A trois mois (20 octobre, 20 novembre et 20 décembre) de la présidentielle 2023, le Congolais lambda a besoin d'une réponse nette, claire, convaincante.
Il veut comprendre pourquoi, d'un côté, il s'entend ou se voit proposer des réalisations à mettre à l'actif du bilan de Félix Tshisekedi et, de l'autre côté, il s'entend ou se voit confronter à des actes de nature à remettre en cause ces acquis.
Pour ne prendre que la capitale, parmi les acquis, il y a les avenues Kikwit, Elengesa, Kindele, les saut-de-mouton, le pont du camp Luka, l'hôpital général de référence (Mama Yemo), la Zone économique spéciale de Maluku, les aires sportives aménagées ou réaménagées dans le cadre des Jeux de la Francophonie, etc., pour ne pas citer les infrastructures à mettre au compte de la notion de continuité de l'Etat.
Évidemment, pour les siens - et c'est tout ce qu'il y a de logique - Félix Tshisekedi mérite un second mandat.
Pour le Congolais lambda de l'intérieur, les infrastructures en voie de construction dans le cadre du PDL-145 T (Programme de Développement Local des 145 Territoires), notamment les écoles, les dispensaires et les bureaux administratifs en essaimage dans des coins reculés, c'est aussi une autre bonne raison.
S'il est vrai que la question sécuritaire, particulièrement à l'Est, a tout d'une épine dans la plante du pied du candidat de l'Udps et de l'Usn, il est surtout vrai que la plus grosse épine est la gestion calamiteuse des libertés fondamentales qui constituaient le credo ayant mené ce parti de l'Opposition pendant 37 ans au Pouvoir depuis 5 ans.
En effet, au cours de la quarantaine d'années de lutte contre la dictature circonscrite en termes de violation des libertés fondamentales, l'Udps attaquait Mobutu entre 1982 et 1997, Laurent-Désiré Kabila entre 1997 et 2001 et Joseph Kabila entre 2001 et 2018 en se prononçant en faveur des journalistes, des activistes des Droits de l'homme, des syndicalistes, des religieux et des acteurs politiques soit interpellés, soit arrêtés, soit jugés et contaminés ou pas.
Alors que les régimes dont il dénonçaient les dérivés faisaient valoir la loi (dura lex sed lex), l'Udps faisait valoir les libertés, tout en sachant que tous les articles y portent l'incise « Sous réserve de la loi ».
Conséquence : les infrastructures économiques et sociales aménagées sous ces régimes étaient banalisées ou presque ; le Congolais lambda se laissant attirer par les sirènes de l'interpellation, de l'arrestation, du procès ou de la condamnation de tel opposant, de tel journaliste, de tel défenseur des Droits humains, de tel ministre de Dieu ou de tel acteur d'un mouvement citoyen.
Paradoxalement, le régime qui étale ses performances est en train de se piéger ou d'être piégé avec justement des interpellations, des arrestations, des procès ou des condamnations de nature à ruiner ses espoirs pour un second mandat de Félix Tshisekedi.
Le cas le plus emblématique pour l'heure est celui du journaliste Stanis Bujakera Tshiamala.
Dans les réseaux sociaux, c'est quasiment une bagarre rangée entre combattants radicaux, d'un côté, et, de l'autre, les... » autres « .
Ces combattants - heureusement minoritaires mais trop mordants - « crucifient » tous ceux qui tentent de plaider pour le journaliste.
Pourquoi alors cette chronique ?
La Providence nous a permis de tomber le 11 septembre 2023 sur une vidéo du sénateur Didier Mumengi. Dans la partie consacrée à ses rapports avec Mzee Laurent-Désiré Kabila, le ministre honoraire de l'Information et Presse au pire moment connu par la RDC au travers de l'agression rwandaise du 2 août 1998 via le Rcd évoque un trait de caractère qu'il était loin de soupçonner chez Mzee : l'humilité.
Tout est parti d'une confidence faite après un coup de colère la veille alors qu'ils échangeaient autour de la participation de la RDC au sommet de la Francophonie à Hanoï. Le 3ème Chef de l'Etat avait constaté que la majorité des compagnons de route de la première et de la 25ème heure qui l'entouraient une fois au pouvoir s'étaient transformés en *fanatiques*.
Pour l'avait contredit au point de se faire chasser du bureau 3 jours seulement après avoir été nommé ministre, Didier Mumengi - rappelé au Palais de Marbre où il était arrivé la peur au ventre - s'était vu gratifier d'un titre inattendu, celui du contradicteur officiel dans tous les domaines. Même l'habillement.
Y aurait-il autour de Félix Tshisekedi un contradicteur qui puisse dire au Chef de l'État ce qui est bon ou ce qui ne l'est pas autant pour lui que pour l'Etat ou la Nation ?
Convenons-en : c'est anormal qu'en même temps qu'on entreprend des actes positifs - par exemple assister le 7 septembre 2023 à la messe en mémoire de feu le maréchal Mobutu - on gâche l'événement au travers de l'interpellation de Stanis Bujakera Tshiamala.
A notre humble avis, s'il y a lieu d'interpeller un journaliste, un activiste des droits de l'homme, un acteur d'un mouvement citoyen ou un syndicaliste, il y a d'autres moyens qu'une action spectaculaire. Le faire à un aéroport ou à un port souvent bondé, c'est chercher du sensationnel pour ceux qui opèrent, mais avec effet contreproductif pour le Pouvoir. Car le souverain primaire, lui, ne voit ni le chef des services de renseignements, ni le chef de la police, ni même le magistrat.
Il ne voit que le Président de la République.
Ce n'est pas bon. Mais, alors pas du tout, la veille des élections.
Forte est l'envie d'ajouter « à moins que..._ », incise à ne pas prendre en compte, svp !