Le Professeur André Yoka Mudaba, l'un des cinq co-auteurs à savoir, Stephan Helgesson, Maria Lantz, Lotten Gustafsson Reinius et Daniel Newbury
Il s'est tenu jeudi 31 août dernier, au siège de la Fondation Friedrich Erbert, dans la commune de la Gombe, un débat littéraire, en partenariat avec la librairie Book Express, autour de l'ouvrage intitulé "L'Ouverture". "L'Ouverture" est un livre signé Anna Erkman et Cécile Jardemar sur base d'un projet dénommé "les archives suédoises", un projet ayant bénéficié du concours de cinq autres auteurs, entre autres : le Professeur André Yoka Mudaba, Stephan Helgesson, Maria Lantz, Lotten Gustafsson Reinius et Daniel Newbury.
A en croire les explications reçues, "L'Ouverture" tire son contenu dans des boites des négatifs sur plaque de verre en provenance des missions suédoises dans l'Etat Libre du Congo, jadis Congo Belge. Il est question, dans cet ouvrage, d'un regard sur le passé colonial, une époque durant laquelle les puissances occidentales régnait de manière impériale sur l'Afrique. Riche en révélations, l'ouvrage met en exergue le passage des missionnaires suédois au Congo, plus précisément au Kongo Central. Sa particularité, selon le Professeur Yoka, réside dans le fait qu'il aborde une perspective moins explorée par les historiens.
Il s'agit des difficultés que rencontrèrent ces missionnaires dont le pays, la Suède, au même titre que la Norvège, la Suisse et les Etats-Unis, n'avait aucun lien avec la colonisation. Ces pays réussirent donc à apporter en Afrique, durant ces périodes coloniales, des églises dites indépendantistes, et parmi elles : les Baptistes, les Méthodistes et les Presbytériens. Ces derniers sont des constituants de ce qu'ils appelaient "La Société des Missions", du suédois "Missionforbundet", une société fondée en 1878 dans la vague du réveil chrétien du XIXe siècle. Ce qui fait, savoir-calculer faisant foi, six ans avant la tenue de la Conférence de Berlin, à l'issue de laquelle les puissances européennes se partagèrent l'Afrique.
A titre de preuve, les tout premiers missionnaires de cette Société des Missions ont foulé le sol africain depuis 1881, soit trois ans avant le début des assises de Berlin. C'était, faut-il le souligner, à contre-courant des missionnaires catholiques et anglicans qui, quant à eux, oeuvraient plutôt en connivence avec les colonisateurs. La phase initiale du colonialisme du 16e siècle avait pour appui l'Eglise catholique qui la déclarait utile à la conversion des populations sous soumission.
Voilà ce qui justifie le sens du travail de Stefan Helgesson qui, pour sa part, met l'accent sur la coïncidence entre la vague des missions chrétiennes, intervenues de 1850 à 1950, et l'impérialisme belge.
Quant à Maria Lantz, la réouverture des vielles collections entreprise par Anna et Cécilia se contextualise dans le souci d'éclairer la lanterne des générations actuelles sur la "narratologie" de ces missionnaires suédois au Congo, et de lever en même temps le mystère qui entoure les photos prises individuellement. Ces photos, souligne le Professeur Yoka, permettent de donner un aperçu global du labeur qu'ont consenti ces missionnaires qui réussirent à faire face à cette grande inconnue qu'était l'Afrique, avec ses mouches tsé-tsé, sa malaria, sa typhoïde, sa bilharziose, son onchocercose et tant d'autres embuches. Leur travail se distinguait en ce qu'ils apportaient aux autochtones ce que les colonisateurs leur refusaient : l'accès à l'enseignement, aux soins médicaux ainsi qu'au sentiment précieux de dignité sociale.
Dans cet ouvrage riche en images du passé colonial, les auteurs évoquent la quadrilogie colonisation - éducation - religion et culture. Plus qu'un ouvrage, L'Ouverture est un voyage dans le temps plus que recommandé.