macron, Président de la République de France (photo d'archives)

Le président français Emmanuel Macron a, par ailleurs, affirmé qu'un retrait des troupes françaises ne pourrait avoir lieu qu'à la demande du président renversé, Mohamed Bazoum.

Les tensions entre Paris et Niamey ont donné lieu à une nouvelle passe d'armes ce week-end. Tout en continuant de refuser un retrait rapide de ses troupes du Niger, la France a démenti les accusations portées par le pouvoir militaire junte, qui lui reproche de « déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cédéao [Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest] dans le cadre de préparatifs d'une agression contre le Niger, qu'elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire ».

Après le coup d'Etat du 26 juillet, la Cédéao avait brandi la menace d'une intervention militaire comme dernier recours en cas d'échec des négociations, afin de rétablir l'ordre constitutionnel, de libérer le président renversé Mohamed Bazoum et de le restaurer dans ses fonctions. Une décision soutenue par la France, qui compte environ 1 500 soldats au Niger.

Selon le communiqué du pouvoir militaire nigérien, depuis le 1er septembre, « deux aéronefs de transport militaire type A400M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d'Ivoire et deux hélicoptères multirôles type Super Puma et une quarantaine de véhicules blindés l'ont été à Kandi et Malanville, au Bénin ». « Le 7 septembre 2023, un navire militaire français a accosté à Cotonou [au Bénin] avec à son bord du personnel et des moyens militaires et des centaines de rotations d'avions militaires cargo » avaient permis de débarquer d'importantes quantités de matériel et d'équipements de guerre au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Bénin.

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Démenti de Paris et posture de fermeté

Une source militaire française a démenti ces accusations. « Rien de tout cela n'est ni en préparation, ni en intention. Il n'y a pas d'intervention, d'attaque prévue contre le Niger », a-t-elle indiqué, alors que le partenariat militaire avec les forces nigériennes est suspendu depuis le 26 juillet et que les troupes françaises sont immobilisées sur les différentes bases qu'elles occupent dans le pays, à Niamey, Ouallam et Ayorou.

Selon cette source, le bateau au large de Cotonou évoqué par la junte est le porte-hélicoptères amphibie Mistral, qui a appareillé de Toulon « il y a presque un mois », engagé dans l'opération « Corymbe », dans le golfe de Guinée pour assurer une mission de sécurité maritime (pêche illicite, trafic de stupéfiants...) en coopération avec les pays riverains. A en croire ce responsable français, l'armée française "n'a pas de visibilité sur d'éventuels mouvements de l'armée béninoise. Des rotations d'avions peuvent avoir lieu dans les pays où nous avons encore des troupes, comme il y en a régulièrement, mais sûrement pas dans les proportions » indiquées par la junte, précise-t-il.

Le président français Emmanuel Macron s'est également exprimé sur ces accusations, à l'issue d'un sommet du G20 en Inde. « Nous ne reconnaissons aucune légitimité aux déclarations des putschistes », a-t-il indiqué, rappelant la posture de fermeté française vis-à-vis du nouveau pouvoir militaire.

Alors que des discussions ont officiellement commencé à un échelon militaire, début septembre, sur les modalités d'un éventuel retrait des troupes françaises du Niger, Emmanuel Macron a ajouté une nouvelle condition à ce départ : qu'il soit demandé par Mohamed Bazoum, actuellement séquestré par les militaires nigériens au pouvoir. « Si nous re-déployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu'à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui, pas avec des responsables qui aujourd'hui prennent en otage un président, a affirmé le chef de l'Etat.

Sur le reste, je n'ai pas d'intention tant que la situation est celle-ci. Elle gèle en quelque sorte tout, puisque la seule personne avec qui nous avons à légitimement parler est le président Bazoum ». Depuis plus d'une semaine, des milliers de personnes sont rassemblées à Niamey, sur une route qui mène à la principale base militaire abritant des soldats français, afin de réclamer leur départ.

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