Après le rappel à Kinshasa du Gouverneur militaire du Nord-Kivu pour consultations, le Lieutenant-Général Ndima Constant, également commandant des opérations dans cette province, le Général Jacques Nduru Ychaligonza, chef d'Etat-major Général Adjoint chargé des opérations militaires des FARDC, prend provisoirement la tête des opérations au Nord-Kivu. "L'intérim du Gouverneur est assumé par son adjoint qui est policier", précise-t-on toutefois.
Si pour certains observateurs ce remplacement acte le départ du Général Ndima, critiqué pour "sa responsabilité" dans les récentes tueries, pour d'autres, cela est une nécessité vu la situation sécuritaire préoccupante que traverse le Nord-Kivu avec la guerre en cours contre le M23.
Pendant ce temps, le procès en flagrance contre deux hauts responsables militaires et quelques soldats, arrêtés dans cette affaire, a eu lieu à l'Auditorat militaire de Goma. Ils sont poursuivis pour crime contre l'humanité pour meurtre, destruction méchante, incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline.
Selon le Ministère public, les prévenus "se sont concertés pour commettre leur forfait" avant d'ajouter que leurs agissements ont été mis en œuvre de leur propre initiative et qu'il ne s'agissait aucunement d'une action étatique : "Ils ont agi de manière isolée et non dans le cadre de leurs missions régaliennes", précise-t-il.
Pour le Prix Nobel de la Paix, le Docteur Denis Mukwege : "C'est anormal qu'un ancien Chef rebelle remplace un autre ancien Chef rebelle à la direction des opérations militaires au Nord-Kivu". Dans son communiqué sur le remaniement du commandement militaire au Nord-Kivu, Denis Mukwege se réfère aux propos du Président de la République qui, en août dernier, a encouragé le Parlement à prendre des lois visant à écarter les auteurs des crimes de l'accès aux responsabilités.
"Le Président Tshisekedi laissait ainsi espérer à la population congolaise et aux victimes des conflits armés que la politique immorale de promouvoir des anciens chefs rebelles allait prendre fin", a souligné ce dernier, en démontrant ainsi que le chef de l'Etat serait lui-même en train de se détourner de sa volonté de voir l'armée être réorganisée pour le bien-être des populations.
Le Prix Nobel de la paix pense alors que le seul moyen durable pour pacifier et sécuriser les provinces en conflits récurrents et dévastateurs, est le fait d'entamer une profonde réforme du secteur de la sécurité. Puisque, à l'en croire, "sans formation patriotique, un militaire est un criminel en puissance".