Madagascar: Moria Randrianantenaina « Ladybird » - Bassiste et chanteuse « Le jeu de la basse s'harmonise avec les battements du coeur »

interview

Son nom commence à être cité dans la sphère des bassistes malgaches. Moria Randrianantenaina ou Ladybird pour la scène, est de la génération des instrumentistes qui monte actuellement. Née à Antsirabe, diplômée en économie et en management de projet, elle est cadre dans une société à Antananarivo. Elle joue de la basse sur tous les fronts, en jazz, en soul, en pop, en horija...

Vous faites partie de la courte liste des femmes bassistes à Madagascar, peut-être dans le monde, comment avez-vous eu le déclic pour cet instrument ?

Oui, je joue bel et bien de la basse. Jusqu'ici, c'est seulement de la basse que je joue, mais j'ai débuté dans le chant. J'ai voulu faire la basse avec ma bouche, mais j'ai une petite voix. Donc, à défaut d'y arriver avec ma voix, je le fais avec mes mains. De son vivant, mon père était un ténor à l'église. Au début, je voulais apprendre la batterie, j'ai toujours eu une préférence pour les percussions. Bref, tout ce qui est rythmique. J'ai fait preuve de facilité dans l'apprentissage de la basse. Donc, il a fallu en acheter une. Tout en me disant que tôt ou tard, je saurai en jouer. Je m'y suis attachée, je suis finalement tombée amoureuse de « Monsieur Basse ». Même le chant a été délaissé un moment. J'étais aussi fan de Rolf et Imangaly en ces temps. Cela m'a encore plus poussé à aimer la basse.

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Pour vous, quelle est la particularité de la guitare basse ? La sensation qu'elle procure, ses possibilités musicales...

Pour moi, elle est l'élément clé de la musique. Elle soutient le tout. Je me sens plus vivante quand j'en joue. L'entendre m'apporte de l'énergie. Peut-être que c'est un simple choix personnel. Tous les instruments se valent, mais mon coeur s'y est attaché. Il y a pourtant ceux qui détestent le son de la basse. Concernant les possibilités musicales, vous pouvez préciser ?

Par exemple, s'il y a des sonorités plus plaisantes à jouer avec la basse qu'avec d'autres instruments...

Cet instrument peut tout faire, seul le son le différencie. Les séries d'accords avec une guitare et un synthé sont parfois machinales ; avec la basse, elles se démarquent. Par contre, le « groove » c'est seulement avec la basse. Une chanson est toujours différente quand il y a une guitare basse, bien qu'on joue les accords de celle-ci avec un clavier.

Pour les non-initiés, c'est quoi le groove ?

Le groove c'est la qualité du rythme, « dans le rythme », la rythmique qui fait bouger.

Qui sont vos bassistes préférés ?

J'ai une préférence pour Henrik Linder de Dirty Loops, Marcus Miller, Jaco Pastorius... Chez les Malgaches, il y a Ranto, Joosia, Mika kely, Hents Hents... Henrik Linder, parce que son doigté me plaît, sa manière de jouer, les battements de son coeur, parce que quelqu'un m'a dit un jour que le jeu de la basse s'harmonise avec les battements du coeur.

D'habitude, la « quatre cordes » est souvent liée au jazz,à Madagascar. Les références que vous citez sont des jazzistes à la base... Est-ce votre cas ?

Peut-être que cela vient aussi du fait que je suis membre du Jazz Club CGM, j'y ai rencontré beaucoup de professionnels et d'amis. C'est là où j'ai pu monter sur scène. Mais, je ne sais pas jouer du jazz et je ne suis pas un adepte. Je me définirai plutôt jazzy. Je suis ouverte à tous les genres.

Quels sont vos projets ?

Je vais où le vent et mes ressentis me portent. Pas de programme fixe ! Je n'aime pas vraiment programmer ce que je fais. Les choses qui me déplaisent mais que je suis obligée de faire, je les programme. S'il y a des choses que j'aime, je me laisse porter par le courant, l'ambiance. Parce qu'après, si on programme, cela pourrait submerger les possibilités ou bien être en dessous des attentes.

Je me laisse porter par le feeling et tout coule de source après. Si je dois encore étudier, j'étudie, la vie est là pour m'indiquer où je dois aller. Et je ne suis pas pressée. Je suis même souvent en retard, comme on dit « les bonnes arrivent souvent en retard » (Rires). Y aller doucement mais sûrement, puis sortir un produit qui soit de bonne facture. Au lieu de vouloir coûte que coûte composer pour être rapidement célèbre au détriment de la qualité.

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